La nouvelle campagne de Heart City, destinée à encourager et célébrer les initiatives qui contribuent à leur communauté, a été lancée mercredi dernier sur les réseaux sociaux. Heart City est une compagnie de vêtements dits urbains un peu particulière, du fait qu’elle s’inscrit dans la lignée émergente de l’entrepreneuriat social, une tendance de plus en plus populaire dans une époque où le capitalisme agressif n’a plus la côte. L’idée derrière le projet est de lutter contre l’itinérance tout en encourageant des artistes des quatre coins du monde.
Matt Dajer et D’Arcy Williams, fondateurs de la compagnie et tous deux étudiants en dernière année à McGill, débusquent des artistes de rues et transposent des designs créés par ces derniers sur diverses sortes de vêtements. 5% des bénéfices récoltés sont ensuite versés à la fin de chaque année à des organisations qui luttent contre l’itinérance dans la ville natale de chaque artiste. Le concept est donc très axé sur son aspect local, comme le souligne D’Arcy Williams au Délit : « Les gens essayent souvent de regarder loin dans le monde pour le changer, mais nous essayons de vraiment nous concentrer sur les gens dans leurs villes, les artistes dans leurs villes qui rendent à leurs communautés. »
Une crédibilité encore à forger
Cependant, l’aspect entrepreneurial du projet suscite parfois une certaine méfiance des organismes caritatifs au premier abord. « Ils sont un peu sceptiques au début à l’idée que nous utilisions leurs logos, mais quand on leur dit qu’on leur versera 5% de nos bénéfices à la fin de l’année, ça va », confie Matt Dajer. Pour Sarah Mehta, une des premières artistes à collaborer au projet et ancienne étudiante à McGill, c’est l’aspect artistique du projet qui est plus important : « La rémunération n’est pas si importante, mais je pense que promouvoir les artistes locaux de Montréal profite énormément à la communauté des arts à Montréal. »
Les organisations auxquelles Heart City verse des fonds sont des plus variées, allant de l’association indienne Salaam Balak Trust, qui aide les enfants de la rue à devenir guides touristiques, à Dans la Rue, un organisme montréalais qui vient en aide aux jeunes sans-abri. Dans la Rue, qui collabore avec McGill pour sa clinique juridique, est une des associations qui recevra probablement le plus d’argent de Heart City, car les artistes montréalais qui collaborent avec la compagnie sont plus nombreux que ceux d’autres villes. « Notre mission, c’est vraiment de travailler avec les jeunes pour qu’ils acquièrent les ressources et les compétences pour mener une vie plus enrichissante », décrit Cécile Arbaud, la directrice générale de Dans la Rue, lors d’un entretien avec le Délit. Selon elle, « il est important que les entreprises contribuent financièrement à lutter contre l’itinérance, mais c’est important aussi de sensibiliser les gens, donc vendre des produits dont une partie des bénéfices est utilisée pour lutter contre l’itinérance, ça aide à sensibiliser les gens, notamment les jeunes ».
Dans la Rue n’a pas encore reçu de fonds de Heart City, selon Mme. Arbaud, mais M. Williams affirme que 100 dollars ont été récoltés jusqu’à aujourd’hui, lesquels devraient être versés à la fin de l’année. Heart City n’ayant été créée qu’en mai dernier, les premiers dons aux associations n’ont pas encore été faits, mais le seront en janvier, promet Matt Dajer.
Pionniers
Avec un certain esprit bon enfant, la nouvelle campagne sur les réseaux sociaux de Heart City vise à promouvoir les initiatives caritatives et autres qui profitent à leurs communautés. Un blogue où seront publiés des articles sur toutes ces initiatives, repérés par les ambassadeurs de la marque sur différents campus universitaires en Amérique du Nord, sera bientôt lancé afin de promouvoir et d’encourager plus de projets similaires.
Si l’on avait déjà vu certaines compagnies s’engager à donner une partie de leurs bénéfices à telle où telle cause, comme le projet 1% pour la planète, lancé par Patagonia, un pionnier en la matière, c’est la première fois qu’une compagnie s’engage contre l’itinérance. Loin d’avoir peur que l’idée soit reprise par d’autres, Dajer et Williams disent encourager d’autres jeunes entreprises à les imiter.