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Un scandale que pour elle-même

Le film de Diane Kurys nous fait découvrir l’histoire de cette auteure qui, au moment de la publication de son premier roman Bonjour Tristesse, obtient à la fois succès et richesse, mais trop rapidement. Dotée d’un tempérament compulsif, Sagan utilise tout cet argent pour mener un train de vie effréné, s’acheter une maison de campagne en Normandie et des voitures de luxe. Lorsqu’un grave accident de voiture passe près de lui arracher la vie, Sagan développe une dépendance aux médicaments qui ne la quittera jamais. Elle se marie à deux reprises ; deux mariages qui se soldent par des divorces mais qui lui laissent un fils avec lequel elle entretient une relation conflictuelle. Après son deuxième divorce, elle fait la rencontre de la styliste Peggy Roche, dont elle partage la vie jusqu’à la mort de cette dernière. À la fois amies, complices et amantes, les deux femmes vivent en cumulant les excès d’alcool et de drogue, consumant leur vie sans jamais ralentir. La mort de Peggy marque la fin des belles années de Françoise Sagan. Ses penchants pour l’alcool, la cocaïne et le jeu la mènent au bord du gouffre jusqu’à sa mort, où elle est dépossédée de sa demeure et de ses droits d’auteur.

Bien que l’histoire de Françoise Sagan possède tous les éléments d’un drame, le film de Kurys traite de la vie de l’écrivaine avec une pointe d’humour, notamment en ce qui a trait à sa dépendance à la cocaïne. Le film s’inspire de la vie de Sagan, mais il n’a pas la prétention de la décrire avec exactitude. Il est agréable de voir un film qui, malgré un grand potentiel dramatique, évite de tomber dans le piège du drame criard et larmoyant. Sagan nous laisse sur l’impression d’en savoir plus sur l’auteure et nous donne envie de replonger dans son univers.

L’excellente distribution du film nous y transporte, et le spectateur ne demande qu’à se laisser emporter. L’actrice principale, Sylvie Testud, donne une interprétation attachante et émouvante de l’écrivaine qui, malgré ses faiblesses, fascine et attendrit du début à la fin. Elle parvient sans difficulté à nous plonger dans l’univers de l’écrivaine, de ses expressions propres à son humour cynique. Sylvie Testud se transforme littéralement en Françoise Sagan. Les personnages secondaires ne sont pas en reste, car les acolytes de l’auteure sont tout aussi bien campés. La seule faiblesse réside sans doute dans le personnage d’Astrid qui, interprété par Arielle Dombasle, est insupportable et peu crédible.

Que ce soit pour mieux connaître Françoise Sagan, ou encore pour s’offrir un bon divertissement, Sagan est un film qui plaît et qui permet de découvrir la philosophie particulière d’une femme unique. Le film prend fin sur une épigraphe composée par Françoise Sagan elle-même qui, tout comme son histoire, laisse perplexe et songeur : « Sa disparition, après une vie et une œuvre également agréables et bâclées, ne fut un scandale que pour elle-même ».


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