Aller au contenu

David Aird, les réactions étudiantes

Le Délit a récolté les réactions d’associations et étudiant·e·s mcgillois·e·s concernant David Aird. 

Mahaut Engérant

La démission de David Aird ce mercredi 22 février, face à de nombreuses allégations de violences sexuelles, a provoqué des réactions étudiantes. David était le v.-p. aux Affaires externes de l’Association des étudiants en premier cycle de l’Université McGill (AÉUM). Ce rôle lui a permis de s’investir dans de nombreux groupes militants sur le campus, jusqu’à se rendre omniprésent dans le milieu activiste mcgillois.

Manque de communication

Comment son comportement aurait-il pu alors rester inconnu du grand public, alors qu’il apparaît que de très nombreuses personnes ont exprimé leur mal-être, voire pire, vis-à-vis de la situation de pouvoir de Aird ? Nina Hermes, floor fellow au Royal Victoria College, a nourri des réserves à propos de la position officielle de Aird dès le début. Au cours des premiers mois de l’année 2016, David lui demande de sortir avec elle « de manière répétée jusqu’à ce que cela s’apparente presque à du harcèlement ». Ne le connaissant pas, elle repousse ses avances.

Aujourd’hui, elle nous explique que « le comportement de David était connu de toutes chez les femmes. Je n’ai jamais rencontré une femme ayant eu une interaction positive avec David, mais la plupart des hommes avec qui j’ai parlé de David sont choqués ». Si cela se savait, si des rumeurs circulaient, elle n’ont été exposées au grand jour que ces derniers jours, et elles portaient en grande partie sur la supposée tendance au harcèlement sexuel de David Aird. Mais « Qu’est-ce qui stopperait quelqu’un qui harcèle les femmes de les attaquer ? Ce sont deux formes de violence sur le même spectre, juste différentes limites qui sont franchies » continue Nina Hermes. Il faudra attendre les communications du Community disclosure network (Réseau de divulgation communautaire, ndlr), pour que ces supposées attaques sexuelles soient connues de tous·tes.

« David a aussi été autorisé à se retirer sans bruit de toutes ces organisations, il n’y donc pas eu de transmission de savoir. J’ai parlé à tant de femmes qui n’avaient aucune idée du fait que son comportement avait un caractère répétitif » continue Nina Hermes. Si « toutes ces organisations », celles dans lesquelles David Aird était actif à McGill, n’ont pas fait connaître les difficultés que leur aurait posées son comportement, ces organisations l’impute à un manquement de l’AÉUM dans ses procédures de divulgation.

Une critique acerbe de l’AÉUM

Ainsi, cette critique de l’AÉUM sembler faire consensus. Nombreux sont les groupes qui se sont confrontés à une association étudiante dont le règlement ne permet pas d’engager une enquête interne de façon indépendante. En effet, si des organisations étudiantes telles que McGill Against Austerity (MAA, McGill contre l’austérité en français, ndlr) ou les Jeunes néo-démocrates du Québec (JNDQ) ont essayé d’avertir l’AÉUM du comportement de David Aird, aucune d’entre elles n’ont pu faire aboutir la démarche. Et pour cause : si l’on souhaite effectuer une plainte formelle, le nom de la survivante doit être dévoilé. Dans le cas présent, il est probable que l’agresseur supposé fut mis au courant des plaintes en question.

Contacté par Le Délit, une militante de MAA a expliqué sa démarche : « Nous avons travaillé avec l’« Equity Policy » de l’AÉUM pour voir s’il était possible de déposer Aird de sa position. La seule possibilité était d’avoir recours à une plainte officielle [auprès de l’AÉUM] qui aurait compromis l’anonymat de la survivante. Nous nous sommes retrouvés coincés. »

Dans un communiqué, l’association Silence is Violence (SIV, Le silence est violence en français, ndlr) a fortement critiqué l’AÉUM ainsi que ses membres exécutifs. « Nous sommes troublé·e·s de voir que, tout en se cachant derrière la façade de l’anti-oppression, l’AÉUM a trahit la confiance des survivant·e·s (has failed survivors, ndlr), ainsi que la communauté mcgilloise au complet ». L’organisation s’attarde surtout sur le cas de Ben Ger, président, qui aurait manqué à ses responsabilité en gardant confidentielles les accusations visant David Aird. Pour rappel, Ger avait été averti en septembre 2016 que certaines personnes auraient été mises mal à l’aise par Aird, et, pour répondre à ces accusations, avait commencé des sessions de check-ins hebdomadaires.

Le Sexual assault center of the McGill students’ society (SACOMSS, Centre aux agressions sexuelles de l’association étudiante de McGill en français, ndlr) a, elle aussi, « condamné l’attitude irresponsable » (lack of accountability)» de l’AÉUM.

La grande majorité de ces organisations ont conclu en appelant à réformer l’AÉUM. Une des pistes privilégiées serait la création d’une procédure permettant que des plaintes soient effectuées de façon anonyme, pour être traitées par un organe indépendant.

Le Délit vous revient avec plus d’information sur le rôle de l’AÉUM dans les jours qui viennent.


Articles en lien