Eugénie St-Pierre - Le Délit https://www.delitfrancais.com/author/e-stpierre/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Wed, 02 Apr 2025 03:39:33 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.2 Aux urnes : élections fédérales 2025 https://www.delitfrancais.com/2025/04/02/aux-urnes-elections-federales-2025/ Wed, 02 Apr 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58021 Un aperçu des chefs et des plateformes des principaux partis.

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L e 28 avril prochain, les Canadiens se rendront aux urnes pour élire leur 45e gouvernement fédéral. Cette élection fait suite à la dissolution du Parlement, annoncée le 23 mars par la gouverneure générale Mary Simon, à la demande du premier ministre Mark Carney. Depuis quelques semaines, la campagne électorale bat son plein : sur les réseaux sociaux et dans la rue, les partis politiques s’activent pour rallier le plus grand nombre d’électeurs à leur cause. Pour de nombreux étudiants de l’Université McGill, l’élection d’avril est une première occasion de participer au processus démocratique fédéral. Afin de vous accompagner dans votre réflexion et vous permettre de faire un choix éclairé, Le Délit propose un guide des plateformes des cinq principaux partis politiques en lice.

Yves-François Blanchet, chef du Bloc Québécois (BQ)

Yves-François Blanchet est à la tête du Bloc québécois depuis 2019. Avant de faire le saut en politique fédérale, il a longtemps évolué sur la scène provinciale au sein du Parti Québécois, où il a notamment occupé le poste de ministre du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs. Originaire de Drummondville, il représente la circonscription de Belœil-Chambly. Le Bloc québécois occupe une place particulière dans le paysage politique canadien, étant exclusivement implanté au Québec. Son objectif ultime demeure l’indépendance du Québec, mais il se veut aussi un porte-parole des Québécois à Ottawa, intervenant sur les dossiers qui touchent directement la province. Depuis son arrivée à la tête du parti, Blanchet martèle un message clair : « Si c’est bon pour le Québec, on va être pour, et si ce n’est pas bon, on va être contre. » À l’approche des élections de 2025, il mise sur cette même stratégie en appelant les Québécois à lui donner un mandat fort afin de mieux défendre leurs intérêts face au gouvernement fédéral.

Jagmeet Singh, chef du Nouveau Parti Démocratique (NPD)

Jagmeet Singh, avocat de formation, cumule désormais 12 années de présence sur la colline du Parlement en tant que député du Nouveau Parti démocratique (NPD) et sept ans à la tête du parti. Il est le premier chef permanent d’un grand parti fédéral à être issu d’une minorité visible ; Singh est sikh et porte le kirpan. Sur le plan idéologique, le NPD se revendique comme un parti progressiste et social-démocrate. Singh se positionne comme un fervent défenseur des familles de la classe moyenne et des travailleurs. Parmi ses principales priorités figurent l’augmentation des investissements dans les services publics, en particulier la santé et l’éducation, ainsi que la mise en place d’un programme national d’assurance-médicaments et de soins dentaires. Il plaide également en faveur d’une transition écologique, misant sur les énergies renouvelables et la réduction des subventions accordées aux industries polluantes. Alors que les élections approchent, Singh cherche à convaincre les électeurs que son parti représente une alternative viable aux libéraux et aux conservateurs, en promettant un gouvernement qui place les citoyens ordinaires au cœur de ses priorités.

Stu Doré | Le Délit

Mark Carney, chef du Parti Libéral du Canada (PLC)

Mark Carney est le premier ministre sortant du Canada. Avant de succéder à Justin Trudeau le 9 mars 2025, il n’avait pas d’expérience en politique : s’il remporte la circonscription de Nepean, en Ontario, lors des prochaines élections, ce sera sa première victoire électorale officielle. Issu du milieu financier, Carney a bâti une carrière en tant que gouverneur de la Banque du Canada (2008–2013), où il a participé à la gestion de la crise financière mondiale. Il a ensuite dirigé la Banque d’Angleterre (2013–2020), devenant ainsi le premier étranger à occuper ce poste. Son expertise économique l’a également conduit à conseiller Justin Trudeau pendant la pandémie. À la tête du Parti libéral, Carney incarne une rupture avec la politique plus progressiste de Trudeau, adoptant une approche plus centriste, voire pragmatique, en matière d’économie. Dès son premier jour en fonction, il a aboli la taxe carbone et prévoit également d’éliminer la taxe sur les produits et services (TPS) sur l’achat de propriétés de plus d’un million de dollars. S’il est réélu, il compte faire de l’équilibre budgétaire sa priorité. À l’approche des élections, Carney cherche à convaincre les électeurs que son expérience en gestion économique et en gestion de crise fait de lui le premier ministre idéal pour assurer la stabilité du Canada dans un contexte mondial incertain.

Stu Doré | Le Délit

Pierre Poilievre, chef du Parti Conservateur du Canada (PCC)

Pierre Poilievre évolue dans le paysage politique canadien depuis 2004, année où il est élu député à la Chambre des communes pour la circonscription de Carleton, en Ontario. Reconnu pour son style percutant et parfois conflictuel, il s’est rapidement imposé comme une figure influente du Parti conservateur du Canada. En 2022, il accède à la tête du parti, devenant ainsi chef de l’opposition officielle. Sur le plan idéologique, Poilievre se positionne comme un fervent défenseur du conservatisme économique, plaidant pour une réduction des impôts et une approche axée sur la liberté individuelle. Le Parti conservateur, sous sa direction, met de l’avant l’accessibilité au logement, le redressement des finances publiques et la lutte contre la criminalité. Ses slogans, dont « Couper les taxes et impôts », « Bâtir des logements », « Réparer le budget » et « Stopper les crimes [sic] », incarnent sa vision d’un Canada plus prospère et sécuritaire. À travers ses prises de position tranchées, il cherche à séduire une base électorale préoccupée par le coût de la vie, la bureaucratie et la sécurité au Canada.

Stu Doré | Le Délit

Jonathan Pedneault et Elizabeth May, cochefs du Parti Vert du Canada (PVC)

Le Parti vert du Canada est actuellement dirigé par deux cochefs, Elizabeth May et Jonathan Pedneault. Si le parti remportait une majorité à la fin du mois, ce serait Pedneault qui deviendrait premier ministre. Ancien journaliste, il a couvert des conflits dans plusieurs pays d’Afrique avant de rejoindre Amnistie internationale. Il s’est lancé en politique en 2022 et a été élu cochef du Parti vert en 2025 aux côtés de May. La plateforme du Parti vert repose avant tout sur la protection de l’environnement, avec des engagements forts, tels que la responsabilisation des grands pollueurs et la suppression des subventions aux compagnies pétrolières et gazières. Le parti adopte également une position progressiste sur les enjeux sociaux, prônant une meilleure accessibilité aux services de santé et la protection des droits des minorités. À l’approche des élections, Pedneault tente de convaincre les électeurs que le Parti vert est prêt à gouverner en proposant une vision axée sur la justice climatique et sociale.

Stu Doré | Le Délit

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L’Université Columbia rend les armes https://www.delitfrancais.com/2025/03/26/luniversite-columbia-rend-les-armes/ Wed, 26 Mar 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57889 Une ingérence politique inédite de l’administration Trump.

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Le vendredi 21 mars, l’Université Columbia à New York a annoncé son intention d’appliquer une série de mesures exigées par l’administration de Donald Trump. Cette décision intervient dans l’espoir de récupérer les 400 millions de dollars de fonds fédéraux que le gouvernement avait suspendus, accusant l’établissement de tolérer l’antisionisme et l’antisémitisme sur son campus.

Dans une lettre adressée au gouvernement américain, Columbia s’est engagée à revoir en profondeur sa gestion des manifestations étudiantes, à adopter une définition stricte de l’antisémitisme et à réformer plusieurs départements académiques, notamment ceux consacrés au Moyen-Orient, à l’Afrique et à l’Asie du Sud.

Depuis plusieurs semaines, Columbia tente de concilier les pressions gouvernementales avec la mobilisation persistante de ses étudiants, qui manifestent pour la liberté d’expression et la cause propalestinienne. La décision du 21 mars marque un tournant majeur, susceptible d’avoir des répercussions sur d’autres universités américaines confrontées aux mêmes tensions sous la gouvernance de Trump.

