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Briseurs de grève ?

La rencontre au Ministère du travail jeudi dernier n’a apporté aucune avancée sur la mésentente entre le syndicat des employés de soutien de l’Université McGill et l’université.

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Il n’y a pas eu beaucoup plus de progrès après celle du 12 septembre. Kevin Whittaker, président de MUNACA commente : « Certain petits problèmes techniques ont été résolus mais les principaux points de litiges demeurent ». Néanmoins, le mécontentement se fait plus insistant et la communauté mcgilloise se mobilise de plus en plus.

Sergey Tsynkevych

L’énergie des grévistes de MUNACA ne s’épuise pas, car ils sont soutenus de tous côtés. Sur leur site, on peut lire des lettres de soutien des autres syndicats de l’Université, certains récemment formés, notamment l’AGSEM (Association of Graduate Students Employed at McGill) qui vit aussi certaines difficultés dans les négociations de son accord collectif avec McGill. Entre autres, le département d’Histoire de l’Art et des Communications compte trois de ses professeurs parmi les auteurs de ces lettres : Amelia Jones, directeur de la chaire Grierson en culture visuelle, Jonathan Sterne, professeur associé, et Darin Barney, directeur du programme de deuxième cycle en communications. Ils témoignent tous de l’aide nécessaire apportée par les travailleurs de MUNACA depuis des années et demandent « de faire le maximum pour arriver à un accord de principes juste et équitable le plus rapidement possible. »

Jeudi dernier, le premier jour des négociations en présence d’un médiateur du gouvernement, le comité de mobilisation (le mobsquad) a lancé une invitation à « venir boire un cocktail avec les gouverneurs » en compagnie des grévistes. Certains manifestants ont reçu des avertissements de la demi-douzaine de gardes de sécurité présents, leur disant qu’ils ne pouvaient pas entrer sur le campus avec leurs pancartes, instrument considéré comme une arme. Cela n’a pas empêché les manifestants de franchir le portail Roddick, pour ensuite passer devant le bâtiment d’Administration James, question de faire part de leur présence au Board of Governors qui était en réunion à ce moment là. Puis, ils sont partis rejoindre les piqueteurs au coin de McTavish et Sherbrooke.

La masse d’étudiants était accompagnée de plusieurs professeurs qui, eux aussi, demeurent solidaires des employés en grève. La semaine dernière, ils créaient un groupe d’action, le McGill Faculty Labour Action Group (MFLAG). Calvin Normore, professeur de philosophie, admet que le volume du groupe n’est pas encore clair, peut-être entre 11 et 40 professeurs. Une réunion est prévue pour mercredi le 14 septembre prochain pour décider de la stratégie de soutien à adopter. Professeur Normore note que « l’Administration semble être sur le point d’augmenter la pression sur le corps professoral. » Il semble que du point de vue de l’Administration, le fait de tenir les cours hors des lignes de piquetage serait l’équivalent d’effectuer une annulation de cours. Cela pourrait entraîner des conséquences pour les professeurs. « L’autre question est de savoir comment supporter les piqueteurs » remarque Normore.

Michael Di Grappa, qui envoie chaque semaine des courriels pour rassurer la communauté mcgilloise et réitérer les positions de l’université, semble maintenant avoir lancé une pétition pour supporter la grève ! À l’heure de mettre sous presse, il n’y avait pas de confirmation, mais il s’agit sûrement d’attirer l’attention avec humour sur le fait que tous veulent la fin de cette débandade. La Gazette du 7 septembre rapporte que les médecins résidents « disent que leur formation et leur habileté à travailler sont affectées par la grève du personnel de soutien, ce dernier jouant un rôle vital dans la gestion administrative des programmes de médecine résidente ». Du côté de la faculté de musique, c’est la même histoire. Katy Larson, présidente de l’association des étudiants de premier cycle en musique (MUSA) soutient que « l’accès aux salles de répétition et à certains instruments avait été entravé par l’absence des employés de MUNACA ».

Étant donné que la procédure de plainte doit se faire de la part du syndicat quant aux briseurs de grèves suspectés et qu’il est difficile de la faire à partir des lignes de piquetage, le syndicat a mis en ligne un formulaire à remplir pour rapporter l’embauche de briseurs de grèves par l’Administration. Kevin Whittaker affirme cependant que certains d’entre eux « peuvent voir les remplaçants faire leur travail car certains édifices sont vitrés ». Le nombre de rapports de briseurs de grèves reçus par l’intermédiaire du site est assez substantif pour provoquer une enquête qui a commencé jeudi et qui doit se poursuivre aujourd’hui, mardi. « De nouveaux employés commençaient à être formés avant même que nous quittions. Mais bien sûr nous espérons que tout le monde se soumette à la loi. »


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