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The Hunger Games, comme un air de déjà-vu

À mi-chemin entre Battle Royale et The Running Man, The Hunger Games nous plonge à son tour dans sa version édulcorée de la « tuerie-spectacle ».

Gracieuseté d’Alliance Films

L’évènement cinématographique de la semaine dernière en Amérique du Nord était sans nul doute la sortie très attendue de l’adaptation du roman de 2008 de Suzanne Collins, The Hunger Games. Dimanche, on annonçait que le film avait généré un total de 155 millions de dollars d’entrées en seulement trois jours, ce qui le place en troisième position du classement général du box-office, juste derrière The Dark Knight et le dernier volet de la série des Harry Potter. Cet engouement pour le film s’explique sans doute par la popularité des livres de Suzanne Collins, mais un cinéphile ne les ayant pas lus risque de repartir sur sa faim.

Gracieuseté d’Alliance Films

En effet, rien de nouveau sous le soleil pour The Hunger Games. Dans une Amérique post-apocalyptique et dystopique, rebaptisée Panem, le pouvoir est centralisé dans la mégapole prospère du Capitole qui règne sur les douze Districts –en état de paupérisation provoquée– qui l’entourent. En gage de « tribut », le Capitole choisit un garçon et une fille, entre 12 et 18 ans, dans chaque District pour participer aux « Hunger Games », un combat à mort entre les 24 participants retransmit à travers le pays sur les écrans de télévision et duquel un seul « tribut » peut sortir vainqueur et riche. Ils bénéficient tous de sponsors ainsi que de cotes utilisées pour orienter les paris.

Quelque chose qui cloche ? Une impression de déjà-vu ? Si vous avez vu l’excellent Battle Royale ou encore le film The Running Man, c’est normal. Pour ceux qui ne les auraient pas vus, Battle Royale se passe dans un Japon contemporain où la violence et la délinquance foisonnent et le gouvernement, par mesure de répression, envoie chaque année une classe de troisième d’un lycée à problèmes sur une île avec des armes et du matériel, sous la supervision de l’armée, pour se livrer à un combat jusqu’à la mort duquel seul un seul élève pourra sortir vivant.

The Running Man, quant à lui, se déroule dans des États-Unis dystopiques, dans un futur proche, où un large gouvernement centralisé et totalitaire règne d’une main de fer et où certains condamnés peuvent choisir de participer à l’émission télévisée du « Running Man ». Les prémices de cette émission font que le condamné doit survivre dans un terrain délimité tout en étant poursuivi par une équipe de chasseurs cherchant à le tuer et le public de l’émission place des paris quant à la survie du candidat. S’il survit à l’émission, il est alors gracié.

On voit donc l’apparition d’un thème récurrent, surtout quand on sait que Battle Royale date de 2000 (le roman date de 1999) et que The Running Man date de 1987 (le roman de Stephen King datait lui de 1982). De ce point de vue-là, The Hunger Games est plutôt décevant car il présente une vision beaucoup plus édulcorée et moralisatrice. La « gentille » Katniss (Jennifer Lawrence), malgré son incroyable talent d’archère, ne tue presque jamais les « méchants » qui sont, rappelons-le, obligés tout comme elle de participer à l’épreuve. Une histoire d’amour impossible entre les deux participants du même District (Katniss et Peeta) vient aussi s’entremêler à l’action et, au lieu de la renforcer, comme on pouvait le voir dans Battle Royale, la dénature et la ralentit. Ce sentiment de déjà-vu et le frein mis sur le rythme de l’action au profit de considérations manichéennes, qui ont tendance à faire oublier que tous les participants sont ensemble dans la même galère et qui rappellent que « la violence, c’est mal », rendent le film décevant.

Malgré tout, force est de constater que la trame ainsi que la réalisation présentent des éléments novateurs qui viennent rajouter au film un certain intérêt. La métaphore filée de l’Empire romain (à travers les personnages de Caesar, Seneca, Claudius et Cato notamment) et le parallèle avec les gladiateurs et les jeux du Cirque restent savoureux. Enfin, la réalisation et le jeu d’acteur restent satisfaisants et nous donnent deux heures et demie esthétiquement très agréables et au cours desquelles on ne s’ennuie pas.

The Hunger Games est donc un film à aller voir, même si il reste dans l’ombre de ses prédécesseurs et laisse sur leur faim les gens n’ayant pas lu le livre. On attend avec un peu plus d’impatience le deuxième volet de cette trilogie, promettant de s’écarter d’un registre dans lequel il ne brille pas pour, espérons-le, approfondir et développer l’histoire de Katniss et de son combat contre le Capitole.


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