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Peu de changement sous Obama.

Le commerce reste le principal pilier de la relation bilatérale.

La continuité est la pierre angulaire de la stratégie du nouveau gouvernement américain au Canada. C’est du moins ce que sous-tendent les propos tenus par l’Ambassadeur des États-Unis au Canada, David Jacobson, lors de la conférence Fulbright Canada organisée par l’Institut d’études canadiennes de McGill le 16 novembre au Faculty Club.

Les cinq fondements de la relation bilatérale sont, en ordre d’importance : le commerce, la sécurité à la frontière, la promotion des valeurs communes à l’étranger, l’Arctique, ainsi que l’énergie et l’environnement.

Le commerce est le grand champion de ces objectifs. Il n’y a là rien de nouveau. L’Ambassadeur Jacobson citait le 29e président des États-Unis, Warren G. Harding, pour avoir noté en 1923 que l’indépendance et l’interdépendance sont les principes clés de la relation entre les deux pays nord-américains. De plus, selon l’Ambassadeur, la majorité républicaine à la Chambre des représentants depuis les élections de mi-mandat du 2 novembre aura pour effet d’accentuer la pression du législatif en faveur du libre-échange.

Owen Egan

Les velléités protectionnistes des quelques élus républicains soutenus par le nouveau mouvement populiste-conservateur Tea Party ont été durement critiquées par M. Jacobson, et ne trouveront selon lui aucun soutien au Congrès. La mission américaine à Ottawa devra donc se retrousser les manches pour honorer la promesse du président Obama de doubler les exportations nationales au cours des cinq prochaines années (oui, vous avez bien lu : une augmentation de 100%). Cet objectif fait partie de la National Export Initiative. Quant à la sécurité à la frontière, la collaboration à l’étranger, notamment en Haïti et en Afghanistan, et la souveraineté canadienne en Arctique, M. Jacobson s’est contenté de souligner le climat de sourires échangés et de bénéfices partagés dans lequel se déroule la coopération canado-américaine.

Si un enjeu pouvait être le théâtre d’un changement de cap dans la politique américaine au Canada, il s’agirait de l’énergie et de l’environnement. Se démarquant du gouvernement de George W. Bush, qui misait sur une politique de production énergétique domestique accélérée pour répondre à une demande croissante, Obama a promu dans les débuts de son mandat la réduction de la consommation et la diversification des sources d’énergie. Il espérait ainsi positionner les États-Unis comme tête de file des technologies vertes. Or, pour le premier président vert des États-Unis, les sables bitumineux de l’Alberta sont un sujet fort épineux.

Il faut dire que le Canada est le plus important fournisseur des États-Unis pour pratiquement toutes les formes d’énergies : le pétrole, le gaz naturel et l’uranium. Alors que les États-Unis consomment plus de 20% du pétrole au monde et n’en contrôlent que 2%, l’énergie canadienne apparait comme une source exceptionnellement sûre. D’autant plus que rares sont les grands exportateurs de pétrole qui peuvent se targuer d’être des exemples de stabilité politique. Comment concilier cet incontournable avantage géostratégique avec une politique environnementale ambitieuse ?

L’Ambassadeur Jacobson reconnaît le défi du changement climatique et la responsabilité qu’ont les États d’y faire face, il y a peut-être là un changement en soi, du moins au niveau rhétorique. Il reconnait aussi que la faute est partagée, le Canada ayant à gérer ses sables bitumineux et les États-Unis son charbon. À son avis, le plafonnement et l’échange de crédits de gaz à effet de serre (cap and trade) n’est pas une bonne solution à cause de l’effet négatif « très significatif » qu’il aurait sur l’économie. L’ambassade des États-Unis à Ottawa n’abonde toutefois pas en solutions innovatrices pour résoudre le problème entre dépendance énergétique et protection de l’environnement.

L’ambassadeur Jacobson conclut sa présentation en déclarant : « We will not solve the problem overnight, but we’ll get there ». Si ce n’est pas le grand soir, de part et d’autre de la frontière les bons citoyens peuvent retourner dormir au gaz.


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