Archives des Santé et sexualité - Le Délit https://www.delitfrancais.com/category/aufeminin/santeetsexualite/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Tue, 28 Nov 2023 23:55:00 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.1 Les poils : silence ça pousse! https://www.delitfrancais.com/2023/11/08/les-poils/ Wed, 08 Nov 2023 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=53303 L’égalité de genre, à un poil près.

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On parle de pousse, de repousse, de trimming your bush, de jardin secret, de jungle…Un vocabulaire finalement très fleuri pour parler des poils pubiens, de pilosité sur les jambes et sous les aisselles. Pourquoi le poil féminin est-il si tabou? Et comment faire pour le déconstruire quand tout semble nous indiquer que ces poils n’ont rien à faire sur le corps des femmes?

Parmi mes amies, l’épilation est considérée comme un rituel ennuyeux, ardu, souvent douloureux, mais nécessaire. La plupart se force à s’enlever les poils des jambes avant d’enfiler une jupe ou un short, et rechigne à l’idée de porter un maillot de bain sans se raser ni épiler la ligne du bikini. L’épilation est considérée comme essentielle pour certaines, à un point tel qu’elles refusent de participer à des activités quotidiennes, telles que faire du sport ou aller à un rendez-vous, si elles n’ont pas prêté attention à l’épilation de leur corps. Entre dégoût, désir, tabou et interdits, le poil est d’abord une affaire d’identité et de pouvoir.

L’Histoire du poil

Des statues de la Grèce Antique aux peintures de la Vénus de Botticelli, l’art a toujours eu tendance à représenter les corps féminins imberbes. La mode, en exposant les corps plus dénués, a suscité de nouvelles injonctions. En 1915, la marque Gillette sort son premier rasoir pour femmes, The Woman’s Gift, et les magazines de mode, les publicités, les mannequins et leurs aisselles lisses, ont contribué petit à petit au diktat de ce standard de beauté. Les femmes « ordinaires » ne s’épilaient pas toutes encore, jusqu’à ce que la Seconde Guerre mondiale crée une pénurie de nylons et de bas, obligeant les Américaines à sortir les jambes nues et à se raser de manière systématique. L’apparition du bikini a également initié une tendance à l’épilation du maillot.

Cette transformation des normes de beauté féminines sest produite de manière descendante en Occident, avec des décisions prises au plus haut niveau et communiquée au reste de la population. Les normes changent en fonction de ce que les gens considèrent de beau ou laid, de propre ou sale. Depuis quand les poils ne sont pas hygiéniques? Au contraire, les scientifiques considèrent la pilosité comme un mécanisme de protection des muqueuses génitales contre les risques d’infection.

Pour revenir à l’histoire du poil, ce n’est qu’après la Covid-19, que de nombreuses femmes ont délaissé le rasoir et l’épilateur. L’Institut français d’opinion public (IFOP) a révélé qu’en 2021, plus d’un tiers des femmes de moins de 25 ans ont déclaré s’épiler « moins souvent qu’avant le premier confinement ». Celles qui ont franchi le pas parlent de « liberté », d’« un gain de temps et d’argent! » ; « moins de douleur ». C’est le cas de Pénélope* qui a ressenti une réappropriation de son corps après s’être laissée pousser les poils sur les jambes et sous les aisselles. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde.

C’est chiant, mais bon…

Près de 73% des femmes en France estiment qu’il est important qu’une femme s’épile pour être séduisante, et nombreuses sont celles qui font part d’un malaise à la vue de certaines formes de pilosité. Ève, 23 ans, dit avoir commencé à se raser vers 16 ans, dès qu’elle a commencé à avoir des relations sexuelles : « Avec la pression des réseaux sociaux, je me suis dit, “ça enlève de mon charme ces petits poils”. » En effet, pour beaucoup, il s’agit d’un choix esthétique. C’est chiant, ça fait mal – la repousse, quand on se coupe sans faire exprès, l’épilation, suivie de ses cris de douleurs – mais bon, c’est nécessaire et puis on s’y habitue n’est-ce pas? Pour Hortense, 20 ans, l’épilation est presque une évidence : « Je ne me suis jamais posé la question. Je ne sors jamais sans mascara, et bien pour les poils c’est pareil. » Elle qui fait de la danse classique, un milieu où les poils sont interdits, elle dit se sentir plus féminine épilée, car elle l’associe à la beauté de manière générale. À titre personnel, Hortense dit s’imposer ce diktat car elle trouve cela plus esthétique. Elle ajoute néanmoins qu’elle « s’en fiche de ce que font les autres, chacune fait ce qu’elle veut ». En effet, on est conscientes aujourd’hui que personne n’est obligé de s’épiler. Mais est-ce qu’un corps sans poils est véritablement un choix personnel, esthétique? 

C’est ton choix, vraiment? 

