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Tous les chemins mènent à Sodome

Les mythes entourant le sexe anal demeurent fondés sur l’incompréhension de cette pratique longtemps associée à l’homosexualité, un sujet qui suscite encore bien des malaises. 

« Sexe Anal Non Censuré », « Les joies de la sodomie », « ECLATEANUS​.COM », voici les premiers sites qui apparaissent sur le moteur de recherche Google si vous tapez « sexe anal ». Cette pratique est-elle encore taboue ? Quelle importance a la sodomie aujourd’hui ? Le Délit pénètre au cœur du sujet.

Les mythes entourant le sexe anal demeurent fondés sur l’incompréhension de cette pratique longtemps associée à l’homosexualité, un sujet qui suscite encore bien des malaises. Décryptons quelques unes des légendes urbaines les plus souvent associées à la sodomie.

La jouissance pour tous

Croyance : un des grands mythes associés au sexe anal allie douleur et absence de jouissance pour la personne pénétrée.

Réalité : L’anus et le rectum sont pourvus d’une grande quantité de nerfs, ce qui en fait une importante région érogène, tant chez les hommes que chez les femmes. Les sensations demeurent subtiles pour la femme, mais, le vagin et le rectum partageant une même paroi, certaines voient leur plaisir stimulé lors de la pénétration. Quant aux hommes, le massage de la prostate peut engendrer une forte sensation de plaisir sexuel, et la pénétration anale reste l’unique moyen d’atteindre directement cette glande. Pour ce qui est du mythe entourant la douleur, il s’agit simplement de bien s’y prendre pour éviter tout désagrément (voir l’encadré pour un protocole détaillé).

Propreté 101

Croyance : Le sexe anal est sale et dégoûtant.

Réalité : Il est vrai que les selles ou les flatulences n’ont rien de bien romantique (à moins d’être des adeptes des pratiques comme « 2 girls, 1 cup»…). Or, il faut garder en tête que le rectum n’est pas un organe de stockage. Bien qu’il soit toutefois possible que des résidus s’y retrouvent, le rectum demeure un organe relativement propre. Les flatulences, quant à elles, peuvent être produites par la sortie d’air emprisonné dans le rectum lors de la pénétration. Un bon moyen d’éviter les embarras de ce genre reste d’introduire un doigt dans le rectum lors de la pénétration. L’air aura ainsi l’opportunité de sortir.

Quand la religion s’en mêle

La sodomie, associée à l’homosexualité, est condamnée par la Bible. Du mythe de Sodome et Gomorrhe jusqu’aux accusations de pédérastie qui en ont mené plus d’un au bûcher au Moyen-Âge, la sodomie associe tabou sexuel et peur de l’Autre. Un juriste écrit sur le sujet, au XVIIIe siècle : « D’autres crimes portent préjudice à la société, mais [la sodomie] porte atteinte à son existence, car il est rare qu’une personne qui s’est rendue coupable d’un abus de ses facultés génératives à ce point contre nature ait par la suite la considération qu’il convient d’accorder aux femmes. » Pour d’autres, Dieu aurait fait brûler la ville de Sodome pour cause de mauvaises mœurs. Pourtant, il est prouvé que ce n’est qu’une mauvaise interprétation des écritures. Sodome aurait effectivement été punie par Dieu mais pour une raison qui ne semble pas trouver d’accord parmi les érudits.

Pas plus gay qu’un autre

Croyance : Les hommes hétérosexuels qui s’adonnent au sexe anal refoulent des tendances homosexuelles.

Réalité : Tous les homosexuels ne pratiquent pas la sodomie, tandis que nombre de couples hétérosexuels adorent cette activité. La pratique du sexe anal trouve parfois un intérêt dans sa fonction contraceptive. Joseph Josy Lév, professeur de  sexologie à l’UQÀM, s’intéresse aux dimensions culturelles associées à la prévention des MTS et du SIDA. Il nous apprend que 40% des hétérosexuels qui se livrent au sexe anal le feraient par soucis de contraception dans le cas d’un partenaire occasionnel. En revanche, seulement 8% des couples hétérosexuels monogames s’adonnant à cette pratique le font pour les bénéfices contraceptifs. Or, il reste primordial de se protéger, car, si les femmes ne peuvent tomber enceintes, elles peuvent, comme les hommes, contracter des infections, dont bien sûr le VIH. La croyance que les homosexuels n’ont pas besoin de se protéger a fait bien des ravages depuis les années 1980. Par exemple, une règle qui interdit aux homosexuels encore aujourd’hui de donner leur sang est justifiée par un taux de contamination par le VIH plus important que chez les hétérosexuels.

Incontinence ?

Croyance : S’adonner régulièrement à la sodomie risque d’affaiblir le sphinctère anal et les tissus rectaux, par effet d’étirement excessif, ce qui est susceptible d’engendrer des problèmes d’incontinence.

Réalité : L’anus, au contraire, se raffermit lorsqu’on « l’exerce » régulièrement. Il existe même des exercices visant à rejoindre vos idéaux de fermeté anale !

Les exercices de Kegel visent à renforcer le muscle pubo-coccygien, qui se situe entre l’os pubien et le coccyx. Les bénéfices de ces exercices sont multiples, du maintien de la santé de la prostate à la prévention de l’incontinence, en passant par une augmentation substantielle du plaisir sexuel. Les hommes bien entraînés sont capables d’orgasmes non éjaculatoires, par stimulation de la prostate, et ce, dans certains cas, à de multiples reprises ! Ces exercices sont simples : après avoir bien identifié votre muscle pubo-coccygien (celui qui travaille lorsque l’on essaie de retenir un jet d’urine), il suffit d’appliquer la méthode « serrez, retenez, relâchez ». Pratiqués assidûment, les exercices de Kegel vous permettront de constater une augmentation de votre plaisir sexuel au bout de quatre à six semaines !


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