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McGill n’est pas l’UQAM

Soyons réalistes. La grève des employés de soutien dure depuis trop longtemps déjà.

Toutes les facultés souffrent, que ce soit en médecine ou en musique, les laboratoires sont ralentis, les heures d’ouverture des bibliothèques sont diminuées… certaines bibliothèques chouchous sont même fermées jusqu’à nouvel ordre (Birks)!

Le 16 septembre dernier, les deux figures du parti Québec Solidaire montaient sur la sellette pour encourager les grévistes. Amir Khadir, en anglais, appelait les syndiqués à continuer leur bataille : « McGill doit se présenter en toute bonne foi à la table de concertation » annonçait-il avec force. Françoise David, tout aussi motivée, annonçait en français que Québec Solidaire supportait la grève. Elle profitait aussi du rassemblement pour rappeler à tous une manifestation le 24 septembre prochain afin que les citoyens réclament une enquête publique sur les « allégations » de corruption dans le secteur de la corruption (pardon, de la construction).

Le lien entre les deux événements m’a échappé au premier abord. J’imagine que le prétexte de faire du bruit pour attirer l’attention d’une classe politique endormie, stagnante, désabusée et désintéressée de la cause publique les rallie. Ou bien est-ce simplement que, traditionnellement, les partis de gauche se mêlent de tout ce à quoi s’opposent les autres partis ?

Vendredi dernier, sous les drapeaux rouges de la PSAC-AFPC, l’Alliance de la fonction publique du Canada, la foule trépignait au son d’une musique digne d’une discothèque (ou d’une cabane à sucre, c’est selon). Autour de moi, les étudiants regardaient d’un œil intrigué, certes, mais aussi amusé, ce groupe de grévistes bruyants. Un garçon à mes côtés commentait : Je trouve cette musique amusante, mais, franchement, cela leur fait perdre leur crédibilité ! » Peut-être. Non seulement les employés de soutien y perdent un peu de leur standing, mais je ne sais pas à quel point les leaders de Québec Solidaire gagnent à s’exposer de la sorte dans des manifestations syndicales accompagnées d’une musique mi-folklorique, mi-techno. Ils sont bien sûr socialistes, mais de voir Françoise David sauter sur l’occasion pour annoncer une prochaine manif m’a semblé bien maladroit, même pour un parti de gauche.

Le bon côté de cette grève, à titre d’étudiants de McGill, c’est bien de ne pas être entré en grève NOUS AUSSI. Supposons un instant : Que serait-il advenu des étudiants de l’Université du Québec à Montréal si les employés de soutien avaient cessé toute activité ? Les étudiants seraient sortis de leurs gonds et de leurs classes en criant pour faire cesser l’injustice. Il y aurait probablement eu une fermeture complète de l’université (qui ne peut certainement pas fonctionner sans ses employés de soutien) et une rébellion des universitaires. Même si l’AÉUM s’est prononcé en faveur de la grève, que le VP externe Joël Pedneault est très interpellé par le conflit et que les députés du NPD venant de McGill se sont elles aussi mobilisées avec les grévistes, restent que la population étudiante mcgilloise n’a pas le tempérament frondeur de l’UQAM, où la grève aurait pris d’autres proportions. Pourquoi aussi peu de réaction ? Certes, les sourcils se froncent, mais personne ne vient vraiment crier à l’injustice sur les toits et, si on le faisait, on souhaiterait rester anonyme… Certains étudiants voudraient bien sûr dire leur opinion sur le conflit, mais ils craignent les représailles de l’université : « Je ne veux pas être cité, car lorsque la grève sera finie, je recevrai un gros montant d’argent en bourse de McGill. Je ne veux donc pas me mettre l’université à dos ! »

Les étudiants ne se mobilisent pas plus aussi parce qu’ils veulent réussir, et non pas perdre leur temps avec des manifestations qui ne les concernent pas vraiment. En effet, un Américain ou une Française qui débarquent ici en plein milieu du conflit ne peuvent probablement pas ressentir autant de sympathie face aux grévistes de MUNACA que les Québécois, Montréalais, ou autres qui vivent dans ce milieu depuis un moment déjà.

Et en restant concentré sur leurs études, les étudiants de McGill conservent la 17e place sur le podium mondial des universités selon QS world Univerity Rankings… Et c’est justement pourquoi je ne comprends pas la lenteur des négociations. Selon mon appréciation du tempérament de l’administration centrale de McGill, Heather Munroe-Blun devrait avoir à cœur de conserver la bonne réputation de l’université. Où peut aller l’université sans son personnel non-académique ? Une telle grève devrait ternir l’image de cette grande université canadienne…


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