L’assertion « chacune son choix » empêche la réflexion. Tu te rases « pour toi », mais pourquoi? Parce que tu trouves ça plus joli ? Mais pourquoi ce serait plus joli? Est-ce que ce sont vraiment tes goûts personnels ou est-ce intrinsèquement biaisé par les goûts que la société t’a imposés? La masculinité du poil et la normalité du corps féminin glabre sont des modalités de la socialisation corporelle. Ces normes patriarcales et coercitives sont construites, appliquées, et acceptées. La honte de ses poils pubiens fait son apparition lors des relations sexuelles, mais aussi dans les cabinets gynécologiques, à la plage ou encore chez les sportifs de haut niveau. Ève dit avoir ressenti de la joie après être allée chez l’esthéticienne – malgré la douleur – « parce que j’allais à la plage, donc je me sentais plus à l’aise de me mettre en maillot de bain ». Ce sentiment de soi-disant confort d’être épilée provient selon elle d’une peur d’être jugée par quelqu’un l’observant. Lorsque l’on est rasée, personne ne nous juge, étant donné que cela est conforme aux normes, ce qui devient réconfortant.

« Entre dégoût, désir, tabou et interdits, le poil est d’abord une affaire d’identité et de pouvoir. »

L’épilation intégrale est également intimement liée à l’infantilisation du corps féminin. Inspiré du porno, le rasage total du pubis et des lèvres s’est malheureusement installé dans les mœurs et est devenu une mode.

De plus, il semblerait qu’encore aujourd’hui, la femme doit être parfaite pour monsieur. Ève a demandé en 2021 à son copain de l’époque : « Est ce que les poils sous les aisselles te dérangent? » Elle dit également ne pas avoir été surprise lorsqu’il lui a répondu que « ce n’était pas dérangeant en soi, mais que c’est l’hygiène, ça ne sent pas forcément très bon. » Sauf que pourquoi exiger cette « hygiène » de la part des femmes alors que les poils masculins sont universellement acceptés?

Toutefois, les hommes ne sont pas les seuls à mépriser les corps féminins au naturel. Nos sœurs, nos mères, nos grands-mères sont souvent les premières à nous faire des commentaires sur ce qu’on doit faire ou ne pas faire avec nos poils. « Le poil est une affaire bizarrement familiale, voire communautaire, les gens s’insèrent, donnent leur avis », dit Ève. Dès le collège, les mères de certaines de mes camarades prenaient rendez-vous pour leur fille chez l’esthéticienne, à 14 ans. Selon une étude de Dove, six femmes sur dix admettent juger les autres femmes sur leur pilosité aux aisselles.

Déconstruction du diktat corporel

Non, les poils ne sont pas sales, la pilosité féminine n’empeste pas plus que celles des hommes. Non, une femme qui refuse de s’épiler n’est pas une « féminazi ». Oui, on peut être poilue et séduisante. Juger les femmes qui vivent avec leurs poils librement, c’est les empêcher d’être une partie d’elles-mêmes.

​​Ce diktat a aussi un prix. Les prix des esthéticiennes sont exorbitants, et les rasoirs roses « pour femmes » sont plus chers que les rasoirs « pour hommes ». Le capitalisme a encore frappé, mais cette fois-ci sur le marketing de la honte, où les multinationales se font des millions sur les crèmes dépilatoires, les bandes de cires, les rasoirs et toutes les nouvelles machines qui existent pour parvenir à lisser nos peaux. Ce marché maintient les femmes dans une situation d’insécurité et de subordination. Et présenter le poil comme objet de dégoût ravive une haine du corps féminin, qui n’est malheureusement pas toute neuve.

Les avancées vers un avenir plus poilu
En 1999 déjà – ou seulement – Julia Roberts défilait sur les tapis rouges avec des aisselles naturellement poilues. Toutefois, le chemin vers la démocratisation du poil est encore long et les initiatives de militantisme restent nécessaires. La marque Dove a ainsi récemment lancé la campagne #freethepits pour encourager la confiance des femmes en leurs aisselles poilues lors de la Fashion Week de New York. Au-delà du besoin d’en parler, l’image a un rôle transcendant dans l’éradication du tabou autour de la pilosité. Plus on verra des corps féminins poilus sur les panneaux d’affichage de Times Square ou dans les métros, plus on acceptera nos propres pousses. Le mouvement Maipoils créé par la comédienne canadienne Paméla Dumont, invite également à laisser tomber le rasoir et la cire pendant le mois de mai, ce qui est déjà un début. Des chiffres récents issus d’une étude de Mintel ont révélé que le pourcentage de jeunes femmes âgées de 18 à 24 ans se rasant les poils des aisselles est passé de 95% en 2013 à 77% en 2016. Pour moins se sentir seule dans l’acceptation de sa pilosité, le compte Instagram @payetonpoil rend disponible des témoignages de sexisme pilophobe, avec pour but de défier le statu quo en matière de beauté. Alors, cette nouvelle prise de conscience permettra-t-elle de mettre fin à des siècles d’intolérance envers la pilosité?

*Prénom fictif

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Laissez nos écoles tranquilles https://www.delitfrancais.com/2023/10/04/laissez-nos-ecoles-tranquilles/ Wed, 04 Oct 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=52660 Nous devons éduquer sur la sexualité et l’identité de genre dans les écoles québécoises.