Le corps étudiant en colère

Depuis le début du mois de mars, des manifestations agitent le campus de Columbia et les rues de New York. Celles-ci s’attaquent aux mesures imposées par Trump, mais aussi à la réaction jugée trop conciliante de l’université. La semaine dernière déjà, pour apaiser la pression fédérale, Columbia avait pris la décision de sanctionner les étudiants impliqués dans le campement propalestinien de l’été 2024. Certains risquent l’expulsion ou la perte de leurs diplômes, tandis que d’autres font déjà face à des poursuites judiciaires.

« Il suffit de prendre la parole ou de participer à une manifestation où on se ferait prendre en photo pour risquer le renvoi ou la déportation »
Camille, étudiante à Columbia

L’affaire a pris une tournure dramatique début mars avec l’arrestation par la police fédérale de l’immigration (ICE) de Mahmoud Khalil, un Palestinien diplômé de Columbia et figure du mouvement étudiant. Son interpellation, qui pourrait conduire à son expulsion du pays, a provoqué une vague d’indignation dans le monde universitaire. À l’heure actuelle, Khalil est toujours détenu en Louisiane, bien qu’il possède les documents nécessaires pour justifier sa présence légale aux États-Unis.

Camille, étudiante en programme de maîtrise à Columbia, témoigne : « C’est difficile, parce qu’on a envie de prendre la parole pour exprimer notre colère face à la situation – que ce soit les coupes budgétaires ou les arrestations – mais le fait de lever la voix nous expose à beaucoup de dangers. Il suffit de prendre la parole ou de participer à une manifestation où on se ferait prendre en photo pour risquer le renvoi ou la déportation. » Elle ajoute que la situation actuelle sur le campus est très tendue et anxiogène : « C’est vraiment inquiétant, surtout en tant qu’étudiants étrangers, de se dire qu’à tout moment sur le campus ou aux abords on peut se retrouver face à l’ICE ou le DHS [Department of Homeland Security], qu’on peut assister à la déportation de quelqu’un », confie-t-elle.

Un élan de solidarité au-delà des frontières

Au Canada, des universitaires et associations étudiantes ont exprimé leur soutien aux étudiants de Columbia. L’association Étudiants pour l’honneur et la résistance de la Palestine (Students for Palestinian Honour and Resistance, SPHR) de l’Université McGill a publié un message de soutien à Mahmoud Khalil sur Instagram : « Depuis 16 mois, nous avons vu des administrateurs d’universités à travers l’Amérique du Nord collaborer avec la police, les gouvernements fédéraux et les groupes de pression sionistes pour tenter d’étouffer l’Intifada étudiante. […] Les étudiants canadiens ne sont ni inconscients ni immunisés contre la répression de l’État. Nous exigeons la libération de Mahmoud Khalil et le désinvestissement immédiat! (tdlr) »

Alors que les tensions ne faiblissent pas, la situation de Columbia illustre un climat de plus en plus hostile aux mouvements étudiants contestataires aux États-Unis, et pose la question de l’avenir de la liberté d’expression dans les campus américains.

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La sélection d’actus du Délit https://www.delitfrancais.com/2025/03/19/la-selection-dactus-du-delit-10/ Wed, 19 Mar 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57755 Restriction de l’initérance dans le métro montréalais, suppression de la taxe carbone et potentiel cessez-le-feu entre l’Ukraine et la Russie

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RESTRICTION DE L’ITINÉRANCE DANS LE MÉTRO MONTRÉALAIS

Le jeudi 13 mars, la Société des Transports de Montréal (STM) a annoncé une mesure visant à interdire le « flânage » dans ses stations de métro et leurs entrées. Selon la STM, cette décision vise à « améliorer le sentiment de sécurité, la propreté des stations et à faciliter la fermeture des installations la nuit, tout en maintenant la fluidité du transport ».

Cette décision semble principalement cibler la population itinérante de la ville, qui trouve souvent refuge dans les stations de métro pendant l’hiver. Désormais, les constables spéciaux de la STM auront le pouvoir d’expulser les « flâneurs » sans avoir à fournir d’explications. Cette nouvelle mesure s’accompagne d’une augmentation de la présence policière, effective depuis le 7 février, qui inquiète de nombreux observateurs.

Jade, étudiante de McGill qui fréquente quotidiennement la station Atwater, témoigne qu’il y a « toujours des personnes sans-abri à la station ». Celle-ci est en effet connue comme étant une des stations attirant le plus grand nombre de personnes sans domicile fixe. Elle raconte également avoir vu beaucoup plus de constables spéciaux dans le métro depuis quelque temps. Si elle précise qu’elle « évite de prendre le métro la nuit » et qu’elle « fait attention », elle souligne aussi qu’elle habite à proximité de la station depuis trois ans, sans avoir jamais rencontré de problème avec les sans-abris. « Je ne trouve pas cela justifié de leur demander de partir, alors que c’est encore l’hiver… », confie-t-elle. Un sentiment partagé par plusieurs autres usagers qui jugent cette mesure excessive, tout particulièrement en période hivernale.

La Ville de Montréal a également annoncé qu’elle prolongera jusqu’à la fin avril la période d’ouverture de ses deux haltes-chaleur, Lucien-Saulnier et Saint-Laurent. Bien que les mesures de la STM visent à rendre les transports publics plus sûrs et agréables pour tous les usagers, elles soulèvent des interrogations sur leur impact social. Les mesures, qui seront appliquées jusqu’à la fin avril, remettent en question l’efficacité de la réponse apportée à la crise de l’itinérance à Montréal.

LA FIN DE LA TAXE CARBONE AU CANADA

Eileen Davidson | Le Délit

Le vendredi 14 mars, le jour même de son assermentation en tant que nouveau chef du Parti libéral du Canada et premier ministre du pays, Mark Carney a signé un décret pour supprimer, à compter du 1er avril, la taxe carbone. Cette décision marque sa première action en tant que premier ministre et pourrait avoir un impact considérable sur les Canadiens.

Lors de l’annonce de cette décision, Carney a tenu à rassurer les Canadiens inquiets des conséquences de l’élimination de la taxe : « Cette mesure fera une réelle différence pour ceux en difficulté, tout en faisant partie d’un ensemble de politiques visant à lutter contre le changement climatique, à renforcer la compétitivité de nos entreprises et à soutenir le progrès de notre pays (tdlr). » Il a annoncé que le prix à la pompe allait baisser de façon considérable, et que d’autres initiatives seraient mises en place pour continuer à lutter contre les émissions de gaz à effet de serre – mentionnant notamment des mesures incitatives pour encourager les Canadiens à adopter des comportements plus écologiques, en particulier en ce qui concerne les consommateurs.

Or, les militants pour l’environnement craignent malgré tout les effets potentiellement néfastes de cette mesure. Selon Eulalie Reesink-Babillon, coordinatrice de la mobilisation au sein de l’organisation environnementale Last Generation à Ottawa, « il faut que Carney comprenne que la crise climatique pose un danger immédiat, et que ses politiques doivent être encore plus radicales que celles de Trudeau. Enlever la taxe carbone crée un précédent dangereux pour Carney ; c’est synonyme de négliger la sécurité des Canadiens ».

Cela fait plusieurs années que le Parti conservateur milite pour l’abolition de la taxe carbone, avec le célèbre slogan « axe the tax » de Pierre Poilievre. Cette taxe avait été introduite par l’ancien premier ministre Justin Trudeau en 2019, dans le but de réduire les émissions de gaz à effet de serre et d’encourager les Canadiens à adopter des pratiques plus écologiques. La décision de Carney marque un tournant dans la politique canadienne : entre impact économique et objectifs environnementaux à long terme, seul le futur saura nous révéler l’impact d’une telle décision.

VERS UNE TRÊVE DANS LA GUERRE RUSSO-UKRAINIENNE?

Eileen Davidson | Le Délit

Le mardi 11 mars, l’Ukraine a accepté une projet de cessez-le-feu de 30 jours avec la Russie, sous la pression du président américain Donald Trump, à condition que la Russie y consente également. Le 14 mars, Donald Trump a déclaré sur le réseau social Truth Social : « Nous avons eu de très bonnes et productives conversations avec le président russe Vladimir Poutine, et il y a une très forte probabilité que cette guerre sanglante puisse enfin prendre fin. »

Toutefois, bien que Vladimir Poutine ne s’oppose pas formellement à une trêve, le président russe a exprimé des réserves en soulignant qu’il restait « des nuances » à considérer avant d’accepter. Il a notamment précisé que les prochaines étapes vers un cessez-le-feu dépendraient de la libération de la région frontalière de Koursk, occupée partiellement depuis le mois d’août par l’armée ukrainienne.

