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Fortune Cookie

Accepter son identité… et celle des autres

« Pourquoi est-ce que j’ai un corps de garçon quand je suis une fille ». Ce sont les propos d’un jeune Japonais de 8 ans qui souffre de trouble d’identité sexuelle. Si cela semble anecdotique, il faut aussi dire que ce petit « garçon » va maintenant à l’école en jupe d’écolière, comme les filles. Cette histoire a fait du chemin car une autre école au Japon s’est inspirée de ce cas pour permettre à une jeune fille de 13 ans de se présenter à l’école en uniforme de garçon. Il est donc à espérer que la société japonaise sera en mesure de faire face à cette réalité et de l’accepter. En lisant ces histoires dans les journaux japonais en anglais, je suis resté perplexe. J’essaie de comprendre, mais quelque chose m’échappe.

Le Japon est une société extrêmement normative, et dans les écoles, les enfants qui ne correspondent pas à la norme risquent d’être victime d‘hacèlement de la part des autres élèves… et parfois même des professeurs. Ainsi, les enfants jugés différents sont ciblés, que ce soient à cause de leur originalité, de leur situation familiale, de leur origine ethnique ou de leur orientation sexuelle.

Dans le cas du jeune « garçon » de 8 ans, il souffrait entre autre d’insomnie et refusait d’aller à l’école en raison d’un malaise relié à son identité sexuelle. Accepter qu’il y retourne comme une petite fille est donc une bonne chose. Paradoxalement, de nombreux jeunes refusent d’aller à l’école car ils sont victime de leur différence, aussi involontaire soit-elle, ce qui mène parfois jusqu’au suicide. J’espère donc que le milieu dans lequel ce jeune va grandir sera garant de sa différence et ne se contentera pas de la rejeter ou de l’écraser, car s’il est bien dans sa peau aujourd’hui, son bien-être dépend du comportement de ses pairs.

Les exemples de ce paradoxe font légion. Ainsi, malgré l’androgynie de nombreux jeunes garçons et de nombreux exemples de crossdressing, cette pratique n’est pas encore tout à fait socialement acceptée. Malgré l’existence de mangas homoromantiques pour jeunes filles, l’homosexualité reste mal vue. Malgré l’existence d’une culture otaku importante, ces individus sont mal perçus par la société à cause de leur différence. Après tout, c’est aussi au Japon que l’on retrouve le phénomène des hikikomori, ces jeunes qui décident de s’enfermer dans leur chambre, étant incapables de vivre en raison de l’étouffement sociétal. Leurs familles tentent souvent de cacher leurs enfants « anormaux », afin de dissimuler une « faiblesse génétique », mais ce n’est bien sûr pas une solution viable.

Dans la dernière année, je me souviens avoir lu des articles traitant du fait que les hommes japonais urinent de plus en plus en position assise, ou encore qu’une compagnie a inventé des brassières pour hommes. On note que cette brassière aide entre autre a avoir une bonne posture et a un effet relaxant. Si ces cas font parler d’eux, ils sont peut-être significatifs et révélateurs de la pression qui pousse les hommes à assumer leur masculinité admettant ainsi que les hommes et les femmes ont un rôle prédéterminé auquel ils doivent se conformer. On a peur pour la virilité des hommes, mais à raison ou à tort ?

Il ne reste qu’à espérer que la différence et les sentiments de chaque individu pouront, un jour, être acceptés ou, au minimum, respectés.

Le fortune cookie de la semaine, « Patient : Est-ce un garçon ou une fille ? Obstétricien : Je crois qu’il est un peu tôt pour commencer à lui imposer un rôle, vous ne croyez pas ? » – Monty Pythonx


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