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Avec la sortie de la quatrième saison de Sex Education et la récente manifestation 1 Million March 4 Children, qui avait pour objectif de « plaider en faveur de l’élimination du programme d’orientation sexuelle et d’identité de genre, de l’éducation sur les pronoms, sur l’idéologie de genre et des toilettes mixtes dans les écoles (tdlr) », l’éducation à la sexualité et aux identités de genre est le sujet de l’heure. Notre ministre provincial de l’Éducation, Bernard Drainville, s’est lui aussi lancé dans une croisade anti-inclusion quand il a exprimé son refus catégorique de voir des toilettes non genrées devenir la norme au Québec. Pour sa part, le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon (PSPP), prétend être témoin d’une montée des idéologies de la « gauche radicale » et dit craindre que ces idées deviennent la norme sans être débattues à l’Assemblée nationale. Il a donc proposé une commission parlementaire qui viserait à déterminer si l’identité de genre doit prendre davantage d’espace dans le cursus d’éducation sexuelle, et à partir de quel âge on devrait y exposer les enfants.

L’éducation sexuelle et à la diversité de genre au Québec

Depuis 2018, le ministère de l’Éducation a mis en place un cursus d’apprentissage lié à la sexualité, qui est enseigné partout à travers le Québec. Ce dernier est obligatoire pour les élèves d’établissements primaires et secondaires, autant pour les étudiant·e·s du privé que du public. Au primaire, les jeunes commencent par apprendre les concepts plus globaux liés à la sexualité, comme la croissance sexuelle, l’image corporelle ainsi que la vie affective et amoureuse. Ils·elles apprennent ensuite à reconnaître la violence à caractère sexuel, et suivent un module intitulé « Identité, rôles, stéréotypes sexuels et normes sociales ». Celui-ci initie les jeunes aux stéréotypes genrés de féminité et de masculinité, afin de les reconnaître et de se situer par rapport à ces normes. Ils·elles doivent comprendre en quoi la perpétuation de ces stéréotypes et la discrimination liée à l’orientation sexuelle ou à l’expression et l’identité de genre sont problématiques.

Au secondaire, le programme québécois d’éducation à la sexualité recentre son attention sur la prévention des infections transmises sexuellement et par le sang (ITSS), sur les concepts de consentement, de contraception, et de plaisir et désir sexuel. Bien qu’on parle toujours d’identité de genre dans le cursus académique, d’autres sujets semblent prévaloir sur l’éducation à la diversité de genre à cet âge.

L’éducation sexuelle : un indispensable?

Selon l’organisation Action Canada pour la santé et les droits sexuels, « l’éducation à la sexualité vise à autonomiser les jeunes personnes en leur fournissant les outils et l’information dont elles ont besoin pour faire des choix éclairés et pour vivre selon leurs valeurs (notamment religieuses, spirituelles et familiales) ».

L’organisation souligne l’importance de cette pratique, et met en garde contre la croyance populaire que c’est en fait une sorte de « propagande de la promiscuité », ou encore que cette forme d’enseignement est incompatible avec la foi.

Au Québec, l’éducation sexuelle et sur la diversité de genre cause toujours des vagues. Nous en avons été témoins la semaine dernière, quand des centaines de manifestants se sont rassemblés pour la 1 Million March 4 Children au centre-ville de Montréal, afin de protester contre l’éducation à l’idéologie de genre dans les écoles. Leur rhétorique se centrait principalement sur le droit des parents de décider s’ils·elles désirent leur en parler, et à quel âge ce sujet devrait être abordé.

En revanche, les contre-manifestants étaient d’avis que les protestataires tentaient d’importer les guerres culturelles américaines ici, au Québec, et désiraient priver les jeunes Québécois·e·s d’enseignements importants sur l’inclusion et le respect des personnes de diverses identités sexuelles et de genre. Quant à elles·eux, il est essentiel d’éduquer en jeune âge à la diversité de genre, parce que c’est durant ces années formatrices que les stéréotypes et les attitudes discriminatoires s’enracinent.

Réfuter un argumentaire réducteur et discriminatoire

Pour commencer, l’éducation sexuelle et sur la diversité de genre est une pratique qui, comme mentionné précédemment, ne vise pas à influencer l’identité sexuelle ou de genre de qui que ce soit, mais plutôt à créer un environnement inclusif et accueillant pour tous·tes dans les écoles québécoises. Quand PSPP parle d’une montée de la « gauche radicale », je dis plutôt que c’est le bon sens qui commence à émerger, tout simplement. Il s’agit du minimum que de s’assurer que tous·tes les jeunes se sentent bien dans leurs écoles, sachant que ce n’est parfois pas le cas à la maison. Mais dans quel univers ne voudrions-nous pas rendre nos écoles plus accueillantes aux jeunes vivant déjà au quotidien avec le défi de se sentir différent·e·s?

