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SEOUM : Le bilan d’une grève en règle

Cinq jours de grève, résultats contrastés pour une visibilité augmentée.

Jules Tomi | Le Délit

Le vendredi 28 octobre, SEOUM décrétait une grève de cinq jours. La veille du début des célébrations de la Homecoming Week et juste avant le lancement des Portes Ouvertes, frappant l’organisation logistique de la fin de semaine de plein fouet. 

Les 1500 travailleurs se sont mis en grève après que les négociations entre McGill et le syndicat se soient retrouvées dans une impasse. Lors de la fin de semaine, les grévistes se rassemblaient donc près des piquets de grève, interpellant les piétons en distribuant des prospectus. 1500 travailleurs étaient en grève, ou presque, car les floor fellows, les travailleurs s’occupant de plantes et d’animaux sur le campus Macdonald, et autres, ne pouvaient s’arrêter de travailler.

Une université dysfonctionnelle

Ce dimanche, alors que l’événement des Portes Ouvertes accueillait une multitude de futurs étudiants sur le campus, de nombreuses visites ont dû être assurées par des membres de la Gestion de l’effectif étudiant. D’autres événements ont tout simplement dû être supprimés dû au manque de personnel étudiant. Aussi, de nombreuses activités sportives tel que les intramurals ont dû être annulées. 

« Il faut que [l’administration] réalise que lorsque les étudiants arrêtent de travailler, l’Université cesse de fonctionner » a déclaré Inori Roy-Khan, membre de SEOUM, cumulant deux emplois sur le campus et membre du conseil de rédaction du Daily.

« Nos employés font un travail formidable et il faut que nos salaires et la façon dont nous sommes traités reflètent cela !» a martelé cette dernière. 

Conditions de travail : l’enjeu de la lutte étudiante

À l’angle de Milton et  Robert-Bourassa, une étudiante distribuait des prospectus invitant les passants à découvrir l’Université à travers les luttes salariales étudiantes.

Une visite du campus qui peut sembler surprenante au premier abord mais qui s’avère hautement enrichissante. On apprend, par exemple, que les soigneurs pour animaux dans le pavillon McIntyre n’ont pas droit à des congés maladie payés, que les « assistants hygiénistes » de la clinique dentaire de McGill sont payés au salaire minimum sous prétexte qu’ils sont étudiant·e·s et ont des horaires de travail irréguliers, tout comme les caissiers temporaires de la librairie McGill qui reçoivent moitié moins que les caissiers permanents.

Ou encore que les étudiants travaillant pour McGill Athletics and Recreation comme techniciens de surface sont moins bien payés que Marty (la mascotte de l’université).

L’excursion se termine, par une pause devant le pavillon McConnell. Ce même lieu, où, cinq ans plus tôt, le SPVM (Service de police de la ville de Montréal) avait violemment mis fin à une manifestation sur le campus. Depuis, des étudiant·e·s militent pour que le parvis soit rebaptisé Community Square afin de mieux refléter l’héritage militant de l’Université et la répression par les forces de l’ordre, sans succès jusque-là.

Un dernier coup d’éclat

Mercredi dernier, à la surprise générale, SEOUM décidait de tenir un piquet de grève à l’entrée de l’auditorium 132 du pavillon Leacock  alors que ce dernier accueillait la vidéoconférence d’Edward Snowden organisée par Média@McGill. Les membres du SEOUM, rappelons-le, ont manifesté de manière pacifique, étant entièrement dans leur droit, l’auditorium n’était ni plus ni moins que leur lieu de travail. Certains étudiant·e·s étant censé·e·s travailler lors de l’événement.

« Nous voulons que les gens sachent quelles sont nos revendications et ce que traverser notre piquet de grève implique » a expliqué Bradley Powell, responsable aux affaires internes et membre de l’équipe de négociation du SEOUM.

« Nous supportons complètement [Edward] Snowden, […] nous sommes juste là pour informer les étudiants […] sur les conditions de travail précaires sur le campus. Notre but n’est pas d’annuler l’événement » a‑t-il déclaré. Avant de conclure : « Nous voulons que l’Université comprenne que la communauté mcgilloise nous soutient.»

Cela n’a pas empêché l’éclatement de heurts lors de l’événement, notamment dûs à des défaillances d’organisation et de communication. Ainsi s’achevaient les cinq jours de grève de SEOUM, marqués par des piquets, des annulations et des bousculades. Quel a été le vrai impact de la grève ? Premiers éléments de réponse le 10 novembre prochain lors de la reprise des négociations. 


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