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L’avenir de nos villes

L’IÉCM tient un sommet pour (re)penser la ville.

Noor Daldoul

L’Institut d’études canadiennes de McGill (IÉCM) a tenu sa conférence annuelle les 19 et 20 février derniers au centre Phi. De nombreux intervenants francophones et anglophones venus de partout au Canada, des États-Unis, de France ou encore de Colombie se sont réunis autour du thème « Les villes qu’il nous faut ». L’événement consistait en une série de présentations sur les enjeux qu’affronte aujourd’hui la ville de Montréal, et pour présenter des solutions innovatrices pour rendre cet espace urbain plus équitable, durable et participatif. Au fil de l’événement, le public, venu en grand nombre, a pu en apprendre davantage sur les notions de gouvernance, de vie citoyenne, et d’infrastructures urbaines. La conférence a en outre abordé le thème de la « Croissance Intelligente » [Smart Growth, ndlr]. Lors de la première séance « Gouvernance de la ville : la perspective du maire », la mairesse de la ville de Mississauga Mme Bonnie Crombie a donné une définition de ce sujet central au 21e siècle : « comment construire une communauté viable, comment protéger et préserver notre communauté distincte, comment intensifier l’activité sans perdre notre spécificité ?»

Ville numérique ou ville humaine

Regroupant des personnalités politiques et des experts en urbanisme, en droit ou en communication, la conférence a été l’occasion d’aborder des questions qui touchent la ville en 2015, notamment concernant les implications de la ville digitale. Harout Chitilian, vice-président du comité exécutif de la Ville de Montréal, a reconnu que Montréal devait utiliser sa force dans le secteur des technologies de l’information, qui génère plus de 21 millions de dollars du PIB de la ville : « la base est extrêmement solide et nous devons construire sur cet élan pour obtenir des résultats concrets », a‑t-il affirmé. D’un autre côté, Jessie Adcock, responsable en chef des services numériques de la Ville de Vancouver, a mis l’accent sur le devoir de responsabilité écologique de toutes les villes, tout en soulignant l’importance de l’innovation à l’intersection du numérique et de l’énergie verte.

D’autres panélistes se sont penchés sur la notion de vie urbaine, dont Armando Silva, directeur du projet Imaginaires urbains et Luc Gwiazdzinski, enseignant-chercheur français et président du Pôle des arts urbains. Comme l’a expliqué M. Silva, la ville est un lieu physique et géographique alors que l’espace urbain est intimement lié aux mentalités et à l’imaginaire des personnes qui y vivent. Il faut donc apprendre à voir la ville comme la somme d’objets urbains incarnés par des émotions humaines et pas seulement comme un lieu géographique.

Participation citoyenne

De nombreux conférenciers ont abordé le thème de l’engagement citoyen. Lors du panel « Justice, égalité et la ville », Dr. Lashley, professeure adjointe au Département de psychiatrie à McGill, s’est attardée sur le rôle des citoyens pour faire de la ville un endroit plus sécuritaire et égalitaire. Elle a offert un discours de tolérance visant à promouvoir la solidarité citoyenne comme contre-force face aux dynamiques d’exclusion parfois exacerbées par les médias ou la politique : « Nous devons arrêter d’avoir peur les uns des autres et commencer à tendre la main aux autres ». Dr. Lashley a préconisé le dialogue comme moyen d’éviter la radicalisation et la violence, estimant par exemple que les relations souvent tendues entre citoyens et policiers (comme dans le cas de Ferguson) peuvent être résolues à l’aide du respect de tout un chacun.

De son côté, M. Chitilian s’est accordé à dire que « Les citoyens de Montréal sont engagés ». Il a donc conseillé à plusieurs reprises que cet engagement soit renforcé par la mise en place de lieux d’échanges et de sessions de création collective entre les Montréalais et les représentants de la ville pour que le développement devienne un processus pensé par et pour les citoyens. De telles plateformes transparentes et inclusives permettraient d’identifier les priorités des Montréalais et d’établir les politiques urbaines en fonction, a déclaré M. Chitilian. 

Will Straw, président de l’IÉCM et animateur de la conférence, a affirmé dans son discours de clôture être très satisfait de l’organisation et de la parité hommes-femmes au sein des panélistes. L’année prochaine, la conférence de l’IÉCM se tiendra autour du thème « Le Canada dans le monde ».


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