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Billet de scalper

La flamme olympique

En 1995, j’avais 10 ans. J’avais aussi une casquette en espèce de suède « achetée » chez McDo qui témoignait clairement de ma volonté que Québec accueille les Jeux Olympiques de 2002. Je ne pardonnerai jamais à feu la mairesse Boucher d’avoir nolisé un avion avec une banderole annonçant que les citoyens ne voulaient pas les Jeux. C’est peut-être à ce moment-là qu’est née ma méfiance des politiciens…

En fin de semaine dernière, séjour chez les parents permettant, je me suis délecté d’un de mes rares moments de télé de l’année. Juste à temps pour tomber sur l’arrivée de la flamme olympique au Canada. En fait, je regardais du monde en bateau qui ramait pour apporter la flamme sur le rivage. Pas pire comme concept. C’est sûr que ce n’est pas Los Angeles en 1984 avec un bonhomme qui arrive en volant avec un jet-pack. Ça c’était du spectacle. Think Big, sti !

C’est alors que j’ai eu un de ces moments où Pierre Falardeau m’apparaît comme un oracle. Ça arrive périodiquement. Je pense que c’est un effet secondaire de ses oeuvres. Elles nous restent dans la tête. Et, parmi les phrases dévastatrices du Temps des Bouffons, une m’est revenue pendant l’arrivée de la flamme : « les Indiens se mettent des plumes dans le cul pour faire autochtones ». Wow ! Le comble du politically incorrect. Vous ne lirez pas cette phrase dans le Daily, mais elle colle particulièrement bien aux Jeux Olympiques de Vancouver. Car si ceux de Beijing ont vu déferler une horde de militants pro-Tibétains prêts à en découdre avec la police, les Jeux de Vancouver se targuent d’être un événement impliquant de manière exceptionnelle les Premières Nations.

C’est tout à fait vrai que les nations Lil’wat, Musqueam, Squamish et Tsleil- Waututh collaborent avec l’organisation des Jeux et sont même considérées comme les nations-hôtes. Il faut sans aucun doute saluer cet effort du Comité organisateur. Ce qui est un peu plus troublant, c’est la répression qui frappe les personnes, autochtones et non-autochtones, qui osent s’opposer aux Jeux. La Colombie-Britannique tente présentement de voter une loi spéciale permettant d’emprisonner jusqu’à six mois toute personne ayant du matériel critique des Jeux. Débile. La loi, vivement dénoncée par le B.C. Civil Liberties Association, interrompt la liberté d’expression. Et qui seront les personnes emprisonnées, vous pensez ? Les mêmes que d’habitude : les pauvres du Downtown Eastside. Souvent autochtones eux-mêmes.

Je ne noliserai pas un avion pour empêcher la tenue des Jeux. Je comprends néanmoins la rage de certains. Un jour, il faudra s’arrêter et se poser la question de savoir si ces Jeux Olympiques auront contribué à faire progresser les droits des autochtones ou n’auront été que la suite logique d’un phénomène de dépossession.

* * *

Mais y sont-tu laides les mascottes des Jeux. Sérieusement, en soi, ça devrait être assez pour nous faire douter de la santé mentale du comité organisateur. Quatchi, la poche de patate brune sensée représenter un sasquatch fait sérieusement peur. Beijing n’avait elle pas Yingying l’antilope tibétaine comme mascotte ? Tokenism vous dites ?


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