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Nouvelle étape à l’immigration

La CAQ impose son « test des valeurs » aux postulant·e·s du CSQ.

Évangéline Durand-Allizé

Le mercredi 30 octobre dernier, le gouvernement du Québec a annoncé l’intégration d’un test de valeurs dans le processus de sélection d’immigrant·e·s économiques, qui entrera en vigueur dès janvier 2020. Ce test, sur lequel une note d’au moins 75% sera requise afin d’obtenir un Certificat de sélection du Québec (CSQ), comportera notamment des questions sur la démocratie, la francophonie, les droits des femmes ainsi que le mariage. Les potentiel·le·s immigrant·e·s auront également l’option de suivre un cours de 24 heures portant sur ces valeurs.

Promesse électorale

La Coalition Avenir Québec (CAQ) avait promis d’instaurer ce test comme une étape à l’obtention de la résidence permanente. Toutefois, comme la résidence permanente relève du niveau fédéral, la passation du test sera intégrée à l’application pour le CSQ. Simon Jolin-Barrette, ministre de l’Immigration, précisait lors d’une entrevue à 24/60 : « Aucun immigrant ne sera sélectionné s’il ne réussit pas l’évaluation de connaissances des valeurs québécoises. » Il a également ajouté dans une autre entrevue que « s’il y avait fraude [durant la prise du test] on annule[rait] la demande de sélection du Québec, et la personne perd[rait] sa résidence permanente aussi, parce que ça fait partie du pouvoir du ministère de l’Immigration ».

Le test coûtera plus de deux fois le prix qui avait été envisagé dans le budget du ministère de l’Immigration, qui était de 100 000$. Selon Simon Jolin-Barrette, le coût final sera de 240 000$, 140 000$ ayant été octroyés à « des experts » pour l’élaboration du contenu. 

Contestations

Le test de valeurs est loin de faire l’unanimité à l’Assemblée nationale. Selon le Parti libéral du Québec, la facilité des questions posées rend le test inutile, surtout qu’une déclaration de valeurs communes est déjà en place au sein du processus d’immigration. Québec Solidaire, quant à lui, insiste que l’existence du test renvoie un mauvais message aux immigrant·e·s comme aux personnes résidant déjà au Québec. 

Andrés Fontecilla, député solidaire de Laurier-Dorion, résumait : « Ça envoie le message comme quoi les immigrants ne respectent pas les valeurs universelles, parce que ce ne sont pas des valeurs québécoises, ce sont des valeurs universelles comme l’égalité entre les femmes et les hommes, etc. Donc [ça sous-entend que] les immigrants sont fondamentalement des gens différents qu’il faut trier. » 

Dans un reportage de Radio-Canada du 30 octobre, Marjorie Villefranche, directrice générale de la Maison d’Haïti, soutenait que la nouvelle mesure était entièrement politique et aurait été mise en place afin de « serrer la vis aux immigrants ».

Dans le même reportage, Stephan Reichhold, directeur de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes, se disait de l’avis que le test n’aura pas un très grand impact et ajoutait : « On peut se questionner [sur] pourquoi les immigrants ont besoin de ça, alors que les Québécois, il y en a beaucoup qui auraient besoin aussi d’apprendre les valeurs, la Charte des droits ».


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