Aller au contenu

L’Impact refait le printemps

Entrevue exclusive avec le capitaine de l’Impact de Montréal Patrice Bernier.

Impact de Montréal

Le printemps bleu-blanc-noir est bel et bien là (p.3)! L’Impact a gagné ses deux premiers matchs, confirmant par la même occasion l’excellence et la cohésion de ses joueurs. Au pas de course, Patrice Bernier, le capitaine du Onze montréalais s’est joint à nous pour nous parler de cette équipe qui n’a pas fini de faire rêver ses supporteurs !


Le Délit (LD): C’était bien l’entraînement ?

Patrice Bernier (PB): Oui, c’était bien ! Je suis blessé donc je m’entraîne tout seul. Par contre la guérison avance bien. Ce n’est pas toujours évident d’être blessé quand tu es athlète mais je vais jouer cette saison ! 

LD : Ton rôle en ce moment au sein de l’équipe est donc moral…

PB : En quelque sorte oui, mais quand tu es à l’écart, tu es à l’écart ! En tant que capitaine j’essaye de garder le contact avec les joueurs, mais c’est sûr que je suis moins actif. Quand tu n’es pas sur le terrain, ce n’est pas la même chose.

LD : Puisque tu es blessé, tu n’as pas pu suivre ton équipe à l’étranger, est-ce que tu as suivi les exploits de tes coéquipiers ? 

PB : Oui, comme tout le monde, depuis les estrades et à la télé (rires)! C’est bien, on fait un bon début de saison, mais la saison est encore longue, il ne faut pas s’emballer non plus. Il y a des hauts et des bas. On se souvient de 2013, on avait très bien commencé et on n’a pas fini en top forme. Au moins la confiance est là, on est optimistes pour la saison à venir.

LD : Quelles sont les objectifs pour cette saison ? 

PB : L’objectif c’est de faire les séries, c’est sûr ! On l’a fait deux fois en quatre ans et la réalité de cette ligue c’est que les plus gros clubs veulent faire les séries chaque année, sinon c’est la crise. On veut devenir un club comme ça. Et une fois que tu es en série, tout est possible ! On a l’expérience d’avoir fait ça l’année passée, on arrive avec ça en poche. L’objectif c’est de finir dans les deux-trois premiers de notre association pour avoir l’avantage à domicile pour la suite. 

LD : Beaucoup d’analystes disent que vous pouvez faire quelque chose de grand cette année. Est-ce que ça ajoute une pression supplémentaire ?

PB : Je ne m’intéresse pas à ce que disent les analystes. En 2013, ça a pris deux mois pour qu’on nous donne du crédit. Aujourd’hui, on nous le donne plus tôt parce que ça va bien, mais il ne faut pas s’emballer ! On est serein, on veut faire quelque chose de spécial. Après, c’est vrai qu’il y a une pression supplémentaire parce qu’on a bien joué l’année passée. Il faut utiliser cette pression pour rester performants. Après deux bons matchs, tout le monde nous attend ! 

LD : Est-ce qu’il y a un rival à surveiller cette saison ? 

PB : Il y a toujours des équipes performantes, je pense au New York Red Bulls qu’on a battus cette fin de semaine. Il y a beaucoup de bonnes équipes dans l’association de l’Est, qui ont pris du volume. Toronto était bon l’année passée, ils se sont encore renforcés cette saison. Et puis c’est sûr que ce sont des rivaux, ils sont juste à côté. Le but c’est d’être dans les premiers, on verra après une dizaine de matchs, c’est la constance qui va déterminer ; qui va aller loin ! 

LD : Le point positif du début de saison — deux victoires contre deux bonnes équipes — c’est que l’Impact a gagné sans Didier Drogba, considéré comme le talisman de l’équipe l’année passée…

PB : Oui c’est sûr, même si on était déjà une équipe l’année passée, avec Didier on a pris une autre dimension, par ce qu’il apporte sur le terrain : le facteur intimidation, son expérience et sa personnalité entraînante ! C’est un défi pour ceux qui jouent : Dominic Oduro marque des buts, Nacho (Piatti, ndlr) a retrouvé son niveau de 2014. La saison est longue et une équipe qui a plusieurs joueurs performants pourra maintenir une cadence positive. C’est sûr que l’année dernière, pendant deux mois, Didier a marqué beaucoup de buts et a maintenu cette vague-là. Il nous reste 32 matchs, c’est bien de voir Nacho, Harry Shipp, (Lucas, ndlr) Ontivero.

