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Opposition à la Politique de solidarité avec la Palestine

L’adoption d’une politique par l’AÉUM est contestée par l’administration.

Paul Lowry

MRO Communications a envoyé le 24 mars dernier, au nom du vice-principal exécutif adjoint (études et vie étudiante) Fabrice Labeau, un courriel qui dénonçait l’adoption de la Politique de solidarité avec la Palestine. Cette Politique avait été approuvée le 21 mars dernier au référendum d’hiver 2022 par le corps étudiant avec 71,1% des voix et avec un taux de participation de 16,5%. Dans son courriel, Fabrice Labeau affirme qu’une initiative comme la Politique polariserait « à l’excès notre communauté » en créant « une culture d’ostracisme et d’irrespect fondés sur l’identité, la religion ou les convictions politiques ». 

Le message porte à croire que cette Politique inciterait à cibler des individus sur la base de leur religion ou de leurs convictions politiques, alors qu’elle vise spécifiquement des entreprises et des institutions. Fabrice Labeau fait appel à la direction de l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM) afin « de remédier à la situation sans délai ». À défaut de cela, Fabrice Labeau indique que le protocole d’entente entre l’Association et l’Université pourrait être résilié. Le protocole d’entente détermine les paramètres d’opération de l’AÉUM sur le campus ainsi que sa relation avec l’Université. Dans un courriel envoyé le 22 mars à Darshan Daryanani, président de l’AÉUM, Fabrice Labeau signalait que la Politique irait à l’encontre « d’une condition présente dans le protocole d’entente », la convention entre l’AÉUM et l’Université. L’article 12.2 du protocole d’entente indique que « la partie défaillante, après la réception d’un avis de défaut, dispose de 30 jours pour remédier à ce dernier ». 

Contactée par Le Délit pour en savoir davantage sur ce qu’impliquerait une résiliation du protocole d’entente, Shirley Cardenas, relationniste de l’Université, a écrit : « Les débats constructifs sont au cœur de notre mission universitaire et de notre identité mcgilloise. Toutefois, le respect et l’inclusion sont les préalables incontournables de ces échanges. Les politiques et les initiatives qui donnent à des membres de notre communauté le sentiment de ne pas être ​les bienvenus ou d’être rejeté [sic] sur nos campus ne contribuent en rien à la réalisation de notre mission ». 

La Politique en question engage l’AÉUM à reconnaître « le système colonial israélien contre la Palestine ». Selon le préambule de la Politique, « ce système colonial se caractérise par un régime brutal d’appropriation des terres, de postes de contrôle, de démolitions de maisons, de destructions de l’environnement, de déportations et d’exécutions extrajudiciaires aux mains des soldats, de la police et des colons ». La Politique  dénonce que « l’Université McGill investisse et collabore étroitement avec plusieurs institutions complices d’un système d’apartheid colonial ». Dans son courriel, Fabrice Labeau allègue que la Politique donnerait « le sentiment à des membres de la communauté de ne pas être à leur place sur nos campus ». La Politique était proposée par les Étudiant·e·s de McGill en solidarité pour les droits humains palestiniens (Students for Palestinian Human Rights, SPHR).

L’Université n’a toujours pas offert d’explications sur ce qu’impliquerait une résiliation du protocole d’entente avec l’AÉUM.


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