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L’hymne à la Môme

Mise en scène de la vie de la chanteuse légendaire avec le ballet Piaf.

Joachim Dos Santos

À l’occasion du centenaire de la naissance d’Édith Piaf, une représentation du spectacle créé en son honneur a eu lieu vendredi 6 novembre au Théâtre Outremont. Ce ballet-théâtre est mis en scène par le chorégraphe et directeur artistique Igor Dobrovolskiy et interprété par une compagnie de ballet néoclassique. Les danseurs du Ballet-théâtre atlantique du Canada retracent, en musique, la vie tumultueuse de la chanteuse.

Le premier acte commence avec Piaf seule, à la fin de sa vie, saoule ou peut-être droguée, sur « Après un Rêve » de Fauré. Elle retrace les grandes étapes de sa vie, entre son enfance, ses histoires d’amour tragiques, puis la gloire, jusqu’à sa mort. 

Joachim Dos Santos

Savoir manier les classiques

Les morceaux de Piaf sont alternés avec des grands classiques de Chopin, Britton, et la célébrissime « Sonate au clair de lune » de Beethoven. Cette alternance donne un certain rythme au spectacle et évite surtout le côté « comédie musicale ». Cependant, il est dommage que les morceaux ne passent pas dans l’ordre chronologique et ne correspondent pas toujours aux moments de la vie de l’artiste qui sont évoqués, alors qu’elle s’est toujours inspirée de sa vie pour l’écriture de ses chansons. En effet, « L’hymne à l’amour » est associé à la Seconde Guerre mondiale alors qu’il s’agit d’une chanson composée au moment de son histoire d’amour avec le boxeur Marcel Cerdan qui aura lieu plus tard, à New York. « Mon Dieu » est plus justement associée à la mort de Marcel. Les chorégraphies qui accompagnent les chansons de Piaf sont très rafraîchissantes et entrainantes pour tous les inconditionnels de la Môme. Du ballet sur « Milord » ? Probablement du jamais vu, mais c’est très réussi. 

« Les chorégraphies qui accompagnent les chansons de Piaf sont très rafraîchissantes et entrainantes pour tous les inconditionnels de la Môme. »

Olga Petiteau incarne le rôle-titre avec brio. Elle parvient à être gracieuse et légère tout en jouant le rôle de la petite femme nerveuse sur qui le sort semble s’acharner. Elle est souvent dans un état misérable afin de rendre au plus juste les tragédies personnelles d’Édith Piaf, marquée par la maladie et la drogue. La prestation de Stéphanie Audet dans le rôle de Mômone est également remarquable. Quant aux danseurs principaux, ils livrent une performance impeccable, bien que certains choix artistiques surprennent.

Incohérence visuelle

Un point en particulier nous laisse perplexe, voire contrariés : les images diffusées sur le lointain et sur la hauteur de l’estrade. Leur qualité est risible, avec des effets dignes d’un logiciel de montage vidéo des années 2000 qui n’apportent absolument rien à la narration ou à l’aspect artistique de l’œuvre. Car ces images sont tout sauf esthétiques. Elles induisent même en erreur : en effet, des images d’Hitler défilant avec ses armées sur les Champs-Élysées suggèrent que l’action se passe à Paris, alors qu’il s’agit du moment où Édith Piaf se produit dans les camps de prisonniers de guerre en Allemagne. Ces images attirent inutilement l’œil du spectateur sur autre chose que le talent des danseurs. Des sons pourraient facilement informer le spectateur sur le contexte sans compromettre sa compréhension de l’histoire. Néanmoins, le jeu de lumières et d’ombres est parfaitement maîtrisé et les costumes et accessoires suffisamment informatifs pour rendre compte du contexte de ce ballet.


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