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Ligne de Fuite

Thème de la semaine : Hors du commun

Nicolas Marbeau

Ton Lacet

Noeud simple.

Il se noue facilement en deux boucles et protège de façon éphémère deux côtés de la rupture. Il se faufile entre leurs failles, et les force doucement à se rejoindre à l’unisson. Mais les noeuds ne restent jamais simples, et la vie non plus d’ailleurs. Souvent pour durer, il faut doubler. Les joies, les peines, les noeuds. Tout vivre mais deux fois plus.

Noeud double.

Les deux bords s’enlacent mais ne s’en lassent pas.

Le noeud ne se défait pas et le lacet semble consolider une union improbable, résistant à chaque intempérie.

Le lacet n’est qu’un lien faible, une minuscule ficelle qui arrive à joindre deux bouts. Un point commun, en quelque sorte, qui les relie l’un à l’autre.

Et tout ne tient qu’à un fil.

Une fois, le lacet a orné une guitare, et semblait de nouveau unir deux entités en une douce onde :

l’Homme et la musique, pour n’en faire plus qu’une.

Louisane Raisonnier


Son Seres (they are beings) Fernanda Mucino

« Hors du commun »

C’est ce qui est en dehors. Ce qui est en marge.

Ce que nous voyons peu, voire pas.

C’est parfois violent, quelques fois surprenant et le plus souvent étrange.

C’est cet enfant qui tient en laisse son chien.

C’est ce chien qui tient l’enfant à l’écart de la dispute de ses parents, des pleurs de sa jeune sœur, dans un mouvement dangereusement gracieux.

C’est ce jeune adulte, pris de folie destructrice, qui abandonne son corps et fuit le commun, la norme.

C’est ce spectre qu’on ne distingue plus, qu’on ne reconnait plus. Il porte un seul message :

tout doit disparaître.

Faire place neuve au lendemain afin que le commun nous rattrape.

Adel Mohamedi

Tout doit disparaître, Pantin, août 2017 (Tirage argentique) Adel Mohamedi | Le Délit
Le Chien et l’enfant, Pantin, août 2017 (Tirage argentique) Adel Mohamedi | Le Délit

 

 

 

Mort du commun, Pantin, Aout 2017 ( tirage argentique) Adel Mohamedi | Le Délit

Arômes étrangers

Ainsi va le temps berçant le feuillage des mœurs

Un coup de vent, certaines s’envolent ailleurs

Tombent

S’agrippent à leurs racines qui jamais ne s’arracheront.

L’amour perdurera dans des saisons à venir

Dans de nouveaux souvenirs gravés dans la sève.

Les années passent et l’humidité s’alourdit, trêve d’armure ;

Enlève ton casque, écoute l’étourdissement de nos voix.

Reprenons pied, hier sera comme demain

Et pourtant nos mains se baladeront dans le bain malsain des arômes étrangers.

En un instant, deux vents contraires mènent les feuilles à sommeiller dans l’air amer.

L’horizon était trop net pour être honnête, il joue de nos têtes et les émiette.

Alina Lasry

 


Nicolas Marbeau
Nicolas Marbeau

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