« Il est essentiel d’éduquer en jeune âge à la diversité de genre, parce que c’est durant ces années formatrices que les stéréotypes et attitudes discriminatoires s’enracinent »

Non seulement l’éducation sexuelle et à l’idéologie de genre rend nos écoles plus inclusives et accueillantes, mais aussi plus sécuritaires. Une jeunesse mal éduquée est une jeunesse en danger. Le programme d’éducation sexuelle permet aux jeunes d’apprendre une panoplie de notions, telles que le consentement, les abus sexuels non traditionnels, comme l’abus verbal ou psychologique, les différents modes de contraception, et plusieurs autres. C’est le manque d’éducation de la jeunesse qui permet à des rhétoriques transphobes, homophobes et autres de se perpétuer : en initiant à la diversité en bas âge, on démonte les murs bâtis autour de la différence, et on ouvre le dialogue, laissant place aux questions et en leur offrant des réponses.

Les discussions autour de différents sujets associés à la sexualité et à l’identité de genre font partie intégrante de l’éducation de nos enfants, et celles-ci passent non seulement par la sphère privée, mais aussi par la dispersion de cette information dans
les écoles. Certains diront : « Mais pourquoi ne pas attendre l’âge adulte, quand nos enfants pourront prendre des décisions pour elles·eux-mêmes? » Selon Action Canada pour la santé et les droits sexuels, il n’y a pas d’âge auquel on devrait initier les enfants à la diversité sexuelle et de genre, ainsi qu’aux différentes facettes d’une sexualité saine. Selon l’organisation, « l’éducation sexuelle à la maison commence dès la naissance, en montrant par exemple à nos enfants que nous respectons leurs limites lorsqu’ils et elles ne veulent pas qu’on leur donne de câlin ou qu’on les chatouille, en répondant à leurs questions sur ce qu’est une famille, ou en contestant l’idée selon laquelle le rose est une couleur réservée aux filles ».

Cette responsabilité d’éducation se transpose par la suite à la sphère publique lorsque les enfants entrent à l’école. Bien que les parents soient les premiers enseignants, l’éducation à la sexualité et aux identités de genre en milieu scolaire sert de complément à l’enseignement offert –ou non–à la maison.On ne peut donc pas supposer que les parents font un travail exhaustif quant à la santé sexuelle et en ce qui a trait à la diversité. Il faut donc que ces sujets soient abordés à l’école, afin de permettre un environnement de compréhension, d’acceptation et de célébration de la différence, non seulement dans nos écoles, mais dans toutes les sphères de la vie.

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Allô chéri, j’ai envie de toi (ou pas) https://www.delitfrancais.com/2023/04/05/allo-cheri-jai-envie-de-toi-ou-pas/ Wed, 05 Apr 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=51614 Témoignages d’étudiantes sur leur rapport au sexe à distance.

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À une ère aussi technologique et numérique que la nôtre, les relations ne sont plus arrêtées par la séparation physique. De plus en plus de couples prennent la décision de maintenir leur lien, par le biais de la  technologie. McGill est une université qui accueille de nombreux étudiant·e·s étranger·e·s, qui ont laissé leur dulciné·e dans leur pays d’origine, et utilisent téléphones, ordinateurs et écouteurs pour maintenir l’alchimie le temps de la séparation. Mais pour le sexe, cet élément du couple en son essence purement physique, quelle relation entretiennent-ils avec le désir ? Le Délit a recueilli les témoignages de quatre étudiantes sur leur rapport au sexe à distance dans leur relation.

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Tous les témoignages sont anonymes

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Sara: J’ai pratiqué le sexe à distance pendant le confinement et pendant les vacances avec mon ex petit-copain avec qui j’ai été en relation pendant plus d’un an. Pendant le confinement, on faisait des facetime où chacun se masturbait, tous les soirs pendant un mois et demi. Parfois, on se voyait la journée et on s’envoyait quand même des nudes le soir. Quand on a commencé les facetime sexuels, je n’avais jamais couché avec un garçon avant, et ça m’a permis de découvrir le plaisir masculin sans me mettre trop de pression, parce que je n’avais rien à faire. Cela m’a aussi permis de m’ouvrir plus facilement, de poser pleins de questions et d’aborder ma première fois beaucoup plus sereinement. J’étais plus à l’aise car le sexe à distance a décomplexé le sexe entre nous. Pendant les vacances, cela nous permettait aussi de préserver notre lien physique et sexuel.

Seulement, à un moment, cela a pris une place vraiment importante dans notre relation, et c’était un peu devenu une routine. Je me suis lassée, et j’avais plus de mal à dire non, car les choses s’étaient installées ainsi. Ça m’arrivait de le faire de façon expéditive, de simuler. Je trouve que le consentement est plus difficile à exprimer à distance car il est plus difficile de faire ressentir les choses à la personne lorsqu’on a du mal à les verbaliser. Au final, c’est le plus gros problème avec le sexe à distance : tu ne peux pas autant comprendre les émotions, les sentiments d’une personne en vidéo que dans la vraie vie. 