Face à cette incertitude, Keir Starmer, le premier ministre britannique, a convoqué un sommet virtuel le 15 mars, réunissant une trentaine de dirigeants alliés de l’Ukraine. Parmi les participants figuraient des représentants de nombreux États européens, de pays membres de l’OTAN et de la Commission européenne.

Au cours de cette rencontre, les dirigeants ont insisté sur la nécessité de renforcer la pression exercée sur la Russie afin de mettre fin à ce conflit de manière définitive. « La balle est dans le camp de la Russie », a affirmé Keir Starmer, soulignant que la Russie devait «tôt ou tard s’engager dans des négociations sérieuses ». De son côté, Emmanuel Macron, le président français, a ajouté que Vladimir Poutine cherchait à « tout obtenir avant de négocier », précisant que la Russie « ne semblait pas véritablement désireuse de la paix ».

La situation demeure donc complexe, et la fin de la guerre reste incertaine, malgré les appels croissants à la négociation.

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Le « couronnement » annoncé de Mark Carney https://www.delitfrancais.com/2025/02/26/le-couronnement-annonce-de-mark-carney/ Wed, 26 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57641 Le point sur la course à la chefferie du Parti libéral du Canada.

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Il ne reste plus que 11 jours avant le dénouement de la course à la chefferie du Parti libéral du Canada. Le 9 mars, les membres du parti désigneront non seulement leur nouveau chef, mais aussi le futur premier ministre du pays, qui occupera ses fonctions jusqu’aux prochaines élections fédérales. Alors que la campagne touche à sa fin, faisons le point sur les enjeux et les dynamiques de la course.

À l’heure actuelle, les sondages placent l’ex-gouverneur des banques du Canada et de l’Angleterre, Mark Carney, en tête, loin devant l’ancienne vice-première ministre de Justin Trudeau, Chrystia Freeland, l’ancienne leader du gouvernement à la Chambre des communes, Karina Gould, et l’ancien élu montréalais, Frank Baylis. Carney réussirait même à combler l’écart qui sépare les libéraux et les conservateurs dans l’opinion publique, avec un taux de popularité estimé à 39%, qui suit de très près les 40% du chef conservateur Pierre Poilièvre.

Liberal McGill, l’association officielle du Parti libéral du Canada à McGill, a choisi de soutenir la candidature de Mark Carney, qui aurait reçu « un appui massif de la part des membres (tdlr) », selon Quinn Porter, président de l’association. Ce dernier a expliqué au Délit que l’association a eu l’opportunité de rencontrer Carney, Freeland et Gould, « une expérience formidable qui a attiré de nouveaux membres et nous a permis d’aborder différentes idées ». Rowan Watchmaker, membre de Liberal McGill, explique que l’objectif principal de l’association est de « veiller à ce que les étudiants libéraux sachent quand et comment voter, tout en s’assurant qu’ils disposent de suffisamment d’informations sur tous les candidats pour faire un choix éclairé, en accord avec leurs valeurs personnelles ».

« Il faudrait vraiment un drame ou une catastrophe pour qu’il ne devienne pas le leader du Parti libéral du Canada le 9 mars »

Daniel Béland, professeur de science politique

Les candidats à la chefferie du Parti libéral

Afin d’éclaircir les enjeux de la course à la chefferie, le Délit s’est entretenu avec Daniel Béland, professeur de science politique canadienne à l’Université McGill et directeur de l’Institut d’études canadiennes à McGill (IÉCM). Le professeur Béland explique que le public a une image très favorable de Mark Carney, un candidat nouveau en matière de politique qu’on a tendance à voir comme un « grand technocrate, un économiste, un expert ».

Par rapport aux autres candidats, Carney a « plus de soutien populaire, plus de soutien de l’élite de son parti et plus de soutien financier. Il faudrait vraiment un drame ou une catastrophe pour qu’il ne devienne pas le leader du Parti libéral du Canada le 9 mars. »

La situation n’est pas la même pour le reste des candidats. Chrystia Freeland, ancienne vice-première ministre dont la démission en décembre a précipité celle de Justin Trudeau, peinerait d’après Béland à sortir de l’ombre du premier ministre. « Pendant neuf ans, elle a été ministre dans le cabinet de Justin Trudeau. C’est difficile pour elle de créer une distance entre elle et l’héritage Trudeau, parce qu’elle en fait directement partie », explique-t-il.

Quant aux candidats moins populaires, à savoir Karina Gould et Frank Baylis, le professeur rappelle que « les gens se lancent dans des courses électorales pour des raisons différentes. Il y en a qui se lancent dans une course à la chefferie pour gagner », comme Freeland et Carney, et d’autres qui se lancent plutôt pour gagner en visibilité. Gould, à l’âge de 37 ans, est encore considérée très jeune dans le milieu politique. En se présentant pour la course à la chefferie, elle se positionne pour un avenir en politique, elle « fait passer son message et elle se met de l’avant ». Il en va de même pour Baylis, le seul candidat québécois à la chefferie du parti.

Par ailleurs, la candidate Ruby Dhalla a été disqualifiée de la campagne le 21 février, en raison de « violations graves » des règles relatives à la campagne. Elle est notamment accusée d’avoir reçu des dons dépassant la limite individuelle autorisée, une allégation qu’elle nie catégoriquement. Dhalla a appris sa disqualification alors qu’elle était en pleine entrevue télévisée avec CBC.

« Le nouveau chef du Parti libéral devra rapidement s’imposer, car une lutte politique intense pourrait s’amorcer dès son élection »

Carney pas au bout de ses peines

Il est très probable que le candidat élu le 9 mars soit amené à représenter son parti lors d’élections générales anticipées. Jagmeet Singh, chef du Nouveau Parti démocratique, a en effet affirmé vouloir déclencher des élections dès le 10 mars si Mark Carney est choisi. Cette éventuelle élection, qui plane au-dessus du gouvernement canadien, s’accompagnerait d’enjeux bien différents de ceux de la course à la chefferie.

Selon le professeur Béland, « on va lancer des grenades à Mark Carney pendant la campagne. Et Carney n’a jamais fait de campagne électorale, pas même comme aspirant député. On ne l’a pas encore vu tellement en action ; et l’action, pour les politiciens, c’est une campagne électorale. C’est ce qui est le plus important ».

Dans ce contexte d’incertitude électorale, le Parti libéral du Canada cherche à ajuster sa position. Béland indique que « le plus important pour les libéraux, c’est de gagner, de rester au pouvoir ou d’obtenir le pouvoir. Je pense qu’il y a de plus en plus de consensus au sein du parti, qu’on se dirige vers un réalignement vers le centre, ou peut-être même dans certains domaines, vers le centre droit. Pour affronter Poilièvre, mais aussi parce qu’il y a la situation fiscale, la situation économique ». Quoi qu’il en soit, le nouveau chef du Parti libéral devra rapidement s’imposer, car une lutte politique intense pourrait s’amorcer dès son élection.

Poilièvre ne sait plus sur quel pied danser

Pierre Poilièvre, chef du Parti conservateur du Canada, se prépare déjà à affronter Mark Carney au cours des prochaines élections. Sur les réseaux sociaux, il enchaîne les attaques personnelles et politiques ponctuées de slogans. Le 20 février, il écrit sur la plateforme X : « Déjà vu. Carney imite la promesse du “petit déficit” de trois ans de Justin Trudeau […] Carbon Tax Carney est Just Like Justin. »

Selon le professeur Béland, le Parti conservateur a véritablement peur de la nouveauté qu’incarne Mark Carney. « Les conservateurs n’ont pas encore réussi à vraiment trouver la faille, le talon d’Achille de Carney. On l’appelle en anglais, “Carbon Tax Carney.” C’est un peu niaiseux. Ils n’ont pas l’air de trouver exactement le bon ton pour l’attaquer », explique-t-il.

Le Parti conservateur doit également s’adapter à un changement d’enjeux dans les prochaines élections présidentielles. Alors qu’il s’attendait à des débats centrés sur le coût de la vie et la taxe carbone, Poilièvre doit désormais composer avec un Canada profondément touché par la guerre tarifaire avec les ÉtatsUnis et une résurgence du sentiment patriotique. Béland affirme que Poilièvre « est en train de pivoter, mais c’est difficile pour lui parce que beaucoup de ses partisans aiment ou aimaient Trump. Poilièvre doit défendre le Canada, mais ne peut pas trop attaquer le président américain non plus ».

