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Buster Keaton célébré

Retracant la vie de Buster Keaton, le film analyse dix de ses premières œuvres.

Béatrice Malleret | Le Délit

Le documentaire The Great Buster Keaton : A Celebration présente l’homme et son œuvre en bonne et due forme. Coïncidant avec la sortie de la restauration des films muets de Buster Keaton par la maison de production Cohen, ce film de 120 minutes est une façon d’introduire un nouvel auditoire au génie comique du « visage de pierre ».

Dès son enfance, avec la troupe de spectacle vaudeville de sa famille, Buster Keaton parcourt les États-Unis et développe une expertise dans l’art de la comédie. Réel casse-cou et cascadeur, il se forge rapidement une réputation et attire les foules avec son personnage sans expression et son pork pie hat. Dès 1923, il dirige et joue dans ce que l’on considère aujourd’hui comme des chefs‑d’oeuvre tels que Sherlock Junior, La Croisière du navigateur, et Le mécano de la « General ».

Réalisé par Peter Bogdanovich, déjà auteur de La Dernière Séance et Nashville Blues, le documentaire se divise en deux parties. La première dresse un panorama simple, mais efficace, de la vie de Keaton.  On y voit une énorme quantité de photos et vidéos d’archives. La seconde partie du film se concentre sur ce que la critique et la International Buster Keaton Association considèrent comme étant ses plus grandes créations. Nous avons donc droit à un traitement classique d’un documentaire biographique avec le narrateur qui nous prend par la main et qui nous guide à travers la vie de l’artiste. Nous retrouvons aussi plusieurs entrevues menées auprès d’amis de longue date de Buster Keaton, comme Dick Van Dyke qui nous parle du comédien avec amour et passion. 

Le documentaire semble donc vouloir attirer un nouvel auditoire et je serais porté à dire qu’il vise une tranche d’âge beaucoup plus jeune. Cette tendance s’observe avec l’apparition de Quentin Tarantino (Django, Tuer Bill), Johnny Knoxville (Jackass), et Jon Watts (Spider-Man : Homecoming), des représentants du milieu cinématographique facilement reconnaissables pour la nouvelle génération. Ces derniers commentent le fait qu’ils empruntent dans leur art des techniques développées par Keaton et le cinéma muet : Tarantino et la présence du danger imminent qui crée le suspense, Knoxville et ses plans-séquences suivants de multiples cascades, ou enfin Watts et les différents niveaux d’émotions que l’expression ou le regard peuvent dégager. 

Alors que le réalisateur inventait une forme d’art auprès de géants comme Charlie Chaplin et Harold Lloyd, le documentaire met en évidence le fait que les films de Buster Keaton n’ont pas uniquement diverti le public, mais bien influencé des artistes dans leurs créations cinématographiques, poussant ces derniers à considérer le comédien comme « l’essence du cinéma ». Les images restaurées par la maison de production Cohen sont tout simplement incroyables et, bien que les séquences présentées nous laissent sur notre faim puisqu’elles sont volontairement coupées, vous ne serez certainement pas déçu·e·s de retrouver ou de redécouvrir ces passages marquants du cinéma comique contemporain.ξ


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