C’est trois jours avant Noël que l’Université Concordia a annoncé, par voie de communiqué, que sa rectrice Judith Woodsworth abandonnera ses fonctions. « Je souhaite un bel avenir à Concordia et je suivrai avec beaucoup d’intérêt les progrès des étudiants, des membres du personnel et du corps professoral » a‑t-elle alors indiqué.
Si elle quitte officiellement pour des raisons personne.lles, comme l’indiquait explicitement le courriel qui a été envoyé aux étudiants de l’université, certains craignent que la véritable raison de son départ ne leur soit cachée. « C’est inquiétant que l’université n’ait pas fourni de raisons claires [quant au départ prématuré de Mme Woodsworth]» rapportait Joël Suss, un sénateur étudiant de l’Association Étudiante de l’Université Concordia à Radio-Canada. Il a promis de trouver une façon de les connaître lorsqu’il reprendrait ses fonctions en début de session.
Cependant, cela n’a pas été nécessaire car l’ex-rectrice a elle même déclaré au Globe and Mail hier matin qu’ « [elle] aurait été heureuse de poursuivre dans mes fonctions de présidente mais certains membres du conseil d’administration m’ont dit qu’ils avaient perdu confiance et qu’ils pensaient que je devrais passer la main. »
D’autres craignent que le conseil d’administration de l’université n’ait littéralement montré la porte à l’ex rectrice et ex professeur de littérature française, peut-être en raison de ses comptes de dépenses souvent critiqués dans la presse.
L’affaire serait peut-être passée inaperçue si Concordia ne perdait pas sa tête dirigeante pour une deuxième fois en moins de trois ans. Selon plusieurs membres du personnel, il y a là matière à se poser de sérieuses questions sur la nature des relations entre le conseil d’administration et les dirigeants de l’établissement. Claude Lajeunesse, prédécesseur de Mme Woodsworth, avait lui aussi quitté ses fonctions à mi-mandat en 2007. Selon un des journaux étudiants de l’Université Concordia, The Concordian, Lajeunesse aurait tiré sa révérence essentiellement en raison d’une mauvaise relation avec le conseil d’administration.
Selon le communiqué de presse publié par l’institution, l’administration Woodsworth avait plusieurs réalisations à son actif. En effet, non seulement l’université enregistre un déficit accumulé parmi les plus faibles dans la province, mais a également été témoin de nombreuses constructions sur ces deux campus, dont le pavillon de l’École de gestion John-Molson au centre-ville.
« Je suis profondément reconnaissant envers Judith et je souhaite souligner son leadership, ses réalisations et son engagement depuis deux ans et demi », a déclaré Peter Kruyt, président du Conseil d’administration par voie de communiqué, le 22 décembre dernier. Selon l’Université, un recteur ou une rectrice intérimaire sera nommé au cours des prochaines semaines. Maître Bram Freedman, vice-recteur aux relations externes et secrétaire général, agit entre temps à titre de recteur suppléant.
Madame Woodsworth pourrait décider de revenir à Concordia comme professeur si elle le souhaite.
Elle a reçu une compensation de départ s’élevant à 703 500 $, soit l’équivalent de deux ans de salaire.