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Semaine de grève dans les écoles

Coupes budgetaires dans l’éducation : à quel prix les Québécois paieront-ils l’équilibre ?

Luce Engérant

Le gouvernement libéral du Québec a promis lors des élections provinciales de 2014 d’atteindre l’équilibre budgétaire au cours de l’année 2015–2016. Pour ce faire, plusieurs coupures budgetaires dans la sphère de la fonction publique ont été entreprises. Ces coupures concernent notamment les policiers, les pompiers, les employés du secteur de la santé, les enseignants, et le personnel de soutien dans les écoles. Mardi dernier, 125 000 des 415 000 employés représentés par le Front commun de la santé, de l’éducation et de la fonction publique étaient en grève à travers la province. Les employés de la fonction publique manifestent contre les nouvelles réglementations que veut imposer le gouvernement québécois.

Heures supplémentaires

Mercredi dernier, sur la rue Université, à l’entrée de l’école FACE, en face de l’entrée du pavillon Adams de l’université McGill, malgré la pluie et le vent, les quelque 60 enseignants de la partie francophone de l’école étaient en grève légale non payée pour la journée. L’école FACE fait partie de L’Alliance des professeurs et des professeures de Montréal qui est représentée à la table des négociations avec le gouvernement du Québec pour une nouvelle convention collective des employés du secteur de l’éducation.

Le gouvernement veut augmenter la durée de la semaine de travail des enseignants de 32 à 35 heures sans toutefois aucune augmentation salariale à l’horizon. En effet, les salaires seraient gelés pour les trois prochaines années (et non pas indexés sur l’inflation) et une augmentation de 3% des salaires des enseignants ne serait prévue que pour la quatrième et la cinquième année. Pour l’instant, cette proposition a été mise de côté par le gouvernement à cause de la grogne qu’elle a occasionnée, nous dit Paul, représentant syndical de l’école. Toutefois, les projets du gouvernement inquiètent : coupures dans l’aide spécialisée (élèves autistes, élèves sourds et muets, etc.), élimination de certains postes, telles que l’aide psychologique pour les élèves, mais aussi pour les enseignants.

Luce Engérant

Enseignants : pas contents

D’après Amélie Lapointe, enseignante à la maternelle, l’enjeu névralgique des négociations est la question de l’élimination des quotas et de l’augmentation du nombre d’élèves par classe : « le gouvernement veut éliminer les quotas dans les classes. Normalement les classes avec un enfant avec des difficultés sont prises en considération et ces classes comptent un moins grand nombre d’élèves. Par exemple, si une classe de maternelle a normalement 20 élèves, une même classe avec un enfant autiste en aurait 16 ou 17, afin que l’enseignant puisse être plus disponible pour cet enfant qui pourrait avoir des difficultés d’apprentissage. » L’enseignante s’inquiète à  l’idée que cette réforme éventuelle fasse des élèves avec des difficultés d’apprentissage des laissés pour compte tout en augmentant la charge de travail des enseignants.

Julie Adam, également enseignante, se soucie du manque de reconnaissance du corps enseignant au sein de la société. « J’entends souvent dire que les enseignants ont de très bonnes conditions de travail pour une charge de travail minime. Pourtant, les enseignants n’arrêtent pas de travailler au son de la cloche, nous devons corriger les travaux scolaires, préparer les cours, organiser les activités parascolaires, etc. Ces heures supplémentaires ne sont ni comptées ni rémunérées. »

Les élèves de l’école FACE auront donc manqué deux jours d’école durant cette semaine de manifestations et de piquets de grève. Si le gouvernement et les associations syndicales n’arrivent pas à trouver un terrain d’entente pour le renouvellement de leurs conventions collectives, certains regroupements d’enseignants pourraient tomber en grève illimitée en décembre.


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