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La démocratie en péril

Alors que le Moyen Orient s’éveille, l’Occident s’assoupit. Alors que plusieurs nations arabes se réunissent pour que leurs cris résonnent assez fort et pour que leur voix soit entendue, la démocratie est en péril à McGill.

Il y a deux semaines, Zach Newburgh, président de l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM), présentait une résolution pour la suppression de l’assemblée générale (AG) qu’il juge non démocratique. L’émergence de ce référendum a soulevé l’agitation étudiante ; Zach Newburgh soutient lui-même qu’un regain d’intérêt pour une réforme de l’assemblée générale est devenue envisageable. Ceci l’a pressé d’organiser un forum consultatif (Town Hall) et d’apaiser la polémique. Lorsqu’on lui demande si les étudiants ont proposé des changements possibles pour réformer l’AG, le président de l’AÉUM soutient que la plupart des suggestions apportées au forum mercredi dernier ne s’attelaient pas à la plus grande faille de l’AG : sa nature non-démocratique. L’AG brimerait la démocratie, car les étudiants qui s’y présentent et qui votent les lois ne sont pas un corps élu par l’ensemble des étudiants de l’université. Ceux qui ont cours, qui travaillent ou qui ne se rendent pas sur les lieux avant que la salle soit pleine ne peuvent voter. « Chacun devrait avoir la chance de voter et l’AG l’en empêche » affirme le président.

Supprimer l’assemblée générale, ce seul espace de consultation, de débat et de réforme directe (par exemple, l’amendement de propositions) avec la population étudiante, est incohérent avec le discours soutenu par Zach Newburgh.

Lors du forum consultatif, malgré ce que peut affirmer le président, plusieurs commentaires font la lumière sur la structure défaillante de l’AG et de l’AÉUM, et proposaient de bonnes solutions. Par exemple, pour contrer le faible taux de participation aux AG, plusieurs étudiants ont évoqué la nécessité de mieux promouvoir l’assemblée. L’AÉUM n’a alloué que 6000$ cette année à l’AG, et déboursé son surplus financier dans des activités telles les trois jours de festival de musique organisé par l’AÉUM qui, bien sûr, contribue à développer une meilleure relation entre les étudiants, mais n’encourage pas directement au débat. Un peu de cet argent pourrait être utilisé, notamment, pour créer des sessions d’informations ou des publicités plus explicatives sur la structure et le processus des AGs. De nombreux étudiants affirment même être intimidés par ceux qui ne maîtrisent que trop bien le Robert’s Rules of Order (manuel traitant des convenances qui devraient régir toute assemblée ou réunion à vocation délibérative).

L’espace limité de la salle de bal du bâtiment Shatner ou de la cafétéria est une excuse facile, lorsque l’AG pourrait être tenue sur d’autres lieux tels l’aréna McConnell ou le complexe sportif Tomlinson ou même hors du campus.

Certains ont par ailleurs proposé de garder l’assemblée générale comme espace de débat et de permettre le vote électronique. Ceci serait concevable si des efforts quant à l’instruction à la procédure parlementaire étaient faits et qu’un compte rendu clair de l’AG était accessible.

Il est nécessaire que les étudiants s’engagent au sein des politiques de leur Association étudiante. Le conseil de l’AÉUM se tiendra ce jeudi et voteront la vie ou la mort de l’assemblée générale. Il est encore possible de changer les esprits, si cette dernière tribune n’est pas jetée aux oubliettes.


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