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Coderre à l’aise devant Plante

Denis Coderre et Valérie Plante ont débattu dans le cadre des élections municipales.

Alexis Fiocco

C’est à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain que Denis Coderre, maire sortant, et Valérie Plante, deuxième dans les sondages, se sont retrouvés le jeudi 19 octobre pour un débat unique, dans le cadre des élections municipales qui auront lieu le 5 novembre prochain. Entourés de leurs soutiens, de la presse, et de citoyens intéressés, les deux candidats ont débattu pendant une heure sur des thèmes prédéfinis et identifiés comme les « grands enjeux de la métropole ». Au menu, « Vivre à Montréal », « Gouverner Montréal », « Réussir à Montréal », et « Se déplacer à Montréal ».

Des parcours contrastés

Selon les sondages, Coderre commence avec une avance sur sa principale concurrente. Grâce à sa notoriété, peut-être, mais pas que : « Il a remit Montréal sur la map (carte, ndlr)», explique une de ses connaissances, « Il a un petit côté dictatorial parfois, mais il a redonné un élan à la ville ». Ce n’est pas pour autant que le pari est gagné d’avance. Valérie Plante mène une campagne de terrain efficace, offre un large éventail de propositions pour la ville, et monte tranquillement mais sûrement dans les sondages. 

Reste que la différence de carrure qui sépare les deux candidats — Coderre en est à sa onzième élection — est marquante et s’est faite sentir pendant le débat. Le maire sortant a fait rire le public avant même que commence la discussion, en se mettant en scène en prenant un selfie avec un large sourire et le pouce levé. Plante, de son côté, a commencé en renversant son micro — qu’elle n’a d’ailleurs jamais relevé — ce qui a eu comme conséquence que sa voix resta plus faible que celle de son adversaire pendant toute la confrontation. Pendant le vif du débat, Coderre s’est montré à l’aise contre son adversaire, esquivant les piques qu’elle lui lançait et les lui retournant de plus belle. Sur le fond, les deux candidats ont débuté leurs ouvertures respectives par un message : Plante en soutenant les femmes qui dénoncent les agressions sexuelles qu’elles ont subies, et Coderre par un land acknowledgement en soutien aux communautés autochtones. 

« Valérie Plante a essayé tant bien que mal de déstabiliser son adversaire »

Par la suite, le maire sortant est revenu sur l’efficacité de son mandat, de ses projets aboutis, et le rayonnement mondial de Montréal. Sa concurrente, elle, a reproché à son adversaire un manque de transparence, d’efficacité, et de moyens pour les enjeux de proximité. Manque de fonds pour les logements sociaux, trop de travaux peu productifs, absence de contact avec le contribuable, Valérie Plante a essayé tant bien que mal de déstabiliser son adversaire, impassible. Lui répondait par des exemples concrets de projets aboutis, et pointait du doigt la naïveté d’une personne qui n’avait pas encore connu les difficultés de la fonction.

Des candidats impassibles

Sur le tout, les deux opposants n’ont montré que très peu d’accord si ce n’est leur animosité envers la loi 62, qui a été adoptée à Québec la semaine dernière et qui interdit le port du voile intégral dans certains lieux publics (plus d’informations en page 6, ndlr). « Il n’est pas question de bafouer les droits des Montréalais, et c’est ce que cette loi fait. On ne les privera pas des services publics », a martelé Plante, faisant référence au flou qui entoure la loi quant à l’utilisation des transports en commun. 

Coderre acquiesça, rappelant qu’il avait déjà fait savoir son mécontentement auprès du gouvernement provincial et n’entendait pas s’arrêter là. 

Il est clair, cependant, que la victoire de ce débat porte le nom de Coderre. Vieux loup de la politique, il a su maîtriser une adversaire jeune et moins expérimentée.

Ce n’est pas pour autant que le maire sortant doit se reposer sur ses lauriers. S’il a gagné une bataille, la guerre n’est pas encore finie et Valérie Plante n’est pas loin derrière.


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