À quelques jours du vote, l’issue de la course semble presque scellée, mais l’avenir du Parti libéral et du paysage politique canadien reste incertain.

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Des coupes budgétaires majeures annoncées par McGill https://www.delitfrancais.com/2025/02/20/des-coupes-budgetaires-majeures-annoncees-par-mcgill/ Thu, 20 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57494 À quoi doit-on s’attendre pour l’avenir de l’université?

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Le 7 février, l’Université McGill a tenu une assemblée générale, ouverte à tous·tes ses étudiant·e·s et employé·e·s, pour aborder sa situation financière préoccupante. Confrontée à un déficit budgétaire qui atteindra 15 millions de dollars lors de l’exercice fiscal de 2025, l’administration procèdera à une correction budgétaire majeure de 45 millions de dollars dès la prochaine année, un effort colossal qui nécessitera des ajustements à tous les niveaux de l’institution.

L’impact de cette décision a été immédiat et profond au sein de la communauté mcgilloise. L’assemblée budgétaire a suscité une vague d’inquiétude chez les étudiant·e·s et au sein des corps administratif et professoral, ces dernier·ère·s se trouvant en première ligne des mesures d’ajustement. Pour le président de l’université, Deep Saini, il n’y a toutefois pas d’autre choix pour que McGill maintienne son niveau de prestige et d’excellence.

Afin d’apporter des clarifications et de répondre aux préoccupations des membres de la communauté universitaire, l’administration de McGill a organisé une séance de questions et réponses le mercredi 12 février. Toutefois, de nombreuses interrogations subsistent quant aux conséquences concrètes des coupes budgétaires sur le long terme, et aux choix qui seront faits pour assurer la viabilité financière de l’établissement.

Des ressources étudiantes en péril

L’université n’a pas encore annoncé de coupures définitives, mais les étudiant·e·s redoutent une détérioration des conditions d’apprentissage et un accès limité aux outils académiques indispensables à leur réussite. À mesure que l’université poursuit l’élaboration de son plan budgétaire, la communauté étudiante demeure en attente
de solutions qui garantiraient le maintien d’un environnement propice à l’excellence académique.

Éveline*, étudiante en philosophie, exprime sa déception quant aux solutions avancées par l’université. « Ces mesures auront nécessairement un impact négatif sur la qualité de l’éducation », déplore-t-elle. Elle s’inquiète particulièrement de la proposition d’allonger les horaires de cours en soirée et de la suppression de certains abonnements à des revues académiques en bibliothèque, deux points abordés lors de la séance de questions et réponses. De son côté, Belinda*, étudiante en biologie et sciences informatiques, remet en question la répartition des ressources, pointant du doigt les salaires de certains membres de l’administration qu’elle juge excessifs.

Lors de l’assemblée générale, le président Saini a toutefois tenté de rassurer les étudiant·e·s face
à ces inquiétudes : « Je veux être clair sur ce point : notre plus grande priorité est de vous offrir la meilleure éducation, avec le moins de perturbations possible. (tdlr) » Malgré cette déclaration, de nombreux étudiant·e·s restent sceptiques, craignant une baisse de la qualité des cours et une surcharge de travail pour les enseignant·e·s restant·e·s.

Inquiétude au sein du corps des salariés

L’impact des mesures budgétaires sera encore plus significatif pour les membres de l’administration et du corps académique de l’université. Puisque la masse salariale représente environ 80% des dépenses de l’institution, cette dernière estime qu’elle n’aura pas d’autre choix que de réduire les effectifs administratifs, ainsi que ceux des professeur·e·s et des auxiliaires d’enseignement. Ces suppressions de postes risquent de créer une pression accrue sur le personnel restant, qui devra, par conséquent, assumer des charges de travail supplémentaires.

Selon l’administration, cette restructuration pourrait entraîner entre 250 et 500 suppressions de postes. Afin d’atteindre cet objectif, l’administration compte principalement sur l’attrition des employé·e·s, c’est-à-dire de laisser partir ceux·celles qui souhaitent quitter leur poste sans les remplacer, sauf si leur remplacement est jugé absolument nécessaire. Cependant, cette approche seule ne suffira probablement pas à combler le déficit. Christopher Manfredi, provost et vice-recteur principal aux études, a donc indiqué de manière prudente que des licenciements seraient presque inévitables.

L’annonce de ces réductions de personnel a suscité de nombreuses préoccupations parmi les employé·e·s de McGill. L’université avait très peu d’informations à partager pour rassurer le corps professoral. Fabrice Labeau, vice-recteur de l’administration et des finances, a expliqué : « Nous essayons d’être aussi transparents que possible, mais nous n’avons pas plus de renseignements à donner pour l’instant. Nous reviendrons vers vous dès que possible. »

Une crise générale des universités canadiennes?

De nombreuses universités canadiennes sont confrontées à des défis budgétaires similaires, en raison de problèmes structurels liés aux finances, à l’évolution démographique et aux politiques gouvernementales. Si McGill doit composer avec un déficit de 15 millions de dollars pour l’exercice fiscal de 2025, Christopher Manfredi souligne que d’autres établissements sont en proie à des difficultés encore plus marquées : l’Université Queen’s affiche un déficit de 36 millions, tandis que l’Université de Waterloo doit faire face à un déficit colossal de 75 millions de dollars.

En plus de ces défis partagés, la situation de McGill est aggravée par des décisions spécifiques du gouvernement du Québec, plus particulièrement par les mesures annoncées à l’automne 2023. La hausse des frais de scolarité pour les étudiant·e·s canadien·ne·s provenant d’autres provinces et pour les étudiant·e·s internationaux·les a suscité des inquiétudes quant à l’attrait de l’université pour ces publics. Ces augmentations pourraient entraîner une diminution des inscriptions, ce qui affecterait directement les revenus de l’institution. Néanmoins, Deep Saini a tenu à relativiser l’impact de ces décisions gouvernementales, affirmant que « l’université n’a pas atteint ce point de déficit uniquement en raison des choix du gouvernement ».

Quel avenir pour l’université?

L’Université McGill mise sur une transformation majeure afin de se rendre plus efficace, moderne et résiliente. Le plan Horizon McGill, annoncé lors de l’assemblée générale du 7 février, repose sur une analyse approfondie des activités de l’université afin de déterminer quelles initiatives sont essentielles et lesquelles pourraient être optimisées ou abandonnées.

Comme l’a résumé schématiquement Deep Saini : « Nous devons cesser de faire les choses qui n’ont pas d’importance, et cesser de faire les choses qui en ont moins. Pour les choses que nous devons absolument faire, nous devons trouver un moyen de les faire mieux et plus efficacement. » L’avenir de McGill dépendra en grande partie de sa capacité à mettre en œuvre ces réformes tout en maintenant son engagement envers l’excellence et l’accessibilité.

*Noms fictifs

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Un double hommage dans un climat tendu https://www.delitfrancais.com/2025/02/05/un-double-hommage-dans-un-climat-tendu/ Wed, 05 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57419 McGill commémore l’Holocauste et l’attentat de la grande mosquée de Québec.

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L a semaine dernière, l’Université McGill a souligné deux anniversaires tragiques : les 80 ans de la libération du camp de concentration d’Auschwitz, le 27 janvier, et les huit ans de l’attentat islamophobe contre le Centre Culturel Islamique de Québec (CCIQ), le 29 janvier. Pour l’occasion, les docteures Joanna Sliwa et Nadia Hasan ont animé des conférences destinées à la communauté universitaire et au grand public.

Les deux conférences se sont déroulées dans un climat tendu à l’Université McGill, devenue un foyer de tensions depuis les attentats du 7 octobre 2023. Des manifestations fréquentes opposent des groupes pro-palestiniens et pro-israéliens, tandis que l’islamophobie et l’antisémitisme connaissent une recrudescence, suscitant l’inquiétude des étudiants. Ce contexte chargé transparaissait lors des deux événements.

Dès l’ouverture des cérémonies, Angela Campbell, première vice-provost intérimaire aux études et à la vie étudiante, a insisté sur l’importance du dialogue et du respect mutuel, dans une formule prudente et identique pour les deux événements : « La commémoration de 2025 se déroule dans un climat d’agitation. Notre propre communauté a connu une période difficile. Il est important de donner la priorité à la démocratie, au dialogue et à la dignité (tdlr). »

Souvenirs de l’Holocauste : un devoir de mémoire

Le 27 janvier, la salle de bal du bâtiment Thompson était pleine à craquer pour la conférence de Joanna Sliwa, historienne de l’Holocauste. Angela Campbell a ouvert la cérémonie en réaffirmant son « engagement inébranlable à préserver la mémoire des victimes, à faire entendre leurs récits ainsi que ceux de leurs descendants et alliés, et à faire perdurer leur héritage ».

