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Heather Monroe-Blum à cœur ouvert et main tendue

Le Délit a rencontré la vice-chancelière et principale de l’université pour une rencontre semestrielle afin de discuter frais de scolarité et francophonie à McGill. Celle-ci s’est fortement engagée à dialoguer avec la nouvelle ministre de l’éducation, Line Beauchamp. 

Heather Munroe-Blum a qualifié la rencontre du 10 novembre de « great opportunity ». D’entrée de jeu, elle s’est félicitée de la présence des trois journaux de l’université et a vanté la position de McGill lors du dernier classement du Maclean’s. En effet, McGill est toujours l’université numéro 1 au Canada en terme du prix étudiant pour la douzième année consécutive, de remises de bourse en pourcentage du budget total et de la réputation de l’université. Mme Monroe-Blum a d’ailleurs rappelé le travail effectué du côté philanthropique pour le financement de l’université en insistant sur l’effort effectué par l’administration mcgilloise pour que les dons philanthropiques ne proviennent pas de personnes accusées ou ayant été reconnues coupable pour des méfaits, au Canada ou à l’étranger.

Lors du sommet de l’éducation convoqué par Line Beauchamp le 6 décembre prochain, Heather Munroe-Blum explique qu’elle présentera la position des recteurs et des principaux des universités du Québec. Elle a rappelé que ceux-ci sont parvenus, pour la première fois de leur histoire, à s’entendre pour coordonner leurs efforts et arriver à une positon commune : « le gouvernement du Québec doit jouer un rôle important dans l’accessibilité des étudiants aux études supérieures via les prêts et bourses », car « toutes les institutions vivent une crise financière et il nous faut plus de marge de manœuvre ». Par contre, Mme Munroe-Blum a prévu que l’entente n’était pas contraignante et que peut-être certains membres de la Conférence des recteurs et principaux pourraient changer de camp. Elle a aussi contesté farouchement le fait que les étudiants ne reçoivent pas chaque dollar qu’ils investissent dans leur éducation, c’est-à-dire à l’université : « Let the student get their dollars. International students are not the cash-cow of the government of Québec where they pay $17,000 per year. The university receives 1,700$ plus a grant of $5,000 for each international student, but there is still 10,300$ missing. This money, kept by the government, is reinvested into the whole education system in order to lower, at the actual level, the fees of Quebeckers ». Critiquant par le fait même les régulations du gouvernement du Québec quant à la gouvernance des universités.

La principale a toutefois réfuté la proposition de certains groupes de permettre aux entreprises de financer directement l’université en apposant des publicités dans les locaux et dans les endroits publics de l’université comme c’est le cas aux HEC Montréal. Elle a ainsi mentionné que la campagne de financement via la philanthropie et les dons a pour but de récolter 750 millions de dollars et que pour l’instant les dons provenant des entreprises ont été beaucoup moins importants en proportion, étant donnée le solide socle des anciens. La principale a mis l’accent sur la nécessité de travailler avec le public et le privé : « We need to work with the private sector. In Canada, we have a huge geography and small population ; the only way to provide social and economic goods to regions across the country is with a real collaboration between governments, universities, research enterprises and the private sector. Let’s not forget the societal mission of the universities and the outcome is to make a difference in society ».

Heather Munroe-Blum a ajouté que le régime gouvernemental de la gestion des universités était trop contraignant avec toutes les régulations et les directions provenant du ministère de l’éducation  « To govern ourself with appropriate senate is feasable ».  Elle a d’ailleurs commenté l’idée de moduler les différents programmes universitaires : « I don’t think it is black or white ». Elle s’est permise une parenthèse sur le sujet controversé du MBA, ce programme prestigieux où « no one has a God-given right to a free MBA, it is dead-wrong to give people free MBA from the money of the undergraduate students. The discussions between McGill and the Government of Québec are still on track ».

Le Délit a demandé à la principale quel était son plan pour attirer plus de francophones à McGill compte-tenu de l’excellence de l’université au classement  canadien : « Il y a plus à faire sur ce dossier […] but we have worked very hard in a bilingual way, we have made substantial partnership with francophone institutions as the CEGEP de Jonquière, the Université du Québec à Chicoutimi and the HEC, these partnerships are an expression of commitment of McGill to attract more francophones.» Il faut savoir qu’il y a  environ 6000 étudiants francophones sur les 35 000 étudiants de premier cycle. Néanmoins, Mme Monroe-Blum a réaffirmé son engagement a attiré plus de francophones à McGill.

Ainsi, Heather Munroe-Blum sera le porte-étendard d’une hausse des frais de scolarités et d’un plus grand engagement du gouvernement dans la distribution de bourses aux études. À la session d’hiver, la discussion portera sur l’avancement des dossiers discutés et elle a rappelé, en définitive, qu’elle désire restaurer le rôle des universités comme des forums de débat aux enjeux de société.


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