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Séismes en Afghanistan

L’Afghanistan frappé par deux séismes : crise humanitaire croissante.

Rose Chedid | Le Délit

Le 7 et 11 octobre dernier, l’Afghanistan a été secoué par deux puissants séismes, de 6,3 de magnitude chacun (considéré comme « fort » sur l’échelle de Richter), entraînant la perte de plus de 2 000 vies. Un événement faisant écho aux nombreuses victimes de ce sinistre récurrent qui a frappé plusieurs pays d’Afrique du Nord et d’Asie Mineure en 2023 : la Syrie, la Turquie et le Maroc.

L’épicentre du premier séisme se situait à environ 40 kilomètres au nord-ouest de Herat, suivi d’un second quatre jours plus tard à 29 kilomètres de la même ville. Ces événements s’ajoutent à la liste d’autres catastrophes naturelles survenues en Afghanistan, notamment le séisme meurtrier de juin 2022, qui a fait plus de 1 000 victimes, ainsi que celui de mars 2023, qui a causé la perte de 13 vies supplémentaires.

Le 8 octobre dernier, Zabihullah Mujahid, le porte parole de l’administration des Talibans Afghans, a publié un tweet sur la plateforme X détaillant les conséquences du séisme : « 2 053 martyres ont été tuées dans 13 villages, 1 240 personnes ont été blessées, 1 320 maisons résidentielles ont été détruites. 10 équipes de secours sont arrivées sur les lieux (tdlr) » . Le gouvernement n’a pour l’instant publié aucune demande officielle pour recevoir de l’aide étatique internationale. Il a néanmoins rejeté la proposition pakistanaise d’envoi d’avions contenant du matériel de survie, expliquant cette décision en partie en raison de tensions préexistantes entre les deux nations.

Sur les plans domestiques, tandis que les États-Unis ont annoncé un financement immédiat de 12 millions de dollars par le biais de l’Agence des États-Unis pour le Développement International, le Canada n’a encore publié aucune proposition d’aide financière concrète. La ministre des affaires étrangères Mélanie Joly a cependant exprimé sur X la solidarité du pays avec les victimes Afghanes : « Nous sommes de tout cœur avec le peuple afghan qui doit faire face aux conséquences de ce tremblement de terre dévastateur. Le Canada est prêt à soutenir le peuple afghan. »

De plus, avec l’arrivée de plus de 40 000 réfugiés afghans au Canada en 2023, la diaspora en pleine croissance s’est mobilisée autour du pays (dont Montréal) pour collecter des fonds (dont la somme n’a pas été publiée) et apporter de l’aide aux victimes du désastre.

Au moment d’écrire ces lignes, la communauté afghane de McGill n’a partagé aucune information sur de potentielles levées de fonds ou de vigiles au sein de l’université. McGill a de son côté communiqué directement avec les étudiants de citoyenneté afghane pour les « informer que nous sommes au courant du tremblement de terre dévastateur en Afghanistan et que nous comprenons que cette situation peut avoir un impact réel sur leur vie quotidienne. Nous sommes là pour les soutenir de toutes les façons possibles durant cette période difficile », a indiqué Frédérique Mazerolle, agente des relations avec les médias de McGill, contactée par Le Délit.

« Nous sommes de tout cœur avec le peuple afghan qui doit faire face aux conséquences de ce tremblement de terre dévastateur. Le Canada est prêt à soutenir le peuple afghan. »

Mélanie Joly

Sur la scène internationale, diverses organisations des Nations Unies tels que le Programme alimentaire mondial, l’Organisation internationale pour les migrations et le Fond des Nations Unies pour l’enfance se sont mobilisées pour apporter un soutien, allant de l’assistance alimentaire à la couverture médicale et au soutien psychologique. Les aides non-gouvernementales font cependant face à de nombreuses barrières pour appliquer leurs efforts, notamment à cause des « restrictions imposées aux femmes et des crises humanitaires mondiales concurrentes qui incitent les donateurs à réduire leur soutien financier ». Pour l’Union Européenne, un paquet humanitaire de 3,5 millions d’euros a été approuvé pour soutenir les efforts de secours en Afghanistan.

Dans l’ensemble, cette catastrophe naturelle s’inscrit dans un contexte plus large de difficultés persistantes en Afghanistan, marqué par une crise humanitaire en cours, un déclin économique significatif (chute de 20% du PIB depuis 2021), et une famine croissante. Alors que le pays se prépare à affronter l’hiver, des milliers d’Afghans se retrouvent sans abri, amplifiant ainsi les défis auxquels le pays est confronté depuis plusieurs années.


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