La commémoration a été l’occasion de mettre un visage sur les atrocités de l’Holocauste, à travers le témoignage d’Elizabeth Pranov, étudiante en 3e année. Pour cette dernière, dont la grand-mère et l’arrière-grand-mère sont toutes deux survivantes de l’Holocauste, la tragédie reste bien vivante. Elizabeth a rappelé l’importance de l’éducation à ce sujet, qui nous pousse « à affronter des vérités dérangeantes, à écouter les récits de ceux qui ont survécu et de ceux qui n’ont pas survécu, ainsi qu’à amplifier les voix de ceux que nous n’avons peut-être jamais entendus auparavant ».

« Les balles de fusil ne font pas de distinction. Elles ne demandent pas si vous êtes un médecin, un intellectuel, un enseignant ou un père. Les balles ne demandent pas s’il y a un enfant qui vous attend à la maison »

Un autre visage mis en lumière lors de la cérémonie était celui de Josephine Janina Mehlberg, figure centrale du livre The Counterfeit Countess de Joanna Sliwa, publié en 2024. Cette Juive polonaise a usurpé l’identité d’une aristocrate chrétienne entre 1941 et 1945, sauvant des milliers de vies en fournissant nourriture, médicaments et lettres clandestines aux détenus du camp de Majdanek. Comme l’explique Sliwa, « Janina n’a jamais accepté un refus comme une réponse définitive ; lorsqu’on accédait à ses demandes, elle y voyait une invitation à en demander encore davantage ». Selon son mari Henri Mehlberg, Janina a toujours été guidée par une formule mathématique très simple : « Une vie a moins de valeur que plusieurs vies. Et sa propre vie n’aurait aucune valeur si elle ne l’utilisait pas pour sauver celles des autres. »

La période de questions qui a suivi l’intervention de Silwa a donné lieu à des échanges particulièrement vifs. Une étudiante a notamment interrogé la conférencière sur la possibilité d’un nouvel Holocauste à notre époque, tandis qu’un homme arborant un keffiyeh, symbole de la résistance palestinienne, a critiqué ce qu’il a décrit comme un « projet politique visant à particulariser l’Holocauste », estimant qu’un tel traitement était inapproprié. Face à ces interventions, Silwa a tenu à rappeler l’importance d’analyser chaque événement dans son propre contexte, mettant en garde contre les parallèles hâtifs et réducteurs.

Hommage aux victimes de l’attentat de Québec

Le 29 janvier, une atmosphère de recueillement régnait dans le bâtiment Leacock, où la communauté mcgilloise s’est rassemblée pour honorer les six victimes de l’attaque dans la grande mosquée de Québec en 2017. Un verset du Coran portant sur la compassion, chanté par le professeur Aimen Moussaddy, a ouvert la cérémonie. Les participants portaient un carré de tissu vert, couleur du tapis de la mosquée de Québec, en signe de solidarité.

Khadijatu-Dimalya Ibrahim, récipiendaire de la bourse commémorative du Centre Culturel Islamique de Québec, a exprimé ses craintes persistantes face à l’islamophobie au Québec. « Cela aurait pu être n’importe lequel de nos pères, de nos mères ou de nos frères. Les balles de fusil ne font pas de distinction. Elles ne demandent pas si vous êtes un médecin, un intellectuel, un enseignant ou un père. Les balles ne demandent pas s’il y a un enfant qui vous attend à la maison », a déclaré Ibrahim.

La professeure Nadia Hasan, de l’Université York, a dénoncé la persistance de l’islamophobie et souligné l’importance des commémorations : « elles sont si importantes et ont un tel potentiel de changement. Elles sont essentielles pour les personnes qui cherchent à guérir du traumatisme causé par des attaques islamophobes comme celles qui ont eu lieu à Québec. »

La commémoration s’est conclue par une procession des élèves jusqu’au Pavillon Dawson, où ils ont déposé six roses sur la plaque honorant les victimes de l’attentat du CCIQ.

Un engagement contre l’intolérance

Ces deux conférences s’inscrivent dans le cadre du Programme de prévention de l’islamophobie et de l’antisémitisme (PPIA), lancé par McGill en 2022, en réponse à l’augmentation d’étudiants et d’employés se disant victimes de marginalisation ou de discrimination religieuse sur le campus. Un rapport publié la même année par Angela Campbell et Fabrice Labeau, vice-recteur de l’administration et des finances, recommandait que l’Université mette en place des mesures concrètes pour améliorer la compréhension des traditions juives et musulmanes, dans le but de lutter contre les préjugés et l’intolérance religieuse. L’organisation de ces conférences commémoratives s’inscrit donc pleinement dans cette démarche éducative.

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La sélection d’actus du Délit https://www.delitfrancais.com/2025/01/22/la-selection-dactus-du-delit-8/ Wed, 22 Jan 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56954 TRAVAUX AU ROYAL VICTORIA : LA COUR SUPRÊME REFUSE L’APPEL DES MÈRES MOHAWKS Ce jeudi 16 janvier, la Cour suprême du Canada a statué qu’elle n’examinerait pas la demande d’appel déposée par les six femmes kanien’kehá:ka, connues sous le nom du collectif des Mères mohawks, concernant les travaux en cours sur le site de l’ancien… Lire la suite »La sélection d’actus du Délit

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TRAVAUX AU ROYAL VICTORIA : LA COUR SUPRÊME REFUSE L’APPEL DES MÈRES MOHAWKS

Ce jeudi 16 janvier, la Cour suprême du Canada a statué qu’elle n’examinerait pas la demande d’appel déposée par les six femmes kanien’kehá:ka, connues sous le nom du collectif des Mères mohawks, concernant les travaux en cours sur le site de l’ancien hôpital Royal Victoria à Montréal. Cette décision marque une étape décisive dans le combat juridique mené par ce groupe depuis 2022, ayant pour but d’interrompre les travaux d’excavation conduits par l’Université McGill. Selon les Mères mohawks, ces travaux auraient lieu sur un espace contenant des sépultures anonymes d’enfants autochtones, victimes d’expériences psychiatriques menées entre 1954 et 1963 dans le cadre du projet MK-Ultra, un programme controversé de la CIA. Le collectif avait exigé qu’une supervision archéologique rigoureuse soit mise en place pour prévenir ce qu’elles qualifient d’« effacement des injustices du passé (tdlr) » et éviter de raviver les traumatismes des survivants et des communautés concernées.

Les travaux d’excavation en cause s’inscrivent dans le cadre du projet New Vic, porté par l’Université McGill. Celui-ci vise à réaménager une partie de l’ancien hôpital Royal Victoria pour agrandir le campus universitaire. En 2019, le gouvernement du Québec a cédé une partie de la propriété à McGill, et a promis un investissement de 620 millions de dollars pour rénover les bâtiments historiques et aménager les terrains. Le projet inclut des excavations substantielles, nécessaires pour transformer le site en un espace moderne et fonctionnel pour l’université.

Les Mères mohawks avaient entamé leur combat juridique en 2022, en intentant une poursuite contre l’Université McGill et la Société québécoise des infrastructures (SQI). En 2023, un accord entre les parties a été conclu, prévoyant la présence d’un panel d’archéologues pour superviser les excavations et détecter d’éventuelles sépultures. Cependant, cet accord a été remis en question le 16 août 2023, lorsque la Cour d’appel du Québec a autorisé la reprise des travaux sans supervision archéologique externe. La décision de la Cour suprême de ne pas entendre l’appel du collectif scelle le sort de cette affaire. Pour les Mères mohawks, il s’agit d’une défaite amère dans leur quête pour préserver la mémoire des enfants autochtones et exiger justice face à un passé douloureux.

CRISE DE L’ITINÉRANCE À MONTRÉAL : FERMETURE DU REFUGE TEMPORAIRE DU YMCA

Le Centre d’hébergement d’urgence (CHU) du YMCA centre-ville, refuge pour sans-abris mis en place par la Ville de Montréal afin de répondre aux grands froids, a fermé ses portes ce samedi 11 janvier, après moins d’un mois d’activité. Ce refuge temporaire, ouvert le 21 décembre, avait été conçu comme une mesure exceptionnelle dans le cadre du Plan particulier d’intervention – Froid extrême, déclenché par le Centre de coordination des mesures d’urgence de Montréal. Initialement prévu pour accueillir un maximum de 50 personnes, le centre a dû faire face à une demande bien supérieure durant la courte période où il était en activité. Les 5 et 6 janvier, le CHU a accueilli plus de 150 personnes en une seule nuit, soit trois fois sa capacité prévue. Le refuge a enregistré un total de 1153 visites en moins de trois semaines, illustrant l’ampleur de la crise de l’itinérance à Montréal.

