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Des bâtiments verts, mais pas mûrs

Les bâtiments écoénergétiques ont de nouveaux apparus dans le paysage urbain. En Amérique du Nord, ils ne constituent que 2% des édifices. Ils impressionnent par leur architecture moderne et leurs méthodes novatrices. Ces bâtiments permettent une économie d’énergie, mais également de toutes les ressources naturelles qui sont utilisées lors de leur construction. Affirmer que cette nouvelle tendance n’a aucun effet positif sur l’environnement serait donc médire. Toutefois, les bienfaits de ces constructions sur l’environnement sont en mesure d’être surestimés et pris pour acquis.

Le rapport de la Commission de Coopération Environnementale de l’ALÉNA (Accord de libre-échange nord-américain) affirme que la construction de bâtiments au Canada est responsable de 50% de la consommation de ressources naturelles ainsi que de 35% des émissions de gaz à effet de serre. Au chapitre des bienfaits, le rapport démontre que les bâtiments écoénergétiques permettent une réduction significative des gaz à effet de serre, de la consommation d’eau et d’énergie ainsi que des coûts liés à la gestion des déchets. L’écoconstruction pourrait, entre autres, permettre une réduction de CO2 en Amérique du Nord équivalente à celle produite par l’industrie du transport en l’an 2000 chez nos voisins du Sud.

Afin d’être considérés écoénergétiques, les bâtiments doivent répondre aux normes de la certification Leadership in Energy and Environmental Design (LEED). Cette certification est valide partout en Amérique du Nord. En examinant ce protocole de cotation, il est possible de déceler certains bémols au sujet des bâtiments écoénergétiques. Tout d’abord, la certification est accordée lorsque la construction d’un bâtiment est achevée. Le cycle de vie du bâtiment n’est donc pas surveillé. Peu importe l’utilisation qui en est faite, le bâtiment certifié LEED restera certifié. Cette situation peut être problématique dans la mesure où les technologies vertes sont très souvent expérimentales. Comme toute chose, elles peuvent être géniales en théorie et médiocres en pratique.

L’entretien et le cycle de vie du bâtiment sont donc des aspects négligés. Un appareil mal utilisé, mal entretenu ou un plus grand nombre de personnes que prévu dans le bâtiment sont de nombreux facteurs qui peuvent nuire à celui-ci. La maison Éco Terra, en Estrie, en est d’ailleurs un exemple criant. Cette dernière est l’une des résidences les plus écoénergétiques au Québec. Toutefois, ses occupants dépensent quand même plus d’énergie que prévu. Pourquoi ? Le coût de l’énergie étant moindre, les occupants se préoccupent moins de leur consommation et dépensent plus qu’auparavant.

La volonté des occupants de garder leur bâtiment vert est donc aussi et sinon plus importante que d’avoir une construction entièrement verte et certifiée au départ. Un projet écoénergique doit être réalisé dans une optique environnementale, pas dans une optique d’économie d’argent, ou encore, dans une optique d’écoblanchiment. L’écoblanchiment est une méthode de marketing visant à mettre les initiatives vertes des entreprises de l’avant afin de plaire à l’opinion publique. Ainsi, lorsqu’une entreprise investit dans un bâtiment écoénergétique, celle-ci ne témoigne pas nécessairement d’un engagement clair envers l’environnement. Les bâtiments écoénergétiques n’auront un réel impact sur l’environnement que lorsqu’ils représenteront un engagement permanent envers notre planète.


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