J’aimerais transmettre aux jeunes l’expérience que j’ai gagnée. Le soccer, c’est mon école

LD : Tu es le seul joueur de l’équipe à avoir connu l’Impact avant la Ligue Majeure. Qu’est-ce que ça te fait de porter cet héritage ?

PB : C’est vrai, je suis le plus vieux, ça fait huit ans que je suis au club (rires)! C’est spécial de voir où on est arrivés aujourd’hui, regardez les banderoles. Il y a deux clubs de supporteurs, les Ultras et le groupe 1642, et on voit l’engouement qu’on crée dans la ville, le stade est plein, j’ai joué avec Didier Drogba, Alessandro Nesta, Marco di Vaio. En tant que Montréalais, c’est bien. Jamais je n’aurais pensé — sincèrement — que le club serait dans la MLS (championnat américain de soccer, ndlr) et à ce niveau-là ! Le club a fait des grands pas, c’est bien pour tous les fans de soccer dans la ville. C’est comme voir ton petit frère grandir et réaliser qu’il est très bon !

LD : On parle d’héritage, et justement l’entraîneur-chef Mauro Biello a un historique avec l’Impact, il a été joueur au club pendant plus de quinze ans. Qu’est-ce qu’il apporte dans le vestiaire ?

PB : Mauro a remis les choses en route. On avait été bons en 2012–2013, puis on s’est perdus en 2014. On ne savait plus qui on était. Il a proposé une façon de jouer qui était propre à nous autres, aux joueurs que le club a repêchés. Le staff de l’académie fait aussi un bon travail : enseigner aux jeunes les principes du club pour avoir une corrélation quand ils arrivent chez les pros. Je suis content pour Mauro, il a travaillé fort ces quatre dernières années comme assistant, et aujourd’hui, les résultats qu’on a prouvent que quelqu’un d’ici peut être bon sur le terrain et en tant qu’entraîneur. Ce qu’il a apporté c’est des certitudes, de la confiance, de la sérénité dans ce qu’on fait, et puis une identité. On a des bons joueurs, et c’est facile d’avoir des bons joueurs, c’est autre chose de bien jouer en équipe. Le but c’est qu’il puisse être là longtemps.

LD : Tu as 36 ans, est-ce que tu as pensé à ta reconversion ? 

PB : Oui, je sais déjà ce que je vais faire. J’aimerais ça, rester sur le terrain, coacher, surtout à ce niveau-là, ou chez les jeunes. C’est la meilleure transition pour tranquillement réaliser que tu ne joues plus. Si tu arrêtes d’un coup, c’est drastique et beaucoup de joueurs le regrettent. J’aimerais transmettre aux jeunes l’expérience que j’ai gagnée. Le soccer, c’est mon école (rires)!

On est serein, on veut faire quelque chose de spécial.

LD : Si tu devais mettre une chanson pour motiver le vestiaire, tu mettrais quoi ? 

PB : C’est difficile. Là, t’as Didier qui met ses chansons à lui, du zouk, de la musique africaine, entraînante. Je ne sais pas si tout le monde aime (rires), mais c’est entraînant. Pour motiver le groupe, je ne sais pas. On est un groupe très calme, mais pas très flyé (rires)!

LD : Et toi, une chanson qui te motiverait avant l’entraînement ? 

PB : Dernièrement, la chanson que j’aime bien, même si c’est pas nouveau, c’est I’m back (Numéro 1, ndlr) de Sans Pression. C’est un groupe d’ici, de Montréal ! Et puis ils ont des racines haïtiennes. Les paroles sont inspirantes, ça me motive ! Sinon vous écoutez Empire ? Il y a une chanson qui s’appelle Powerful, avec Alicia Keys, qui est excellente ! 

LD : Cet été, c’est l’Euro 2016. Prédictions ?

PB : La France, car ils jouent chez eux ! Quand tu es pays hôte, tu as un avantage. J’aimerais bien que la Belgique fasse quelque chose, avec la génération qu’ils ont ! Ça serait bien pour Laurent (Ciman, défenseur belge de l’Impact, ndlr). Mais ça peut faire comme le Portugal de la génération de Luis Figo et Rui Costa, qui n’a rien gagné. Les Allemands et les Espagnols sont toujours à redouter. Mais ça va être intéressant, il y a beaucoup d’équipes pour qui ce sera le premier Euro ! 

LD : Tu vas regarder ? 

PB : Oui, c’est sûr. Je regarde tous les tournois, je ne rate jamais une opportunité de regarder du foot de haut niveau (rires)!


Impact de Montréal

Articles en lien