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Manifestation anti-Bush

En marge de l’allocution de George W. Bush à Montréal du 22 octobre dernier, des manifestants ont dénoncé la venue du président américain controversé.

Quelque 200 personnes se sont rassemblées devant l’hôtel Reine Elizabeth où George W. Bush est venu faire une allocution jeudi dernier. Plusieurs collectifs et associations avaient appelé à la manifestation qui a duré environ trois heures. Les protestations se sont déroulées dans un calme relatif, encadrées par une escouade anti-émeute, des policiers à cheval et à bicyclette, ainsi que des chiens policiers, qui ont formé un mur devant l’entrée de l’hôtel.

« Retourne dans ton ranch » et « George Bush tu nous entends, Montréal te dis vas-t-en », n’étaient que quelques-uns des cris que scandaient les manifestants. Ces derniers s’étaient déplacés pour protester contre « la présence de George W. Bush à Montréal, mais aussi pour rejeter le courant d’idées qu’il représente et qui nous menace encore », pouvait- on lire sur des tracts distribués par des membres du collectif Échec à la guerre.

Selon Marie-Claire, membre de ce collectif, « la Chambre de commerce [de Montréal] n’aurait pas dû inviter » M. Bush. Un autre manifestant, William Sloan, avocat et président de la section canadienne de l’Association américaine de juristes, a déclaré le président Bush comme « persona non grata », jugeant tout bonnement que George Bush « ne devrait pas avoir accès au territoire canadien ». Faisant écho à de nombreuses pancartes brandissant des slogans peu flatteurs, Bernard Beaulieu, de Québec solidaire, et M. Sloan ont dit considérer « George Bush [comme] un criminel de guerre ».

Charles Lemieux, porte-parole du collectif Échec à la guerre, a déclaré qu’il « ne déplore pas, [mais qu’il] dénonce » la venue du président américain. M. Lemieux s’est reporté à 2003, lorsque « des dizaines et des centaines de milliers de Montréalais marchaient ici même pour s’opposer à la guerre d’agression que [l’administration Bush] a déclenché contre l’Irak », qualifiant l’invitation de la Chambre de commerce de Montréal d’«affront ».

Le porte-parole du collectif a dressé un bilan très critique des huit années de présidence de « W ». Il a énuméré religieusement les accusations portées contre le quarante-troisième président des États-Unis, qui à ses yeux représente « le déclenchement de deux guerres illégales contre l’Afghanistan et contre l’Irak, l’autorisation de la torture à grande échelle, l’autorisation de détentions arbitraires, les attaques contre les libertés civiles aux États- Unis, la détention d’immigrants aux États-Unis sans justification et sans procès, la négation des évidences scientifiques sur la question environnementale, le non-engagement dans Kyoto, les politiques néolibérales et tant d’autres ».

Outre ces accusations, M. Lemieux a surtout voulu « attirer l’attention sur la signification politique » de cette invitation. D’après lui, « le cercle de dirigeants à Montréal […] et le milieu de l’industrie militaire de toute évidence redemandent des idées de George Bush ». « De quoi se parlent-ils en ce moment entre deux bouchées de caviar », a‑t-il lancé, poursuivant que « les gens fortunés du Canada se payent George Bush non [pas] comme une curiosité, mais comme un porte-parole d’idées rétrogrades que des gens ici veulent réhabiliter ».

À l’écart de la manifestation, certaines personnes dénonçaient la manifestation elle-même. Alain Doucine, ancien élève en informatique à McGill et actuaire de formation, était de ceux-là. Il a qualifié les manifestants de « gens dangereux », de « fan club de Saddam Hussein » et d’«humanistes sélectifs » parce qu’ils « dénoncent Guantanamo, mais oublient les prisonniers politiques du régime de Castro ». M. Doucine a par ailleurs estimé que les manifestants auraient plutôt dû manifester contre le fait que « le Québec exporte de l’amiante chrysolite, une arme de mort massive à déflagration lente et cruelle, vers des pays abusant des libertés civiles » et d’autres torts semblables au lieu de s’en prendre à « l’alliance du monde libre ».

Les forces de l’ordre ont dû parer des chaussures lancées par des manifestants à plusieurs reprises. La manifestation s’est soldée par quelques arrestations et par la mise à feu du Star Spangled Banner et d’un pantin à l’effigie de George W. Bush par des manifestants quelque peu surchauffés.


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