Stu Doré | Le Délit

L’ouverture du centre avait à l’origine été annoncée comme une mesure temporaire. En temps normal, le Plan particulier d’intervention – Froid extrême est seulement déclenché lorsque la température descend sous les ‑27°C, et les mesures cessent dès que les conditions météorologiques s’améliorent. Le 21 décembre, la ville de Montréal a donc pris une décision exceptionnelle en ouvrant le centre avant que ce seuil ne soit atteint, et en s’engageant à le garder ouvert aussi longtemps que possible, en raison de la demande alarmante.

Cette mesure temporaire reste néanmoins insuffisante. Ceux qui passaient leurs nuits au CHU sont désormais contraints de se redistribuer dans les refuges de la ville – qui sont déjà débordés et doivent refuser l’entrée à plusieurs personnes chaque soir – ou d’affronter les températures glaciales de l’extérieur.

ARRESTATION HISTORIQUE : LE PRÉSIDENT SUD-CORÉEN YOON SUK-YEOL FACE À LA JUSTICE

Le mardi 14 janvier, le président sud-coréen Yoon Suk-yeol a été arrêté dans le cadre d’une opération menée par les autorités judiciaires du pays. Il s’agit de la première fois qu’un chef d’État en exercice est arrêté en Corée du Sud. Avant l’aube, des agents du Bureau d’enquête sur la corruption des hautes personnalités (CIO) et de la police se sont présentés en grand nombre devant la résidence présidentielle. Après une courte confrontation, le président Yoon a accepté de se rendre, diffusant peu après un message vidéo où il déclarait : « J’ai décidé de répondre aux autorités du Bureau d’enquête sur la corruption (tdlr) », tout en réaffirmant qu’il contestait la légitimité de l’enquête. Il a ajouté qu’il se soumettait à cette arrestation afin d’« éviter toute effusion de sang malheureuse ». Cette arrestation marque un tournant dans une affaire politique explosive et survient moins de deux semaines après une première tentative d’arrestation échouée, le 3 janvier. Ce jour-là, le Service de sécurité présidentielle (PSS), chargé de la protection des chefs d’État, avait empêché les enquêteurs du CIO d’exécuter un mandat d’arrêt initial contre Yoon Suk-yeol.

Stu Doré | Le Délit

Le dirigeant sud-coréen est la cible de plusieurs enquêtes, dont une pour « rébellion », un crime passible de la peine de mort en Corée du Sud. Cette inculpation repose principalement sur sa décision controversée de proclamer la loi martiale le 3 décembre, une initiative qu’il avait justifiée en invoquant la nécessité de défendre le pays contre « les forces communistes nord-coréennes » et d’« éliminer les éléments hostiles à l’État ». Cette tentative de concentration du pouvoir a été rapidement mise en échec par les députés, qui ont voté un texte exigeant la levée de cette mesure d’exception.

L’arrestation de Yoon Suk-yeol plonge la Corée du Sud dans une crise politique sans précédent, exacerbant les divisions au sein du pays. Les prochains développements dans cette affaire détermineront sans doute l’avenir de la présidence et l’équilibre démocratique de la nation.

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Le rideau tombe pour Justin Trudeau https://www.delitfrancais.com/2025/01/15/le-rideau-tombe-pour-justin-trudeau/ Wed, 15 Jan 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56814 Près d’une décennie à la tête du Canada.

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Ce lundi 6 janvier, Justin Trudeau a annoncé qu’il quitterait ses fonctions de premier ministre du Canada à la suite de près de 10 ans à la tête du pays. Toutefois, il continuera d’assumer son rôle de premier ministre et de chef du Parti libéral jusqu’à ce que son successeur soit désigné, à l’issue d’une course à la chefferie qui se conclura le 9 mars. Entre-temps, Trudeau a réussi à obtenir de la gouverneure générale Mary Simon une prorogation de la session parlementaire jusqu’au 24 mars. Cette décision met un terme à la session parlementaire en cours, suspendant les travaux de la Chambre et du Sénat jusqu’au mois de mars. Selon Trudeau, cette pause permettra au Parti libéral de se réorganiser et de recentrer ses priorités.

« Dès la fin de son premier mandat, on a senti un essoufflement. L’esprit de changement qu’il incarnait s’est vite dissipé »
Éric Bélanger, professeur de science politique à McGill

Dans son discours de démission, il a exprimé son regret de devoir quitter ses fonctions, mais a aussi souligné l’importance d’offrir un « choix clair et réel » aux Canadiens lors des prochaines élections. « Depuis 2015, je me suis battu pour ce pays, pour vous. Pour renforcer la classe moyenne. Pour faire progresser la réconciliation. Pour défendre le libre-échange. Pour notre soutien inébranlable à l’Ukraine. Pour lutter contre les changements climatiques », a‑t-il déclaré.

Liberal McGill, l’association officielle du Parti libéral du Canada à McGill, a salué le premier ministre pour son engagement et les actions menées en faveur de la jeunesse. Quinn Porter, président de l’association, a qualifié l’élection d’un nouveau chef du parti de « formidable opportunité pour les membres de Liberal McGill (tdlr) ». Une réunion ouverte a d’ailleurs été organisée pour permettre aux membres de débattre des enjeux de cette course à la chefferie.

Un bilan mitigé

Justin Trudeau, fils de l’ancien premier ministre Pierre Elliott Trudeau, a fait ses débuts en politique en octobre 2008, en remportant un siège de député dans la circonscription de Papineau, à Montréal. Rapidement, il a gravi les échelons au sein du Parti libéral du Canada (PLC). En 2011, dans un contexte où le parti venait de vivre une défaite historique, Trudeau s’est lancé dans la course à la chefferie. Il a remporté celle-ci en 2013 avec une majorité écrasante. Deux ans plus tard, en 2015, il accédait au poste de 23e premier ministre du Canada, amorçant ainsi un premier mandat marqué par de grandes promesses de changement.

Au début de sa carrière, Justin Trudeau jouit d’une grande popularité, particulièrement auprès des jeunes générations. Les magazines Vogue et Rolling Stone lui consacrent des couvertures, et son style décontracté allié à son ouverture d’esprit séduisent la population canadienne. « Il a su tirer parti des réseaux sociaux dès 2015, un outil que ses adversaires n’avaient pas pleinement intégré dans leurs stratégies », souligne Éric Bélanger, professeur de science politique et spécialiste du Canada à l’Université McGill. Cette maîtrise des nouveaux moyens de communication renforce son image de leader moderne et accessible.

« Alors que le Parti libéral s’apprête à lancer un processus d’élection pour choisir son prochain chef, la tâche s’annonce ardue pour celui ou celle qui héritera de la direction du parti »

Cependant, sa popularité s’est progressivement érodée au fil des années. Selon l’Institut Angus Reid, alors que son taux d’approbation s’élevait à 63% en décembre 2015, celui-ci a chuté à 41% en avril 2021 et à 22%
fin 2024. Bien que son premier mandat ait été marqué par des réussites notables, telles que la légalisation du cannabis ou encore une approche progressiste sur la scène internationale, le désenchantement a commencé à s’installer. « Dès la fin de son premier mandat, on a senti un essoufflement. L’esprit de changement qu’il incarnait s’est vite dissipé », explique Bélanger. Plusieurs promesses électorales clés, comme la réforme du mode de scrutin, sont restées lettre morte, affectant la crédibilité de Trudeau auprès de nombreux Canadiens. Cette promesse a d’ailleurs été relevée dans le discours de démission du premier ministre comme étant son plus grand regret. Réélu en 2019 et en 2021, il a néanmoins dû composer avec des gouvernements minoritaires, une situation qui limitait sa marge de manœuvre. Son bilan, après trois mandats, demeure mitigé. S’il est souvent crédité de réussites marquantes, telles que la renégociation de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) ou sa gestion de la pandémie, son héritage divise toujours l’opinion publique.

Un dirigeant usé?

