Aller au contenu

Belliard et les étoiles

Belliard s’inscrit dans une lignée d’auteurs-compositeurs-interprètes qui ont la cote en ce moment (Le Husky, David Marin, Yann Perreau…) et qui choisissent d’investir seuls l’espace créatif entre eux et leur public.

Alexandre Belliard lançait récemment son troisième album, Des fantômes, des étoiles, après plusieurs années de silence. Le titre est à l’image de ce nouvel opus : un alliage tout en douceur et en simplicité de textes intimistes et de mélodies travaillées.

Belliard s’inscrit dans une lignée d’auteurs-compositeurs-interprètes qui ont la cote en ce moment (Le Husky, David Marin, Yann Perreau…) et qui choisissent d’investir seuls l’espace créatif entre eux et leur public. Je dis « seuls », mais entendons-nous : ils sont évidemment accompagnés de musiciens talentueux et de toute une équipe. Ce qui les distingue, toutefois, c’est le côté tout personnel de leur approche, le regard unique qu’ils posent sur le monde et qu’ils mettent en musique. Ce sont également des textes où le « je » et le « tu » prédominent, et où l’on invite l’auditeur à se plonger dans une tranche de la vie de l’artiste. Si le jeune compositeur ne va pas aussi loin que Yann Perreau ‑qui est un cas à part, vous en conviendrez- il reste que ses mélodies accrocheuses servent admirablement des textes simples et authentiques, qui sortent de l’ordinaire, tant par leur fraîcheur que par leur justesse.

Les mots de Belliard révèlent une sensibilité vraie, teintée d’une certaine naïveté, c’est vrai, mais qui dénote un réel désir de dire les choses telles qu’elles sont pour lui, sans artifice ni détour. En un mot, le musicien derrière Des fantômes, des étoiles se joint sans détonner à ses contemporains, tout en se forgeant une place bien à lui.

On ne s’étonne pas qu’Éric Goulet soit derrière la réalisation de l’album. En effet, la parenté est certaine entre le son de Belliard et celui, clair et mélancolique, de l’interprète de Monsieur Mono. 

On leur trouve même des ressemblances dans la voix, et l’association semble toute naturelle. Il a assurément profité à Belliard d’avoir pour guide un artiste dont le talent est incontestable, et dont l’écriture est à ce point aboutie. Dans des chansons comme la très belle « Marie les ombres », Alexandre Belliard met en musique non pas une histoire, mais une émotion pure, et il le fait admirablement. La simplicité qu’il cultive est alors une richesse inestimable : ce sont les mots, des mots méticuleusement choisis, qui sont à l’avant-plan et qui font tout le travail. Il en va de même pour des pistes comme « Étrange que tu ne meures jamais » ou « Aujourd’hui je suis malheureux », toutes deux magnifiques dans leur dépouillement.

Alexandre Belliard semble accorder sa voix à celle d’une génération d’artistes qui revendique une expérience individuelle du monde. C’est sans prétention qu’il nous livre donc son univers à lui, et il est assurément agréable d’y planer, quelque part entre les fantômes et les étoiles.


Articles en lien