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Les chargés de cours de Concordia finissent le trimestre en grève

Les membres de l’Association des professeurs à temps partiel de l’Université Concordia (APTPUC) ont poursuivi hier et aujourd’hui leur grève rotative, lancée la semaine dernière.

Le trimestre se termine donc sans résolution du conflit de travail et, à moins d’un improbable règlement demain, les syndiqués se prononceront jeudi ou vendredi sur de nouveaux moyens de pression. « On ne veut surtout pas faire de mal à nos étudiants », insiste Maria Peluso, présidente de l’APTPUC (CUPFA, en anglais) et chargée de cours en science politique. « C’est pour ça qu’on a attendu aussi longtemps », dit-elle en rappelant que ses membres sont sans contrat de travail depuis maintenant six ans et que le syndicat a voté à 97% en faveur d’un mandat de grève illimité depuis le mois d’octobre dernier.

Les chargés de cours avaient jusqu’ici évité de piqueter durant les heures de classe, de manière à importuner le moins possible les étudiants. Aujourd’hui mardi étant la dernière journée de cours du trimestre d’hiver, les seuls moyens de pression qui resteront aux enseignants sont ceux touchant les examens et la divulgation des notes finales. Aucune annulation d’examen ne semble prévue pour l’instant, mais Mme Peluso annonce déjà qu’après la journée de négociation prévue mercredi, le syndicat jugera s’il est opportun de retenir les notes finales.

La confiance ne règne pas
« Les administrateurs passent ; ce sont des oiseaux de passage. Ils sont incompétents dans la gestion », lance la leader syndicale, qui évoque le jeu de chaise musicale en cours à la haute direction et les problèmes financiers de l’université. Visiblement désabusée face à l’intransigeance de son employeur, Mme Peluso se dit convaincue que l’administration n’appliquera pas la nouvelle convention, quel que soit son contenu.

« Ils s’en ‘foutent’! [Les négociateurs patronaux] arrivent en retard aux réunions, ils ne sont pas préparés, ils n’ont pas de temps pour nous. Après ça, ils s’en remettent à des mensonges et à des spins pour faire passer leur point de vue. » Mme Peluso souligne que l’administration concordienne est généralement plus prompte à délier les cordons de sa bourse pour ses avocats que pour ses employés.

Les chargés de cours de Concordia sont les moins bien payés du réseau universitaire québécois. Ils reçoivent 5500$ par cours, contre les 8000$ qu’offrira en 2010 l’UQÀM à ses chargés de cours. Ce salaire se mesure difficilement, selon eux, à la place importante qu’ils occupent dans l’enseignement : ils donnent 40% des cours offerts par Concordia.

L’APTPUC demande le maintien d’une limite du nombre d’étudiants par cours et l’équité du salaire et des conditions avec les chargés de cours des autres universités québécoises.

«[L’administration] retire des ‘négos’ des aspects qu’elle nous avait déjà accordés, comme la question du nombre limite d’étudiants par classe, qui était sur le point d’être résolue, et celle du droit de regard sur les « cours réservés », où l’université engage des enseignants spéciaux avec une entière discrétion sur leur salaire et leurs conditions », remarque Mme Peluso. À titre d’exemple, l’ex-premier ministre Bernard Landry avait reçu 35 000$ pour enseigner un cours à Concordia.

Appui réel mais fragile
Le mouvement de grève se poursuit jusqu’ici avec l’appui des associations étudiantes et de la CSN. L’exécutif de l’APTPUC se dit toutefois conscient que le soutien des étudiants pourrait se fragiliser si les moyens de pression en venaient à compromettre la remise des notes et des diplômes. Sa présidente se fie pour l’instant aux nombreuses démonstrations d’encouragement reçues par l’APTPUC la semaine dernière, alors que des étudiants sont venus joindre les lignes de piquetage.

Julie Delisle, U3 en design graphique, et Giuki Cael, étudiant étranger en génie mécanique, ne semblent pas s’inquiéter outre mesure des moyens de pression des chargés de cours et réitèrent leur appui à la grève. « S’il faut que ça bouge, ils doivent prendre les moyens qu’ils ont entre les mains », résume Julie Delisle, indiquant qu’elle rejoindra probablement les enseignants sur les lignes de piquetage cette semaine.


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