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Rita: Avec mon ex-copain, on faisait des facetime sexuels et on échangeait des vidéos et des photos. J’ai plutôt une bonne relation avec ça parce que je n’ai jamais eu de mauvaises expériences, alors que je sais que c’est arrivé à beaucoup de personnes. Je trouve que le sexe à distance c’est une grosse étape. Tu dois d’autant plus avoir confiance en l’autre et être à l’aise avec ton corps. Le sexe avec mon ex prenait une grande part de notre relation, et se voir ainsi à distance nous permettait de garder ce lien et ce désir entre nous, malgré la séparation physique. Quand tu es loin l’un de l’autre, je trouve que tu peux facilement tomber dans une routine, avec les appels et les messages ; pour moi, c’était un moyen de préserver la flamme. L’expérience du sexe à distance peut parfois être frustrante car il y a moins d’alchimie. C’est plus automatique, purement sexuel, et l’autre devient un peu « objectifié », lorsqu’il y a moins le côté affectif, avec les caresses et les câlins. À la longue, j’avais peur que cela devienne toxique, que l’autre devienne seulement un objet à travers l’écran, parce qu’il manquerait ce côté organique.

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Paola : Je suis en relation à distance avec mon copain depuis plusieurs mois. Moi, je n’aime pas trop le sexe virtuel ; je trouve qu’il y a moins d’excitation et je trouve ça gênant quand cela se passe derrière un écran. On s’envoie des photos de temps en temps, mais rien de trop osé. Je lui ai dit dès le début que je n’avais pas envie de voir son pénis à l’écran, que ça ne me faisait rien du tout, et que ça me dégoûtait. Les vidéos ou les appels pour se chauffer, ce n’est pas du tout mon truc non plus. Parfois, on se chauffe par écrit, mais avec le décalage horaire, il va dormir, et moi je me retrouve là, en pleine journée ; je ne suis pas forcément à l’aise, je trouve ça « crade ». Le lendemain, je repense à ce que j’ai dit la veille, et je n’aime pas mes mots. Heureusement sur Snapchat, les messages se suppriment au bout de 24h…

Entre nous, le sexe à distance a été une source d’embrouilles. Lui, il veut vraiment qu’on trouve des moy- ens de le faire, alors que moi, pas du tout. Dans la vie réelle, on aime le sexe de façon plutôt égale. Mais nous sommes en relation à distance maintenant, et dans ce contexte, je peux vraiment m’en passer. Le virtuel ça ne m’excite pas. Les photos me rappellent qu’il est beau, mais cela ne va pas plus loin. Pour lui, les photos ont généralement l’effet inverse, alors il veut que l’on continue à se chauffer après. La plupart du temps, je ne veux pas, ça le frustre et il se braque. Il ne se rend parfois pas compte qu’il me met la pression. Si dans la vraie vie, je ne voulais pas coucher avec lui et qu’il me répondait « ah t’es relou », je le larguer- ais dans la minute, et ça, je lui ai expliqué. Quand on se retrouve, le sexe est vraiment bien, parce que la tension a eu le temps de monter. À distance, c’est plus compliqué.

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Maëlle: Mon copain et moi sommes en relation à distance depuis deux ans maintenant. On se voit tous les quatre mois, en décembre et pendant l’été. Ce qui est particulier, c’est qu’on s’est mis ensemble juste avant que je parte au Canada. On n’a donc pas vraiment pu profiter de la période en début de relation où le sexe prend beaucoup de place. Cela a beaucoup influencé notre rapport au sexe, et la place que cela prenait dans notre relation. Le sexe, pour moi, c’est un mode de con- nexion. Alors, nous avons trouvé d’autres moyens d’avoir cette connexion, même à distance. On a commencé à s’envoyer des photos sexy, on s’écrit aussi. Ça peut partir de quelque chose d’anodin, et après on se chauffe. On a essayé une ou deux fois le sexe au téléphone, c’était marrant, mais je n’étais pas 100% à l’aise, donc je ne sais pas si je le ferai à nouveau. Il est vrai que j’ai l’impression d’avoir moins envie qu’au début parce qu’il n’est pas là, alors il y a moins de choses qui déclenchent mon envie.

Dans notre relation, ne pas avoir de relation sexuelle pen- dant de longues périodes de temps n’est pas un problème. Pour nous, le sexe c’est un bonus, et le fait d’être à distance nous a obligé à fonder notre relation sur une connexion intellectuelle et émotionnelle. J’ai pu voir s’il me faisait rire, s’il m’intéressait vraiment, si j’aimais nos discus- sions. À distance, tu n’as pas la possibilité de régler des conflits ou d’exprimer ton amour pour l’autre par le sexe. Nous n’avions pas ce moyen de nous connecter, alors nous avons appris à tout verbaliser. Nous avons développé des racines fortes parce qu’il y a aussi beaucoup d’amitié entre nous. Sur le long terme, cela a renforcé notre relation.

