Écrite par Anne-Marie Olivier et produite en 2003 dans la Capitale par le groupe Ad Hoc, la pièce s’amène finalement chez les Montréalais pour les transporter à leur tour au creux de la Basse-Ville de Québec.
L’histoire débute dans Saint-Roch, une partie de la ville où la réalité est moins rose et où les laissés-pour-compte sont nombreux. Josée, employée de dépanneur, se sert de son lieu de travail comme d’un laboratoire social au travers duquel elle observe les gens qui animent son quotidien. Après maintes réflexions, qu’elle partage avec son ami Polo, elle se décide à changer le monde par de petits gestes, à faire une différence dans la vie des gens. C’est ainsi que prend forme le projet du psychomaton, une boîte dont le concept est inspiré du photomaton traditionnel et dans laquelle tout un chacun peut se confier pour la somme de deux dollars – en échange de quoi il bénéficie de cinq minutes d’écoute confidentielle et d’une pensée du jour. C’est à travers les confidences de quelque dix personnages, tous assez typés, que l’on plonge dans la vie de Saint-Roch et que l’on découvre la clientèle diversifiée du psychomaton : la femme battue cherchant un refuge en pleine nuit, la vieille dame esseulée et délaissée par sa fille, la commère qui passe son temps à observer ses voisins ou encore le jeune Jimmy, qui cherche un public pour pratiquer ses exposés oraux. À tour de rôle, les personnages ont tous recours au psychomaton.
Si l’invention semble d’abord avoir des répercussions positives, des effets pervers ne tardent pas à se faire voir, au grand désespoir de Josée qui perçoit ces événements comme un échec personnel et social. On finit, fatalement, par condamner le psychomaton et par le remiser, malgré les bonnes intentions de sa créatrice.
Le questionnement existentiel présenté dans Le Psychomaton semble parfois quelque peu enfantin et ressasse des réflexions philosophiques qui ont été maintes fois entendues. La pièce s’avère toutefois rafraîchissante au milieu de la vague de pièces lourdes et sombres qui a déferlé sur la métropole cet hiver. Même si les thèmes abordés dans Le Psychomaton n’ont rien de très joyeux, ils sont abordés avec une forte dose d’humour. La mise en scène, pour le moins intéressante, compense le manque d’originalité des thèmes et des personnages. Certaines références, datant tout de même de 2003, sont un peu fatiguées, mais elles ne manqueront pas de faire sourire ceux qui connaissent bien les enjeux qui ont secoué la capitale.
La pièce se vit comme un séjour en Basse-Ville, d’où les lumières scintillantes de la Haute-Ville sont bien visibles, comme pour rappeler à chaque éclat que la vie est plus facile en haut. Le Psychomaton ne nous bouleverse pas par sa profondeur, mais demeure pour le moins un bon divertissement.