Aller au contenu

Langue française bien pendue

La CAF organise un débat sur le français entre jeunes leaders provinciaux.

Philippe Robichaud

La Commission des affaires francophones (CAF) de McGill a organisé lundi midi une table ronde au sujet de la place de la langue française au Québec, dans le cadre de la Francofête, une série annuelle d’événements autour de la francophonie. On attendait l’avocat Frédéric Bérard, qui devait initialement remplir le rôle de modérateur du débat. Retenu pour une entrevue avec la chaine de télévision TVA au sujet de l’imam Chaoui, il n’a finalement pas pu venir. La rencontre n’a pas eu à souffrir de cette absence, puisque Martin Crevier, commissaire de la CAF, a pu, au pied levé, le remplacer. Dans la salle Madeleine Parent du bâtiment de l’AÉUM devant une quinzaine de personnes, les représentants des quatre principaux partis politiques québécois ont pu échanger entre 12h et 13h30. Étaient présents : Alexandre Leduc pour Québec Solidaire, David Raynaud pour Coalition Avenir Québec, Stéfanie Tougas pour le Parti Québécois et enfin Stéphane Stril pour le Parti Libéral du Québec McGill. Le thème de la réunion : « Parlons français. » Il s’agissait de parler en français pour parler du français.

La langue française est-elle aujourd’hui menacée ? Est-ce encore un enjeu politique majeur, ou seulement un « épouvantail » agité par certains leaders politiques ? C’est par cette première série de questions que le débat a commencé. Ouvrant la discussion, Stéphane Stril (PLQ) a reconnu que la question de la langue française au Québec est toujours d’actualité en 2015. « Il faut rester vigilant », dit-il. Cependant, il convient, selon lui, de « dédramatiser et sortir de l’émotif ». La langue française est loin d’être en crise. Ceux qui défendent l’inverse ne font, d’après lui, que « nourrir des peurs ». Stéfanie Tougas reconnaissait elle aussi que le mot « crise » est bien trop fort. La vice-présidente de l’aile jeunesse du Parti Québécois (CNJPQ), étudiante à l’Université de Montréal, tenait en même temps à souligner que la moitié des immigrants arrivant à Montréal n’a pas de connaissance du français. C’est là pour elle un enjeu important. Alexandre Leduc abondait dans ce sens : « La clé de la francisation se joue dans le travail. » C’est alors, tout naturellement, que la question de la loi 101 est venue s’intégrer à la discussion. Pour Québec Solidaire, les entreprises ne respectant pas la loi 101 devraient se voir infliger de véritables « malus », et pas seulement un blâme. De même, il devrait y avoir un système de bonus pour soutenir les investissements culturels qui permettent la promotion de la langue française.

Si tous semblaient s’accorder à dire qu’une certaine vigilance doit être maintenue, les enjeux de la loi 101 ont permis de voir de véritables divergences entre les quatre jeunes leaders. Le ton s’est fait plus polémique. David Raynaud plaidait pour une « modernisation de la loi 101 ». Alexandre Leduc a pu lui faire remarquer que la CAQ n’a pas aidé à la réussite des récentes tentatives de modernisation. Le PLQ a lui aussi été visé. Stéphane Stril et Alexandre Leduc se sont tout de même retrouvés sur un sujet : l’évolution de la loi 101 dans le domaine des entreprises. La loi 101 ne s’applique aujourd’hui qu’aux entreprises de 50 salariés et plus. Québec Solidaire veut abaisser ce seuil, pour élargir l’application de la Charte de la langue française. Stéphane Stril s’est dit personnellement favorable à cette mesure. Même consensus enfin sur la question du bilinguisme des juges de la Cour suprême : « une évidence » pour Alexandre Leduc, « pure logique » pour David Raynaud.

La table ronde s’est conclue sur une courte période de questions, durant laquelle les membres de l’assistance pouvaient interroger les conférenciers pour plus de détails sur les positions des partis sur la question du français au Québec.


Articles en lien