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Pilule et libido : Pourquoi j’ai dit stop https://www.delitfrancais.com/2023/04/05/pilule-et-libido-pourquoi-jai-dit-stop/ Wed, 05 Apr 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=51618 Opinion sur la pilule contraceptive et comment elle a gâché ma vie.

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J’ai pris la pilule contraceptive pendant quatre années consécutives, de mes 15 ans à mes 19 ans. J’ai commencé à la prendre parce que j’avais un copain et que ma maman m’avait dit qu’il fallait que j’aille chez ma médecin pour me renseigner sur les moyens de contraception. Elle m’avait prescrit, avec une facilité qui paraissait rassurante à l’époque, la pilule Leeloo, que j’ai continué à prendre jusqu’à mes 18 ans. Elle m’avait parlé de potentiels effets secondaires, mais rien qui pouvait me décourager à découvrir ma vie sexuelle, avec ce que je percevais comme une liberté, loin des préservatifs. Ma maman me le disait, la pilule était une chance et les femmes s’étaient battues pour cela. Il fallait que je l’apprécie.

Les choses se sont plutôt bien passées jusqu’à ce que je me sépare de mon premier copain, j’avais 17 ans. Pendant tout ce temps, je n’ai pas eu d’effets secondaires, mais j’ai vécu une petite dizaine de fois sur deux ans l’angoisse insoutenable de se croire enceinte. À 15 ans, je n’avais pas la maturité que nécessite la régularité avec laquelle il faut prendre la pilule. J’étais tête en l’air et emplie de choses à faire et à imaginer, ce qui menait à un nombre incalculable d’oublis de ma pilule. Je pensais pouvoir gérer cette anxiété, jusqu’à ce que les choses se gâtent… J’ai toujours aimé le sexe. Ma relation à mon corps était apaisée avant d’arriver à l’université, et j’aimais entretenir des relations avec des hommes, régulièrement, avec confiance et plaisir. Quand je suis arrivée à l’Université McGill, j’avais déjà quelques problèmes de libido qui se sont aggravés, mais que je prenais pour les conséquences de traumatismes ou d’une évolution naturelle. Je ne mouillais plus, et ma libido avait grandement diminué. J’avais souvent des sauts d’humeur, comme jamais auparavant.

Ma médecin m’a prescrit une nouvelle pilule, cette fois sans œstrogènes, la principale hormone féminine, Optimizette, et tous les symptômes que je viens de vous citer se sont exacerbés. J’étais malheureuse, je n’avais plus aucun désir, mes émotions me jouaient des tours que je ne comprenais pas, et je me croyais malade. Puis, un jour, j’en ai parlé à une de mes meilleures amies à McGill, qui s’est retrouvée dans chacun de mes symptômes. J’ai commencé à en parler autour de moi et j’étais loin d’être seule. Une copine me racontait avoir vu une psychologue pendant un an à cause de sauts d’humeur écrasants, tandis qu’elle a retrouvé son fonctionnement émotionnel normal à la seconde où elle a arrêté la pilule. Mes copines me parlaient de cette « flemme » de faire l’amour depuis qu’elles prenaient la pilule, sentiment que je comprenais si bien. Cette flemme, je la vivais dans ma chair. Ce n’était plus moi. J’aimais le sexe, j’avais envie de vivre avec fougue l’intensité de ma libido, parce que j’aimais ça, parce que j’étais jeune, parce que j’aimais. Après quatre ans de vie commune avec la pilule contraceptive, je lui ai dit que c’était fini, un jeudi après-midi, en plein milieu d’une plaquette. J’avais choisi
la date avec ma meilleure amie qui arrêtait en même temps que moi, pour nous donner du courage. J’ai gardé la plaquette dans mon portefeuille quelques jours, puis finalement, j’ai tout jeté.

« Après quatre ans de vie commune avec la pilule contraceptive, je lui ai dit que cétait fini, un jeudi après-midi, en plein milieu d’une plaquette »

Cela fait maintenant plus d’un an que j’ai arrêté la pilule. Je crois que c’était une des décisions les plus courageuses de ma vie. L’une des décisions dont je suis le plus fière. Je me suis retrouvée, comme je m’étais laissée quand j’avais 15 ans. J’ai retrouvé mon corps, ses variations et ses changements au fil de mon cycle hormonal. J’ai retrouvé ma libido, le fonctionnement normal de mon vagin, mon cerveau et ma joie de vivre. J’ai dit à mon copain d’aujourd’hui que je ne mettrai plus jamais de ma vie quelque sorte d’hormones que ce soit dans mon corps. Elles étaient bannies de ma vie, pour toujours. C’était ma décision et personne ne pouvait me faire changer d’avis. Mon plaisir vaut autant que celui de mon partenaire, et à ce que je sache le préservatif n’arrête pas le désir. Il a compris, ne m’a jamais demandé quoi que ce soit, ni même fait ressentir que ça le dérangeait. Avec la pilule contraceptive, je me suis sentie contrôlée, anesthésiée, on a tenté de m’adoucir, de me faire rentrer dans une case, alors que j’étais une jeune fille amoureuse du sexe, libre et affamée. Je ne veux plus sentir ce contrôle sur mon corps, et je voudrais que l’on parle plus de l’impact de la pilule sur la libido. Non, ce n’est pas un effet sans importance, ce n’est pas parce que nous sommes des femmes que nous n’avons pas le droit de profiter de tout ce que le sexe apporte. Je sais que certains effets de la pilule se poursuivent même longtemps après. Méfiez-vous de sa taille, elle est petite certes, mais cela ne la rend pas moins dangereuse.

