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Enseigner des airs et des savoirs

Dès sa réouverture, le MAC de Montréal présentera 34 artistes et collectifs locaux.

Guy L'heureux | Le Délit

Le Musée d’art contemporain de Montréal (MAC), présentement fermé en raison des normes sanitaires en vigueur, présentera à sa réouverture La machine qui enseignait des airs aux oiseaux, une exposition composée d’une centaine d’œuvres produites par 34 artistes et collectifs locaux. L’exposition regroupe des œuvres thématiquement liées autour de la matérialité, de l’interrelation sujets-objets-espaces, de la mécanisation et de la passation de savoirs. L’exposition sera présentée jusqu’en avril 2021.

Échanges de savoirs

Le titre de l’exposition s’inspire de la définition de la serinette, un instrument qui imite des chants d’oiseaux. Ce titre évoque les multiples thèmes explorés par l’exposition puisqu’il rappelle la mécanisation et la rapide démocratisation de la serinette, qui a passé des milieux aristocratiques à la musique de rue. Le parcours social de l’instrument représente ainsi un échange de savoirs qui ne passe pas par le médium conventionnel de l’écriture.

Ce sont précisément les formes dites « alternatives » de passation de savoirs que les commissaires Mark Lanctôt et François LeTourneux cherchent à promouvoir à travers l’exposition. La machine qui enseignait des airs aux oiseaux comporte notamment une œuvre de Rosika Desnoyers qui explore la broderie en tant que médium d’échange de savoirs et une œuvre d’Anne Low qui examine le textile sous le même angle.

La machine qui enseignait des airs aux oiseaux n’oublie pas non plus les œuvres manuscrites puisqu’un catalogue illustré regroupant les écrits de plus d’une quinzaine d’écrivain·e·s accompagne également l’exposition.  

Isuma et Scott Benesiinaabandan au premier plan

Le long-métrage Une journée dans la vie de Noah Piugattuk, réalisé par le collectif d’artistes inuits Isuma, et l’installation sonore Animikiikaa 10/97, réalisée par Scott Benesiinaabandan, sont les deux œuvres centrales de l’exposition.

Isuma Distribution International | Le Délit

Fondé en 1990 à Igloolik, au Nunavut, Isuma est un collectif d’artistes et une société de production indépendante. Le collectif produit des projets cinématographiques en inuktitut visant à promouvoir l’histoire inuite racontée par ceux et celles qui la vivent. Une journée dans la vie de Noah Piugattuk a été réalisé en 2019 et raconte la rencontre entre Noah Piugattuk, un aîné d’une communauté inuite et Boss, un employé du gouvernement canadien au début des années 1960. Boss cherche à convaincre la communauté inuite d’abandonner son mode de vie nomade, mais Noah refuse d’abdiquer. Leur conversation est médiée par un traducteur inuit qui se retrouve ainsi déchiré entre son devoir d’employé et son respect pour Noah et sa communauté. Le long-métrage a reçu le prix du meilleur film canadien au Festival international du film de Vancouver en 2019.

Guy L’heureux | Le Délit

Parallèlement, l’artiste anishinabe Obishikokaang Scott Benesiinaabandan vise à sensibiliser le grand public à la rareté et à la méconnaissance de la langue ojibwée avec l’installation sonore immersive Animikiikaa 10/97. Benesiinaabandan invite le public à entrer dans une installation sombrement éclairée où la voix de Theresa Eischen-Chartrand, récitant un texte en langue ojibwée, est projetée. Le texte récité provient d’une entrevue en langue ojibwée réalisée avec Mary Syrette en 1910 et est accompagné de quelques modifications ajoutées par Benesiinaabandan. Cependant, aucune traduction du texte récité n’accompagne l’installation sonore afin de rendre hommage à la singularité de la langue ojibwée.

En attendant la réouverture du Musée d’art contemporain de Montréal, une page de présentation accompagnée d’une vidéo d’introduction permet au public de découvrir certaines œuvres qui composent La machine qui enseignait des airs aux oiseaux en plus d’avoir accès à la liste des artistes et collectifs impliqués. Le catalogue d’exposition peut également être acheté dès maintenant.


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