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La pause culturelle

Du recours aux substances

Je sais, le nom de cette chronique est « La pause culturelle », mais pour cette deuxième semaine, je ne m’offre rien de moins que de déroger au thème, déjà ! Prenons une pause de la pause.

Plutôt que de vous emplir le cerveau avec de bonnes idées de sorties culturelles, je me pencherai sur une réflexion des plus sérieuses alternant entre le délire et la nostalgie de ces époques passées que ni vous ni moi n’avons vécues, une sorte de petit voyage psychédélique. Vous me suivez ?

« Méchante folle », que vous vous dites. Ce n’est pas faux. Mais soyez indulgents, j’ai la grippe. On espère qu’il ne s’agit pas du H1N1, ça donnerait raison à LCN et aux autres médias douteux du même type qui nous bombardent de mises en garde.

Étrangement –je suis pourtant une sage fille–, la grippe me force à regretter l’époque du poème Kubla Kahn ­de Samuel Taylor Coleridge, dans lequel il vante Xanadu et ses bonheurs –ne me parlez surtout pas du film avec Olivia Newton-John. Ah ! cette époque où les gens composaient de brillants vers sous l’influence de l’opium ! Comment ne pas souhaiter y être ? J’aimerais dévaler les vallons des trop nombreux cantons suisses à la recherche de l’absinthe interdite, dont je pourrais me délecter en compagnie de Baudelaire, Wilde et Poe. Et pourquoi ne pas faire la fête en compagnie de Janis Joplin et de Jim Morrison ? Bon, d’accord, la fin n’est pas toujours heureuse, mais c’est permis de rêver ! N’êtes-vous pas tentés ?

Vous me direz qu’encore aujourd’hui, les artistes ne sont pas des anges. C’est bien vrai. Je dirais même que plus le temps passe, plus les substances dont on abuse ont des effets ravageurs : pensez à Jean Leloup feu Leclerc feu Leloup…

Que nous reste-t-il en ce début de troisième millénaire ? Est-il encore possible de s’évader sans risquer sa liberté, sa vie et sa dignité ? La réalité est dure, nous le savons tous.

À l’ère de la productivité et des échéances de plus en plus courtes, alors que tout est documenté et qu’on ne peut même plus se permettre d’être médiocre le temps d’une maladie, vaut mieux se contenter de rêvasser que de passer aux actes. Des fois que vous vous lanceriez en politique ! L’histoire du Québec en a vu assez avec André Boisclair.

C’est ce qui me rend nostalgique de ces époques où les lendemains de cuite ne faisaient pas les annales sur Facebook et où les débordements donnaient plutôt lieu à des élans créatifs.

Je dédie donc cette chronique à ceux qui n’ont pas hésité à plonger corps et âme dans l’usage de stupéfiants pour mieux nous offrir des œuvres à étudier et à apprécier.

En plein délire de grippe, alors que j’ai l’impression d’avoir mouché une bonne moitié de mon cerveau, je n’ai qu’une seule envie, me laisser tenter (en référence presque subtile à Philippe Lafontaine). Au moins, j’en viendrais peut-être à oublier ma congestion nasale.

Malheureusement, le seul remède permettant d’échapper à la grippe qui puisse cadrer dans un horaire étudiant est constitué de Tylenol Sinus et, à la rigueur, d’un grog. Rien de plus, rien de moins et surtout, à ne pas mélanger. Vous risqueriez de finir comme Michael Jackson.

Je vous laisse, c’est l’heure d’ingurgiter ma dose quotidienne de chlorhydrate de phényléphrine. De retour la semaine prochaine avec, espérons-le, un contenu moins délirant.


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