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Mon expérience positive de la pilule https://www.delitfrancais.com/2023/04/05/mon-experience-positive-de-la-pilule/ Wed, 05 Apr 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=51623 Opinion : Les risques en valent parfois la chandelle.

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Toi, prends-tu la pilule? » LA pilule, un comprimé tellement connu qu’on n’a même plus besoin d’y accoler un adjectif. Quand on possède un utérus, la question des anovulants s’impose. Cette question, que plusieurs doivent se poser parfois dès la puberté, divise les scientifiques et les médecins, tout comme elle divise notre entourage, qui considère souvent avoir son avis à donner. Permettez-moi donc d’y ajouter mon petit grain de sel positif, que le débat sur la pilule contraceptive gagnerait à prendre en compte.

La première fois qu’on ouvre une boîte de pilules contraceptives, on s’aperçoit qu’elle est essentiellement remplie par une immense feuille plutôt que par les comprimés eux-mêmes. On comprend donc qu’il y a beaucoup de contre-indications à prendre en compte quand on ingère des hormones chaque jour. Parmi les effets secondaires potentiels du médicament, il y a notamment des maux de tête, de l’irritabilité, des nausées et des menstruations irrégulières.

Les risques encourus varient aussi selon les hormones contenues dans les anovulants. Par exemple, les risques les plus dangereux, comme les caillots sanguins, la crise cardiaque, l’hypertension et l’accident vasculaire cérébral, sont seulement causés par les anovulants contenant de l’œstrogène.

« J’ai finalement trouvé une troisième pilule (…) qui a eu des effets incroyables sur mon bien-être » 

Parmi les personnes prenant ce type de médication, ce n’est qu’un faible pourcentage d’entre elles qui va réellement avoir de tels effets sur sa santé. Il est tout de même important de garder en tête que cette petite fraction, lorsque mise à grande échelle, se traduit par un grand nombre de personnes. Bien que ces problèmes de santé ne soient pas fréquents, ils peuvent être particulièrement graves, ce qu’il faut prendre en compte avant de commencer la médication. Pour une personne à la recherche d’un moyen de contraception qui n’impacte pas sa santé, tous ces risques peuvent faire pencher la balance vers un contraceptif différent. D’un autre côté, de nombreuses personnes prennent la pilule pour d’autres de ses bienfaits, au-delà de la promesse d’une absence de grossesse. Par exemple, pour les personnes qui ont des crampes menstruelles sévères chaque mois, prendre la pilule peut offrir des menstruations plus régulières et moins douloureuses, en plus de rendre leur flux plus léger. Les anovulants ont aussi la capacité de diminuer l’anémie et l’acné, de traiter l’endométriose et de réduire les risques de certains cancers. Ils permettent aussi, chez certaines personnes, de réduire le syndrome prémenstruel (SPM), dont les impacts sont affectifs, cognitifs et physiques, et qui touchent près de 70% des personnes possédant un utérus.

J’ai moi-même vécu avec un SPM très sévère qui a compliqué ma vie de mes 14 à 21 ans. Pour le traiter, j’ai essayé deux sortes d’anovulants, l’anneau contraceptif et des antidépresseurs, sans succès. J’ai finalement trouvé une troisième pilule, mieux adaptée à mon corps que les précédentes, qui a eu des effets incroyables sur mon bien-être. Étonnamment, ce médicament a été drastiquement plus efficace que les antidépresseurs pour améliorer ma santé mentale, puisqu’il agissait directement sur mon problème, dont la source était hormonale. Ce comprimé quotidien m’a été particulièrement bénéfique, et je pense que cela nécessite de nuancer le bilan bien terne que plusieurs dressent à l’égard de ce médicament.

Après tout, on est menstrué·e presque le quart de notre vie adulte et cette proportion est la même pour le syndrome prémenstruel. Mon SPM nuisait suffisamment à ma qualité de vie pour que je décide de prendre la pilule : les risques qu’elle avait pour ma santé valaient la peine d’être encourus si elle me permettait de mieux profiter de ce quart de ma vie où j’avais mon SPM, qui était autrefois assez pénible. Prendre ce médicament chaque soir me permet aujourd’hui de m’épanouir, etjenesuispaslaseuleàvoirla pilule sous ce jour positif. Si les anovulants améliorent la qualité de vie de plusieurs, que ce soit sur le plan physique, émotif ou cognitif, ils méritent que leurs bienfaits ne soient pas passés sous silence.

