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Injustice linguistique

Mario Beaulieu, président du Mouvement Québec français, se prononce au sujet du financement de l’éducation.

Alice Des | Le Délit

Le débat linguistique sur la langue française est un débat historique au Québec. Même s’il avait été plutôt mis de côté ces dernières années, il a refait surface depuis la parution d’un rapport de l’Office québécois de la langue française qui affirme que les Montréalais de langue maternelle française sont maintenant minoritaires sur l’île. C’est dans ce contexte que le Mouvement Québec français a entamé une tournée de la province afin de sensibiliser les gens à la réalité du français au Québec et au surfinancement des institutions d’études supérieures de langue anglaise.

Alice Des | Le Délit
Selon Mario Beaulieu, président du MQF, le surfinancement des écoles anglophones ne permet pas une réelle application des valeurs des lois linguistiques adoptées au Québec, citant notamment la loi 101 qui a été dénaturée parce qu’elle n’est pas appliquée aux institutions postsecondaires alors qu’elle aurait dû l’être. Cette non-application totale permet à des francophones et à des allophones de pouvoir étudier en anglais, mais surtout encourage le taux de transfert linguistique, c’est-à-dire le nombre de personnes changeant de langue parlée à la maison. Pour corroborer ses propos, Monsieur Beaulieu avance que « 16% du financement des cégeps québécois va à des cégeps anglophones alors que la communauté anglophone ne forme que 8% de la population québécoise ». Même s’il concède que ces 16% comprennent aussi les francophones choisissant d’étudier en anglais, il s’accorde à dire que ce financement se fait au détriment des institutions des régions du Québec qui perdent leurs élèves et des places à chaque année. Cependant, il est important de relativiser les chiffres de Mario Beaulieu puisque le poids démographique de Montréal croît de plus en plus et qu’il est normal que le financement des institutions suive la démographie changeante du Québec.

L’autre injustice relevée par le président est le déséquilibre entre le financement du gouvernement québécois pour les anglophones et le financement des gouvernements provinciaux des autres provinces canadiennes pour les francophones. Monsieur Beaulieu relève que « les revenus attribués aux francophones hors-Québec sont de 342 millions [de dollars] pour 982 000 francophones de langue maternelle et pour les anglo-québécois, il s’agit de plus d’un milliard deux-cents millions pour environ 600 000 anglophones de langue maternelle.

On voit là qu’il y a un déséquilibre très net, ce qui explique aussi pourquoi les francophones hors-Québec s’assimilent de plus en plus. » S’appuyant sur ces chiffres, Mario Beaulieu explique qu’il y a injustice dans le financement des institutions anglophones qui profitent du laxisme dans l’application de la loi 101, ce qui favorise l’anglicisation des allophones et des francophones au détriment de la majorité francophone.

Pour protéger la langue française, les francophones de la grande région montréalaise doivent faire un effort pour exiger de se faire servir en français dans les commerces et doivent converser en français entre eux, selon le président qui dénote l’importance des comportements individuels de tous afin de faire respecter le droit d’une vie publique en français.

Bien que certains y verront une autre organisation nationaliste de défense du français, le MQF ne soutient pas de partis politiques et n’est ni souverainiste ni fédéraliste. Cependant, il a rencontré des organisations politiques comme Québec Solidaire ou la Coalition pour l’avenir du Québec de François Legault afin de leur exposer les idées et les objectifs du MQF. Poursuivant son objectif de sensibilisation, le MQF continue sa tournée partout à travers le Québec, l’enjeu étant de faire appel à la sensibilité des Québécois francophones sur ce sujet et de leur rappeler l’importance de la défense de l’usage de la langue française en Amérique du Nord et plus particulièrement au Québec.


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