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Vive le Kosovo libre ?

Dimanche dernier, le parlement kosovar a proclamé unilatéralement son indépendance face à la Serbie. Après des années de tutelle internationale, ce petit territoire comptant plus de deux millions d’habitants va probablement s’ajouter à la liste des provinces qui se sont séparées de la mère Serbie depuis le démembrement de la Yougoslavie durant les années 1990. La Slovénie, la Croatie, la Bosnie, la Macédoine et plus récemment le Monténégro se sont libérés du joug de Belgrade et ils semblent très bien s’en porter.

Plusieurs pays européens –dont la France et l’Allemagne– ainsi que les États-Unis ont déjà déclaré qu’ils s’empresseraient de reconnaître l’indépendance du Kosovo s’il décidait démocratiquement de se séparer. Cependant, la Serbie refuse catégoriquement de laisser aller ce territoire, et elle est appuyée par la Russie. La Grèce et l’Espagne, de même que la Slovaquie ne sont pas non plus enthousiastes à l’idée de reconnaître cette indépendance, eux qui sont présentement confrontés à des mouvements sécessionnistes.

Ce nouveau petit pays risque donc d’avoir beaucoup de mal à se faire pleinement reconnaître. Cette situation est d’autant plus problématique que le Kosovo a toujours été une province serbe, contrairement aux autres républiques des Balkans, qui étaient des pays souverains avant la création de la Yougoslavie.

Cette reconnaissance doit être acquise le plus tôt possible. Bien qu’il soit vrai que des violences pourraient éclater entre la minorité serbe (5%) et la majorité albanaise (90%) advenant une intervention directe ou indirecte de la Serbie, il me semble évident que cela ne devrait pas faire reculer le gouvernement kosovar ainsi que ses citoyens. En effet, outre la souffrance et la guerre, ce peuple a vécu une oppression sans borne durant les dernières décennies de la part de certains ex-politiciens serbes. Les Kosovars ont même subi une tentative de nettoyage ethnique sous Slobodan Milošević. Après les mauvais traitements qu’il a subis, le Kosovo mérite de pouvoir voler de ses propres ailes, sans être contrôlé par l’État voisin.

Il faut tout de même demeurer réalistes. Depuis 1999, la sécurité du Kosovo est assurée par les forces de l’OTAN et par l’ONU. La transition de province à État souverain devra se faire étape par étape afin de s’assurer que le pays ne sombre pas dans le chaos. Sinon, la mafia, déjà   bien établie, va prendre en charge la sécurité des citoyens.

Le joueur russe n’est pas non plus à négliger, car si la Chine s’allie avec lui –comme plusieurs observateurs le prévoient–, l’accession du Kosovo au statut de membre de l’ONU pourrait être très ardue, voire impossible. Ces deux pays peuvent lui refuser l’entrée en imposant leur veto au Conseil de sécurité.

Le Kosovo entame ici un processus très complexe, mais ô combien intéressant, qui pourrait sans doute servir d’exemple à plusieurs autres États jouissant d’une certaine autonomie au sein du pays duquel ils veulent se séparer. Espérons que cette démarche sera faite sans trop de complications et que la communauté internationale sera en mesure d’en assurer le suivi. Il serait fort dommage qu’un peuple ayant clairement exprimé son désir d’émancipation ne puisse pas obtenir sa pleine souveraineté.


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