La démission de Justin Trudeau intervient après plusieurs mois de tensions politiques à Ottawa. La situation a pris un tournant décisif le 16 décembre 2024, lorsque la ministre des Finances, Chrystia Freeland, a annoncé son départ, une décision perçue comme un point de non-retour pour le gouvernement. « J’ai l’impression qu’il se croyait encore capable de renverser la vapeur lors des prochaines élections », note Bélanger. « Il l’avait déjà fait en 2015 : il était troisième dans les sondages au début de la campagne, mais il avait réussi à décrocher un gouvernement majoritaire. » Cependant, la situation politique actuelle est bien différente de celle de 2015. Depuis plusieurs mois, les signes d’une crise profonde sont visibles, notamment au sein d’un Parlement paralysé par les affrontements partisans. Dans son discours de démission, Trudeau a pointé du doigt l’impasse institutionnelle dans laquelle se trouvait son gouvernement. « Le Parlement ne fonctionne plus depuis plusieurs mois. Il y a des motions d’obstruction constantes, et on a pu accomplir très peu pendant les derniers mois. Le Parlement a besoin d’un reset, a besoin de se calmer un peu les pompons […] », a‑t-il déclaré.

Par ailleurs, Trudeau se heurte à un phénomène plus large : l’usure du pouvoir. Après plus de neuf ans à la tête du Canada, une part importante de la population est désireuse de changement. « La population constate que le gouvernement qui a été élu il y a une dizaine d’années a accompli certaines choses, mais pas tout. On veut donner la chance à l’opposition d’essayer de faire mieux », explique Éric Bélanger.

Un avenir politique incertain

Alors que le Parti libéral s’apprête à lancer un processus d’élection pour choisir son prochain chef, la tâche s’annonce ardue pour celui ou celle qui héritera de la direction du parti. Selon Éric Bélanger, le défi est de taille : « Cela ne laisse pas beaucoup de temps à son successeur pour se définir vis-à-vis de la population canadienne et se positionner comme une véritable alternative à Pierre Poilievre. »

Le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, a su imposer sa présence sur la scène politique ces derniers mois, galvanisant son électorat tout en attirant une partie des Canadiens désenchantés par le gouvernement libéral. Face à une telle opposition, le futur chef libéral devra non seulement restaurer la confiance des électeurs traditionnels du parti, mais aussi séduire les indécis et contrer l’élan des conservateurs.

Alors que le Parti libéral amorce cette transition, une question demeure : son prochain dirigeant parviendra-t-il à rétablir l’élan du parti en cette période charnière ou sera-t-il confronté à une opposition trop forte pour inverser la tendance? Les prochains mois seront déterminants pour l’avenir politique du Parti libéral.

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Le débat vice-présidentiel aux États-Unis pourrait-il changer la donne? https://www.delitfrancais.com/2024/10/09/le-debat-vice-presidentiel-aux-etats-unis-pourrait-il-changer-la-donne/ Wed, 09 Oct 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56189 Retour sur l’échange Vance-Walz du 1er octobre.

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Ce mardi 1er octobre, les candidats à la vice-présidence des États-Unis, le gouverneur du Minnesota Tim Walz pour les démocrates et le sénateur James David (J.D.) Vance de l’Ohio pour les Républicains, se sont affrontés dans un débat télévisé dans l’ensemble cordial, au cours duquel ils ont abordé une variété de sujets clivants, incluant l’avortement, l’immigration, la violence armée et le système de santé. À seulement 35 jours des élections, il est difficile de déterminer l’impact concret du débat sur la course électorale aux États-Unis. Comme le souligne Julien Rivière, vice-président de l’association étudiante Democrats @McGill : « La plupart des électeurs se concentrent sur les candidats à la présidence […]. Le débat des vice-présidents a certainement joué un rôle dans l’éducation des électeurs sur les positions de chaque candidat, mais en fin de compte, il a rarement un impact réel (tdlr). » Cette année pourrait toutefois faire exception selon Leonard Moore, ancien professeur d’histoire à l’Université McGill et spécialiste de l’histoire politique des États-Unis : « Chaque étape de la campagne est cruciale dans le contexte actuel. Même si le débat ne change que 5 000 voix dans un État, celles-ci peuvent être déterminantes. »

L’immigration, l’avortement et l’élection de 2020

Tout au long du débat, J.D. Vance a pris pour cible Kamala Harris, mettant en doute sa capacité à déjà mettre en oeuvre ses objectifs actuels : « Si Kamala Harris a de si bons projets pour résoudre les problèmes de la classe moyenne, elle devrait les mettre en œuvre maintenant. Pas en demandant une promotion, mais dans le cadre du poste que le peuple américain lui a confié il y a trois ans et demi. » Vance a également tenu Harris responsable de nombreux problèmes sociétaux aux États-Unis, notamment en matière d’immigration, affirmant que le pays fait face « à une crise historique de l’immigration, parce que Kamala Harris a modifié les politiques frontalières de Donald Trump ».

De son côté, Tim Walz a défendu les politiques démocrates en matière d’accès à l’avortement et de droits des femmes. Lorsque Vance l’a accusé d’adopter une « position très radicale en faveur de l’avortement », Walz a répliqué : « Non, ce n’est pas le cas. Nous sommes pour les femmes. Nous sommes pour la liberté de faire son propre choix. » Il a également été intraitable sur la question de la violence armée aux États-Unis. En réponse à l’insinuation de J.D. Vance suggérant que la santé mentale serait à l’origine du problème, Tim Walz a déclaré que cette idée était infondée et dangereuse : « Ce n’est pas parce qu’on souffre d’un problème de santé mentale qu’on est forcément violent. […] Le vrai problème, c’est les armes. C’est juste les armes. »

Selon Leonard Moore, le moment le plus marquant du débat pour Walz est survenu à la toute fin, lorsqu’il a confronté son adversaire sur la défaite électorale de Trump en 2020, posant la question : « Est-ce que [Trump] a perdu l’élection de 2020? » Vance a répondu : « Tim, je me concentre sur l’avenir », ce à quoi Walz a rétorqué : « C’est une non-réponse accablante. » En refusant de répondre, J.D. Vance aurait d’après Moore permis à Walz de reprendre in extremis le dessus dans le débat.

Vance tente de redorer son image

Avant de prendre place sur la scène du débat, J.D. Vance affichait un taux d’approbation inhabituellement bas pour un colistier à l’élection présidentielle. Au cours des semaines précédant l’événement, il avait attiré l’attention du public par ses remarques incendiaires. Une vidéo de lui remettant en question l’apport à la société des femmes sans enfants, les qualifiant de « dames aux chats (tdlr) » (childless cat ladies), a fait grand bruit sur les réseaux sociaux, de même que son insinuation infondée selon laquelle les immigrants haïtiens à Springfield mangent les animaux de compagnie des habitants.

Selon un sondage réalisé par CBS auprès de 1 630 électeurs potentiels ayant regardé le débat, la popularité de J.D. Vance a grimpé de 9 points de pourcentage, passant de 40 % à 49 %. Leonard Moore souligne que Vance a su tempérer ses opinions pendant le débat. Il s’est présenté d’abord comme un père de famille, préoccupé par le bien-être des Américains de classe moyenne. Lorsqu’il a été interrogé sur la violence armée aux États-Unis, il a pris la parole en tant que parent : « On envoie nos enfants à l’école avec tellement de joie, d’espoir et de fierté. Et l’on sait, malheureusement, que beaucoup d’enfants vont être affectés par l’épidémie de la violence armée. »

Leonard Moore estime que cette façade calme et presque chaleureuse lui a permis de rendre « plus digestes » ses théories plus extrêmes, tout en réfutant de manière convaincante les critiques qu’on lui adressait. Il avance également que Vance semble envisager une candidature pour les élections de 2028 : « On a l’impression en voyant ce Vance moins radical, plus raisonnable, qu’il a l’objectif de se présenter aux élections de 2028. Il veut donner l’impression d’être l’héritier logique de l’empire que Trump a fondé. »

« De nombreux commentateurs ont noté que le ton du débat est resté très cordial, beaucoup plus que celui du débat présidentiel, et ce malgré la portée controversée des thèmes abordés »

Une performance en demi-teinte pour Walz?

De son côté, Tim Walz se positionnait avant le débat comme un homme politique modéré, relativement peu connu du public. Avant d’être choisi comme colistier, il avait toutefois déjà attiré l’attention en qualifiant les Républicains de « bizarres » (weird), une critique ayant fait mouche dans le clan républicain. Celle-ci s’est d’abord propagée par des entrevues dans les journaux, et s’est ensuite répandue comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux.

