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L’indignation prend la plume

Une conférence discute du racisme au sein du programme GSFS.

La Faculté des arts de McGill regroupe un nombre important de départements visant, chacun à leur façon, à la formation d’un esprit critique et à l’acquisition de connaissances étendues. Les plus connus sont traditionnels : la science politique, la littérature, l’économie, etc… D’autres s’y font plus discrets. Parmi ceux-ci, les études de genre, sexualité, féminisme et justice sociale, un programme prônant particulièrement l’égalité, l’inclusivité et l’intégrité.

Une nécessité d’intervenir

Pourtant, deux discussions organisées par l’association des étudiants en Gender, Sexuality, Feminist and Social Justice Studies (études de genre, sexualité, féminisme et justice sociale, ndlr) ont eu lieu la semaine dernière, portant sur la discrimination des personnes de couleur au sein du programme.

L’évènement déclencheur s’est produit récemment, lorsqu’un poste de professeur·e s’est ouvert dans le département, et que, parmi des dizaines de candidatures, aucun·e candidat·e noir n’a reçu d’entrevue.

Ceux·elles qui l’ont remarqué ont immédiatement voulu partager leur colère. Ainsi, plu- sieurs étudiant·e·s ont décidé de rédiger une lettre, destinée à être publiée dans le McGill Daily ; celle-ci dénonce notamment un comité de sélection entièrement blanc et l’hypocrisie de certains qui se proclament pourtant acteur·rice·s de l’équité à McGill. Le programme, selon ses fondateurs, a pour objectif d’étudier les sujets centraux de manière inter-temporelle, mais surtout intersectionnelle, regroupant des cours de Critical Race Theory ainsi que d’études Autochtones. La situation semble donc pour certains triste- ment ironique.

Plusieurs étudiant·e·s is- sus de minorités témoignent du fait qu’ils n’ont presque aucun professeur de couleur, ce qui, d’après eux, révèle clairement une inégalité au sein du personnel. « Ne voyant jamais de professeurs qui me ressemblent, il est parfois plus difficile de m’identifier à eux », nous confie une étudiante au cours de la soirée. D’autres observent qu’il est presque impossible de témoigner de conversations complexes et profondes sur les questions raciales. Plusieurs racontent que, plus souvent que l’on ne le soupçonne, certains commentaires déplaisants, voire insultants, sont ouvertement prononcés par des élèves ou des professeur·e·s ; beaucoup s’indignent en disant qu’il leur est difficile de croire qu’on puisse entendre le « n‑word » pendant un cours ou encore en apprendre sur les « bienfaits et inconvénients » du colonialisme.

La pointe de l’iceberg

Tous·tes assis·es autour d’une table, un groupe diversifié d’étudiant·e·s échangent et partagent leurs expériences. Une conversation, entamée par l’invitation aux commentaires sur la lettre qui sera publiée prochainement, dérive peu à peu vers la question de sa pertinence même. L’on tente alors de dresser une liste de « prochaines étapes » sur une grande feuille blanche, mais celle-ci ressemble bien vite à un désordre d’idées et de mots, écrits dans tous les sens, un à un ajouté après la prise de parole d’un nouveau participant. Cela montre l’implication des étudiant·e·s dans le débat.


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