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Eau secours !

« Des millions de personnes vivront sans amour, aucune sans eau. » Ces mots de W. H. Auden résonnent dans ma tête avec la puissance d’une rivière qui reprend vie avec le dégel du printemps.

10% de notre belle province est couverte d’eau. Les trente-trois millions de Canadiens possèdent 20% des ressources en eau potable de la planète. Le continent africain en possède 9%, pour 995 millions d’habitants. L’ONU rapporte que 1,1 milliard de personnes n’ont toujours pas accès à des ressources suffisantes en eau potable et que 2,6 milliards d’humains ne bénéficient toujours pas de service d’assainissement. Quelle est alors notre responsabilité ? Notre emplacement géographique nous octroie-t-il le devoir de réduire cette injustice ?

Je crois réellement que nous avons le devoir de préserver cette ressource unique au lieu de la gaspiller à tort et à travers. Avec 1 500 m³ d’eau par an et par personne, nous sommes le deuxième plus grand consommateur d’eau au monde après les États-Unis. Au Royaume-Uni, ils n’en utilisent que 163 m³. Nous devrions avoir honte.

Près de 68% de notre consommation provient des industries. La production d’une bouteille en plastique d’un litre requiert elle-même de deux à trois litres d’eau. Quatre litres d’eau sont utilisés pour produire un seul litre de pétrole des sables bitumineux de l’Alberta, pour un total de plusieurs millions de litres d’eau par jour. Dix litres d’eau pour une seule feuille blanche, 15 500 litres d’eau pour un kilo de bœuf.

Aujourd’hui, c’est la Journée mondiale de l’eau. Instaurée en 1992 par l’ONU, cette journée a pour objectif de mettre en valeur cette ressource précieuse et d’encourager sa préservation. Le thème de cette année nous rappelle l’impact de la croissance rapide de la population urbaine, de l’industrialisation, de la gestion de l’eau en milieu urbain et des incertitudes causées par les changements climatiques sur l’approvisionnement en eau.

En effet, les changements climatiques constituent une menace pour l’approvisionnement en eau potable. Des sécheresses répétitives dans certaines régions, des précipitations abondantes dans d’autres. Il faut noter que la qualité de ce surplus d’eau ne la rend pas toujours potable. En Afrique de l’Ouest, l’impact des changements climatiques se fait déjà sentir. La saison des pluies, sur laquelle des millions de familles dépendent, débute environ trente jours plus tard qu’il y a quarante ans. Cette saison des pluies n’est pas seulement déplacée, elle est aussi plus courte, ce qui raccourcit la saison agricole.

Les impacts ne seront pas aussi immédiats au Québec, parce que nous avons beaucoup d’eau, mais il ne faut pas se croire à l’abri de tout. Selon un rapport de Nature Québec, on peut s’attendre à ce que le niveau du fleuve St-Laurent diminue de façon significative, alors que le tiers de la population canadienne, et un résident des États-Unis sur neuf, dépendent du bassin du St-Laurent et des Grands Lacs pour s’approvisionner en eau. En cette Journée mondiale de l’eau, soyons davantage conscients des risques qui nous menacent, de notre responsabilité quant à la protection de l’eau et de l’ampleur des impacts que pourrait avoir l’exploitation des gaz de schiste.


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