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Voyage à travers une révolution sexuelle https://www.delitfrancais.com/2023/02/15/voyage-a-travers-une-revolution-sexuelle/ Wed, 15 Feb 2023 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=50887 Portraits : D’une sexualité cachée à une sexualité libérée.

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Une sexualité secrète, cachée 

Pendant des siècles, la sexualité féminine, liée seulement au plaisir, sans préoccupation de la fonction reproductrice, est un sujet tabou. Pour autant, elle est bel et bien discutée, mais dans des cercles restreints et élitistes (rappelons-nous de Mme de Montespan ou encore de Pompadour!). Enfermée dans des visions moralistes et religieuses où la discrétion était cardinale, aucune visibilité ne lui est donnée. En 2023, la sexualité des femmes n’est plus terre inconnue. Mais cela ne fut possible qu’à l’issue d’un long processus de reconnaissance, durant lequel les femmes ont dû se battre pour s’affirmer. Alors à qui et à quoi devons-nous cette libération? Retraçons ce combat, cette révolution.

La « révolution sexuelle »

En 1948, le scientifique Alfred Kinsey publie des rapports sur la sexualité des hommes et des femmes dans lesquels il déconstruit les clichés et normes jusqu’alors instaurés. Pour la première fois, véritablement, un homme s’attaque au fameux sujet tabou : les femmes. Les rapports Kinsey révèlent que les femmes expérimentent elles aussi la sexualité : elles prennent du plaisir! Plaisir jusqu’alors nié, impensable aux yeux de la société. Alors, petit à petit, les questions liées à la sexualité féminine s’immiscent dans les consciences et prennent de l’importance. Le véritable tournant s’opère dans les années1960, durant lesquelles on parle presque de révolution des mœurs. D’abord aux États-Unis, avec la dépénalisation de la pilule contraceptive, puis en Europe, avec les nombreuses manifestations pour la reconnaissance du plaisir sexuel féminin. Les femmes, jusqu’alors silencieuses, haussent le ton, se révoltent et prennent part à ce que l’on nommera la « révolution sexuelle ». Face à la société patriarcale qui leur a dicté pendant des siècles ce qu’elles pouvaient faire de leur corps, elles s’affranchissent pas à pas, notamment du devoir maternel absolu. Au-delà du bouleversement des morales, un grand combat législatif prend place afin d’éliminer les discriminations, accroître la liberté des femmes et promouvoir l’égalité des sexes. Des discussions acharnées prennent place, notamment sur le droit à la contraception et à l’avortement, nécessaires à la libération de la sexualité féminine. À l’issue de longs combats, les victoires s’accumulent, laissant place à l’espoir d’une égalité et une liberté totale de la sexualité. 

« N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant »

Simone de Beauvoir

Les révolutions sociales et scientifiques

Alors que la plus grande part de mérite revient évidemment aux femmes dans cette révolution sexuelle, il est important de reconnaître le contexte favorable dans lequel cette libération a été possible. Le XXe siècle est une époque qui a connu des révolutions sur tous les plans : industriel, politique, économique et social. Ces changements sont nombreux et cherchent à renverser l’ordre établi en changeant en profondeur les structures jusqu’alors ancrées. En Europe, le monde politique et économique se libère, permettant des réflexions sur l’ordre des choses et la place de chacun et chacune dans la société. Le désir de se dissocier de l’ancien temps crée une atmosphère d’émancipation. Mai 68 fut le clou du spectacle, faisant office de coup d’accélérateur pour toutes les revendications. Ces révolutions sociales et politiques furent le facteur clé qui ont permis d’envisager un autre avenir pour les femmes, leur laissant la possibilité de prendre leur vie, leur sexualité et leur futur en main. En parallèle, ce sont également les révolutions scientifiques qui ont permis de mettre en pratique ces idées. Période de rupture avec les morales religieuses, cette évolution du monde scientifique aborde de nouveaux sujets et s’intéresse enfin aux femmes. Les méthodes de contraception et l’avortement leur permettent enfin de disposer de leur corps comme elles le souhaitent. Ainsi, les révolutions sociales, scientifiques et sexuelles se complètent, cette dernière ne pouvant être victorieuse sans les deux premières. 

Le combat continue 

Aujourd’hui, les femmes semblent plus libres dans leurs relations sexuelles, mais le combat n’est pas fini. Que ce soit en Occident avec les clichés de la femme libérée à abattre ou dans les pays dans lesquels la sexualité des femmes n’est pas encore considérée, rien n’est acquis. Comme l’a écrit Simone de Beauvoir : « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. » La preuve irréfutable se trouve en Iran. Les femmes, après une période de liberté, se retrouvent une fois de plus enchaînées et prisonnières d’une société religieuse patriarcale au sein de laquelle le plaisir féminin n’existe pas. Mais les femmes sont des révolutionnaires. La fièvre du XXe siècle ne s’est pas estompée et n’hésitera pas à refaire surface. Partout dans le monde le combat perdure au nom de l’espoir d’une libération totale et définitive. 

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