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Débat : qu’est-ce qu’une assemblée générale ?

La troisième Assemblée générale (AG) de l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM), tenue le mardi 9 octobre dernier, a provoqué une vague de protestations concernant son déroulement. L’AG avait été annulée après seulement une heure de débat lorsqu’un groupe d’étudiants avait quitté la salle tout d’un coup, brisant le quorum et empêchant ainsi une motion controversée d’être débattue par l’assemblée. Depuis, des étudiants-politiciens de tous les horizons se questionnent sur la validité du format actuel des AG à McGill. Pour encourager les étudiants à participer davantage à cette instance démocratique par excellence, faut-il donner aux AG plus de pouvoir ? Ou faut-il limiter leur exercice ? Bref, qu’est-ce qu’une AG légitime ?

Pour des AG démocratiques et puissantes

Il subsiste une grande incompréhension à McGill concernant les assemblées générales. Il y a un bas taux de participation et ce n’est pas en augmentant le quorum que cela règlera le problèmes de légitimité et de participation. C’est en les rendant démocratiques, ce qui veut dire reconnaître la souveraineté de l’assemblée générale en termes d’instance décisionnelle. Les exécutants et les exécutantes ne devraient pas orchestrer des départs massifs pour faire perdre le quorum afi n que l’on ne traite pas d’un sujet, ce qui est antidémocratique et mérite des excuses publiques, ce qui n’a pas été fait depuis la dernière assemblée générale.

La solution : l’assemblée générale devrait pouvoir prendre des décisions concernant le budget et la modifi cation de la Charte, entre autres. Cela augmenterait l’intérêt des mcgillois et mcgilloises à participer activement aux décisions prises collectivement. De plus, le conseil exécutif devrait faire son possible pour rendre visible la tenue de celles-ci en les publiant largement et dans un délai raisonnable. La démocratie directe, pour la comprendre, il faut la vivre, et les assemblées générales nous permettent de nous impliquer. Cela permet à chacune et chacun d’apporter une proposition qui sera traitée. Les référendums et les assemblées générales sont deux modes de consultation populaire que l’on ne peut jumeler. Les référendums ne permettent ni les débats, ni d’amender les questions proposées, ni la création d’une conscience collective. En assemblée générale, il y a de l’information qui est présentée et des explications qui permettent d’apporter des propositions plus sophistiquées sur la table. C’est également un lieu où l’on peut s’exprimer sur les sujets abordés et poser des questions afi n d’obtenir des éclaircissements avant de voter.

Les amendements sont une procédure très importante. Ils permettent de clarifi er ou de modifi er une proposition sans en altérer le sens. Pensez donc au budget : vous pouvez être d’accord avec le fait qu’une certaine somme soit attribuée à une activité. Cependant, lors du référendum électronique, vous n’êtes pas d’accord avec la somme. En assemblée générale, vous pouvez modifi er la somme ! Au bout du compte, ces sommes nous affectent et nous devrions être en mesure de pouvoir discuter et décider ensemble de ce que nous jugeons nécessaire pour qu’une activité se déroule. Cependant, ce n’est pas le cas à McGill. Pourtant, ce l’est dans bien des institutions du Québec qui considèrent les étudiants et étudiantes assez matures et concernés pour prendre ces décisions. Les référendums ne permettent que d’adopter ou de rejeter les propositions. Ce n’est donc pas en ratifi ant les propositions par consultation électronique qu’on légitime davantage les décisions prises.

À travers le Québec, la majorité des associations étudiantes reposent sur les assemblées générales, où toutes les décisions sont prises, ceci permettant d’impliquer tous les membres qui jugent ensemble de l’orientation à prendre. Les étudiantes et étudiants sont donc au centre de toutes les décisions et sont tenus au courant puisque le conseil exécutif est redevable à l’assemblée générale. Cela a pris une cinquantaine d’années pour arriver à développer une culture d’assemblée générale. La proposition du prochain référendum nie complètement l’autonomie de l’assemblée générale en permettant de la modifi er par plusieurs personnes ne l’ayant aucunement vécue, donc pouvant moins bien comprendre ses répercussions. Pourquoi l’AÉUM ne pourrait-elle pas se doter d’un système de VRAIE démocratie directe participative en permettant l’implication de ses membres et lui laisser le temps de se développer au lieu de s’y attaquer seulement une année après sa mise en place ?

- Jessyka Boulanger pour Graspé


Vers des AG au pouvoir contrebalancé par le vote électronique

Après que la dernière Assemblée générale n’ait pas réussi à conserver le quorum, l’AÉUM a dû se poser de sérieuses questions sur le processus des AG sur le campus. Sa faillite a motivé l’AÉUM à le changer pour le mieux. Maintenant, l’AÉUM nous propose de réformer le processus des AG. Les réformes proposées créeraient deux niveaux de quorum et ajouteraient un vote électronique.

En créant deux niveaux de quorum, les AG gagnent la légitimité qui leur manquait gravement. L’ancien quorum de 100 personnes est maintenu pour qu’une AG soit tenue, mais pour qu’une décision devienne la politique de l’AÉUM, le quorum doit maintenant être de 2% de la population universitaire totale (environ 350 étudiants). C’est un pas dans la bonne direction, car ceci minimisera les chances que des groupes radicaux aient la possibilité d’imposer leur agenda au reste du campus.

La meilleure partie des réformes proposées est celle du vote électronique. Si jamais le quorum de 2% n’est pas atteint, l’AG devient une assemblée de discussion et toutes les décisions prises doivent être soumises au vote électronique. Le vote électronique est un outil sous-utilisé sur le campus. L’AG est un excellent forum pour avoir un débat sur des sujets, mais comme outil pour édicter des politiques, elle souffre d’un manque de représentation adéquate des diverses opinions sur le campus. Les AG voient trop souvent des groupes d’intérêt minoritaire prendre l’avantage d’un bas quorum pour faire avancer leur cause. Ce nouvel outil donnera la chance aux étudiants qui ne peuvent pas, pour n’importe quelle raison, participer à une AG de voir leur vote compter. Ceci ne fait que rendre le processus plus démocratique et juste. Les réformes proposées auront l’effet de donner aux AG une légitimité que tous les participants veulent. En plus, elles créeront une culture et une tradition autour des AG qui serviront de service essentiel au fonctionnement de l’AÉUM. Nous invitons tous les étudiants à voter « oui » aux réformes proposées.

- Patrick Boily pour Étudiants pour une AÉUM centriste. 


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