Cependant, son attitude lors du débat était largement moins conflictuelle. D’après Moore, « Walz n’était pas dans la confrontation. […] Je ne sais pas s’il s’agissait seulement d’une question de caractère, d’inexpérience en débat ou encore d’une stratégie pour rejoindre les électeurs indécis ». Au final, il paraissait « un peu dépassé par les événements ». Malgré une performance moins convaincante, la popularité de Walz aura elle
aussi augmenté lors du débat, passant de 52 % à 60 % selon les statistiques de CBS.

Dans un contexte politique toujours plus polarisé, de nombreux commentateurs ont noté que le ton du débat est resté très cordial, beaucoup plus que celui du débat présidentiel du 10 septembre 2024, et ce malgré la portée controversée des thèmes abordés. Les deux candidats ont échangé des poignées de main au début et à la fin de l’événement, ont évité les attaques personnelles et se sont concentrés sur leurs politiques respectives.

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Apprendre le ventre vide https://www.delitfrancais.com/2024/10/02/apprendre-le-ventre-vide/ Wed, 02 Oct 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56119 La clientèle étudiante des banques alimentaires a doublé en 10 ans.

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Entre crise du logement, hausse du prix des aliments et des frais de scolarité, il devient de plus en plus difficile pour les étudiants de vivre décemment au Québec. À McGill, tout comme dans les cégeps et les autres universités de la province, cette pression financière a des répercussions significatives sur la qualité et la quantité des aliments que les étudiants peuvent se permettre d’acheter. Beaucoup d’entre eux se voient contraints de faire des choix difficiles entre payer leur loyer et subvenir à leurs besoins alimentaires. Cette réalité se traduit par une alimentation souvent insuffisante et déséquilibrée, nuisant non seulement à leur santé, mais aussi à leur capacité à se concentrer sur leurs études.

Les données collectées dans le Bilan-Faim des Banques alimentaires du Québec illustrent bien ce phénomène : alors que les étudiants de niveau post-secondaire représentaient 5,8% de leur clientèle en 2013, cette proportion a plus que doublé, atteignant 9,5 % en 2023.

Le 21 septembre, la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) et l’Union étudiante du Québec (UEQ) ont donné le coup d’envoi à une campagne de mobilisation ambitieuse, visant à « renverser le poids de la précarité étudiante » à travers la province. Cet appel à l’action met l’accent sur la question de l’insécurité alimentaire, un problème de plus en plus préoccupant pour de nombreux étudiants. Les deux associations espèrent inciter les décideurs à prendre des mesures concrètes pour améliorer les conditions de vie des étudiants et garantir un accès adéquat à la nourriture pour tous.

McGill – un désert alimentaire?

Selon Lily, étudiante de deuxième année à McGill en environnement, il est difficile de se procurer un bon repas sain sur le campus : « La plupart des cafés et réfectoires vendent des plats très chers, et la nourriture n’y est pas très bonne, ni au niveau de la valeur nutritionnelle, ni au niveau du goût (tdlr). » Son amie Isabella, partageant ce constat, ajoute que les portions dans les cafés du campus sont souvent peu généreuses par rapport au prix demandé, rendant ainsi la recherche d’options abordables et saines sur le campus d’autant plus difficile pour les étudiants.

« Plusieurs déplorent que l’administration de l’Université McGill n’agisse pas suffisamment pour améliorer la situation, notamment en ce qui concerne les forfaits repas et les options de restauration disponibles sur le campus »

Par ailleurs, certains étudiants notent que les prix des aliments vendus dans les cafés et restaurants du campus sont souvent excessivement élevés par rapport à ceux du marché. Au café Redpath, dans le sous-sol du complexe Redpath-McLennan, les collations s’avèrent inaccessibles pour de nombreux étudiants. Par exemple, les barres Simply Protein sont affichées à 6,25 $, soit plus du double de leur prix habituel de 2,69 $ dans les magasins. Il en va de même pour les collations de la marque Clif, qui coûtent 4,05 $ au café Redpath et 3,09 $ en supermarché.

Plusieurs déplorent que l’administration de l’Université McGill n’agisse pas suffisamment pour améliorer la situation, notamment en ce qui concerne les forfaits repas et les options de restauration disponibles sur le campus. Les étudiants de première année habitant en résidence sont contraints par l’Université à acheter un forfait repas obligatoire, à hauteur de 6 300 $ pour l’année. Or, en raison des longues files d’attente dans les cafétérias, nombreux sont ceux qui n’ont d’autre choix que de se tourner vers des alternatives parfois coûteuses par manque de temps. Même si McGill essaie de combler les besoins alimentaires de tous, le forfait repas n’est pas accessible pour tous les étudiants, particulièrement ceux ayant des allergies ou des restrictions alimentaires.

Les associations étudiantes se mobilisent

De nombreuses associations étudiantes de McGill se mobilisent pour offrir des repas sains, équilibrés et bon marché aux étudiants du campus. Parmi elles, le Midnight Kitchen Collective est un organisme à but non lucratif, géré par des travailleurs et des bénévoles engagés qui se consacrent à améliorer l’accessibilité à la nourriture pour les étudiants. L’organisation œuvre sur le campus du centre-ville et parraine l’association Happy Belly, qui propose quant à elle des repas gratuits sur le campus MacDonald. Fondé en 2002, le collectif Midnight Kitchen a intégré les services de l’Association Étudiante de l’Université McGill (AÉUM) en 2003. Son fonctionnement repose en partie sur une cotisation étudiante par semestre, qui a considérablement augmenté, passant de 1,25 $ par étudiant en 2007 à 8 $ en 2023. Cette augmentation constitue une victoire significative pour l’association : grâce au financement supplémentaire, elle peut accroître son impact sur la communauté étudiante et diversifier ses services. Aujourd’hui, Midnight Kitchen propose une gamme d’initiatives, dont un programme de repas gratuits organisé une à deux fois par semaine, un service de restauration sans frais destiné aux associations alignées avec leur mission, ainsi qu’un jardin urbain communautaire au cœur du campus.

« Midnight Kitchen Collective est un organisme à but non lucratif, géré par des travailleurs et des bénévoles engagés qui se consacrent à améliorer l’accessibilité à la nourriture pour les étudiants »

Leur service de repas gratuits, qui se déroule tous les mercredis et parfois les jeudis, rencontre un franc succès auprès des étudiants. Lily, une des étudiantes interrogées, confie qu’elle récupère son repas gratuit presque chaque semaine depuis qu’elle a découvert le programme. Cet engouement s’explique non seulement par la gratuité des repas, mais aussi par leur valeur nutritionnelle. Nat Alexander, coordonnatrice du collectif Midnight Kitchen, explique que l’association s’efforce de proposer des plats équilibrés, savoureux et riches en protéines. Les recettes sont exclusivement végétaliennes et sans noix, permettant ainsi à tous les étudiants de bénéficier d’alternatives nutritives et écoresponsables. De plus, l’association travaille uniquement avec des fournisseurs locaux, tels que Moisson Montréal, qui récupère les surplus de produits alimentaires dans les magasins et fermes de la région.

La communauté reste sur sa faim

Cet automne, l’association est en mesure d’offrir 250 repas à chaque service, un chiffre qui représente presque le double de l’année précédente. Malgré cette hausse significative, l’organisme ne parvient pas toujours à satisfaire la demande croissante sur le campus. Nat Alexander confie qu’il y a des journées où les bénévoles se retrouvent à racler les fonds de plats pour pouvoir nourrir tous les étudiants qui se présentent pour réclamer leur repas.

Le collectif Midnight Kitchen opère sans frais dans un local de l’AÉUM, mais ce n’est pas le cas de l’association équivalente du campus MacDonald, Happy Belly. Celle-ci est contrainte de louer un espace de cuisine, ce qui restreint la quantité de repas gratuits qu’elle peut offrir aux étudiants. Nat Alexander déplore le fait que l’Université McGill ne prenne pas en charge la responsabilité financière de l’association. Elle affirme : « L’Université McGill ne finance pas ces initiatives autant qu’elle le devrait, ou qu’elle le pourrait. Il est nécessaire d’exercer une plus forte pression sur l’administration, car la question du financement ne devrait pas incomber aux clubs et aux services étudiants. »

Son témoignage illustre non seulement l’importance du collectif Midnight Kitchen au sein de la communauté étudiante de McGill, mais aussi le besoin urgent de trouver une solution plus durable à l’insécurité alimentaire au Québec.

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