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LGBT : image + nation et questionnement identitaire

Pour sa 22e édition, le festival image + nation offre 11 jours de cinéma sous le signe de l’éclectisme.

Du documentaire aux comédies musicales en passant par toute une sélection de films d’horreur, c’est une programmation fort diversifiée que présente, année après année, le festival montréalais de cinéma LGBT (pour Lesbian, Gay, Bisexual and Transgendered). Des œuvres de toutes les origines et de tous les genres imaginables sont ainsi rassemblées chaque automne afin de faire découvrir aux cinéphiles les multiples visages que peut prendre un questionnement sur l’identité sexuelle et sa place dans la société, de manière tantôt humoristique, tantôt dramatique. C’est donc pour le meilleur et parfois pour le pire que le festival image + nation contribue au rayonnement d’un cinéma indépendant, coloré et audacieux.

Entre Hollywood je t’aime de Jason Bushman, qui était présenté le 22 octobre dernier pour donner le coup d’envoi au festival, et Drool, une comédie noire dans laquelle on retrouve Laura Harring (Rita dans Mulholland Drive) qui viendra clore celui-ci le 31 octobre prochain, les onze jours de programmation d’image + nation s’articulent autour de plusieurs volets bien diversifiés. D’abord, fidèle à la frénésie entourant l’Halloween, HomoHorreur rassemble des courts et des longs-métrages d’horreur de tous genres, parmi lesquels Zombies of Mass Destruction, film américain de Kevin Hamedani, et Weak Species de Dan Faltz. Cette 22e édition donne aussi naissance à un nouveau volet qui réunit sous le thème « Homoparentalité : Kids on film » une série d’œuvres cinématographiques et télévisuelles ayant pour sujet les familles LGBT, dont The Girl Bunnies. Hockey de la Canadienne Françoise Doherty, et Fruit Fly, une comédie musicale interminable et ratée qui n’est heureusement pas représentative de la qualité de la programmation du festival. Dans un registre plus dramatique, la série « Vies Vécues » vise quant à elle à sensibiliser le public à la réalité parfois très ardue des communautés LGBT dans certaines régions du monde. C’est d’ailleurs dans ce cadre que sera présenté le documentaire Beyond Gay : The Politics of Pride de Bob Christie, qui dresse le portrait du combat difficile que mènent plusieurs pour la reconnaissance des droits des homosexuels.

Malgré les diverses directions que peut prendre la promotion du cinéma LGBT, le festival image + nation se fait d’abord et avant tout un lieu de diffusion pour de nombreux cinéastes indépendants, permettant ainsi la découverte de nouveaux talents et la redécouverte d’autres plus établis, dont les œuvres percutantes passent toutefois trop souvent inaperçues. Ainsi, on nous révèle notamment le réalisateur Pascal-Alex Vincent à travers son court-métrage Bébé Requin, présenté en première au Festival de Cannes 2005, et surtout à travers son long-métrage Donne-moi la main, œuvre d’une grande beauté qui raconte avec une finesse et une sensibilité admirables la relation entre deux frères jumeaux.

À cette programmation cinématographique présentée au centre Impérial, au cinéma du Goethe-Institute et au Théâtre du pavillon J.-A. de Sève de l’UQÀM s’ajoutent une table ronde rassemblant plusieurs cinéastes sous le thème « Nouvelle vague des jeunes voix LGBT au Québec », ainsi qu’une exposition de la photographe montréalaise J.J. Levine, qui rassemble les séries Switch (2009), Alone Time (2007) et One night stand (2007), questionnant chacune à leur façon l’identité et les rôles sexuels.

Aussi hétéroclites qu’insolites, les œuvres présentées dans le cadre de la 22e édition du festival Image +nation se présentent, indépendamment du thème commun qu’elles abordent, comme les récits parfois drôles et parfois dramatiques d’une quête d’identité complexe que des cinéastes de talent savent décrire avec poésie. C’est donc un rendez-vous à ne pas manquer pour tous les cinéphiles à la recherche d’inédit en ce mois d’octobre un peu morose.

Festival image + nation
Jusqu’au 1er novembre
www​.image​-nation​.org

Le Délit Le Délit a vu pour vous :

Schank

présenté le mercredi 28 octobre

wisky Schank, le premier film de Simon Pearce, cinéaste anglais de 21 ans, fait certainement partie de ces oeuvres hors-normes dont le festival permet la diffusion. Percutant, cru et d’une violence des plus troublantes, il dresse le portrait du combat que mènera Cal (Wayne Virgo) pour accepter et affirmer son homosexualité, qu’il a longtemps refoulée dans la drogue et dans l’agressivité inhérente au gang de rue auquel il appartient. Supportée par un jeu d’acteurs assez juste, mais par des dialogues quelquefois banaux, la réalisation de celui-ci assume avec brio son côté amateur pour donner à l’ensemble un aspect terriblement réaliste. (É. Bombardier)

Patrik, Age 1.5

présenté le samedi 31 octobre

wisky Patrik, Age 1.5, un film de la réalisatrice suédoise Ella Lemhage, raconte l’histoire d’un couple homosexuel qui désire ardemment adopter un enfant. Une fois leur demande acceptée, Göran et Sven attendent impatiamment l’arrivée du petit Patrik, un an et demi, tout en luttant au quotidien avec les préjugés envers les homosexuels. Demeurant otpimistes malgré ces difficultés, les deux hommes sont ébranlés lorsqu’ils réalisent que le Patrik qu’ils ont adopté est un jeune bum homophobe de 15 ans –et non de 1.5 an ! Malgré ses clichés et son jeu un peu trop surfait, Patrik, Age 1.5 montre la dure réalité des homosexuels dans ce pays scandinave. (J. Côté)

Fig Trees

présenté le mardi 27 octobre

wisky Le réalisateur canadien John Greyson propose une documentaire expérimental des plus éclatés. Les initiés au travail de l’auteur reconnaîtront son style sans égal mariant ici l’activisme –dans la lutte contre le sida– au surréalisme. Fig Trees rencontre des acteurs importants de la lutte antisida qui, au cour du film, se font enlever –par Gertrude Stein!– et transporter à Niagara Falls. Sur fond d’opéra, ce documentaire de Greyson nous laisse un peu perplexe mais surprend surtout. Et que dire de l’écureuil en peluche aux yeux lumineux qui chante ? Il nous hante encore ! Ne serait-ce que pour découvrir Greyson, Fig Trees vaut la peine d’être vu. (J. Côté) 


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