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La rentrée des peuples

Mahaut Engérant

Le premier sujet de fierté

Le palmarès du Classement Mondial des Universités QS vient d’être dévoilé, et avec lui la position qu’occupe notre chère Université : 21ème. Le classement de McGill — « 1er sujet de fierté » de notre administration, selon sa page internet — est le même que l’an passé. Score honnête quand on regarde la concurrence que nous font nos voisins du top dix. (MIT, Cambridge et consorts)  On reste évidemment un peu vert que l’Université de Toronto nous passe devant le nez pour la seconde année consécutive (de la 17e à la 20e place) mais on salue avec enthousiasme la cavalcade de l’UdeM, passant de la 92e à la 83e position. Ce jeu de chaises musicales, notre rectrice, Suzanne Fortier, s’en est félicitée comme le veut la tradition, dans une entrevue avec la Gazette : « C’est un véritable exploit, quand on connaît notre situation financière ». Nous pouvons donc conserver nos cartes de visite de l’année dernière. 

Le grand pas vers l’inconnu

L’Écosse sera fixée sur son sort ce jeudi 18 septembre. Après trois siècles sous tutelle anglaise, cette nation décidera si Oui ou Non, elle devrait se séparer du reste du Royaume-Uni.  L’heure est haletante, pleine d’anxiété, comme toujours en ces moments-là. On s’agite en tous sens et chacun brandit l’oriflamme de sa paroisse. François Brousseau, dans Le Devoir de ce lundi,  y voit la preuve « que la question nationaliste au XXIe siècle, même au cœur du monde développé, n’est ni ringarde ni dépassée ». Un autre, Philippe Couillard, semble se satisfaire de son sort. Lorsqu’on l’interroge sur la question, il la détourne avec adresse : « Si les Écossais avaient l’ensemble des juridictions et des pouvoirs que le Québec détient dans la fédération canadienne, ils seraient très heureux. » Nos chroniqueurs aussi ont leur avis. Et sur place, comme ici, ils ont bien voulu le partager.

Réflexion sur les médias

Comme dans toute réflexion sur le contemporain, il serait de bon ton de jouer les tristes sires et de nous plaindre de l’état actuel de notre sphère médiatique. Elle est explosive. Octave Mirbeau, journaliste français du XIXe siècle, déplorait en son temps le triomphe du reporter sur le chroniqueur. Il avait ces mots : « dans la presse, l’élément dit  ‘‘information’’ a fini par envahir l’élément dit ‘‘intellectualité’’. Le reporter, insuffisamment armé pour une besogne qui pourrait être belle et féconde s’il y apportait des facultés d’observation, en chasse, de plus en plus l’écrivain. […] Le potin venimeux remplace l’étude sociale, la littérature et l’art. Le journalisme d’aujourd’hui, ne peut plus servir qu’aux combinaisons inavouables et aux inutiles bavardages ». Si je me laissais aller par cet esprit chagrin je rajouterais même que Le Délit n’est juste bon qu’à servir d’emballage pour les samossas que l’on vend deux dollars les trois au Pavillon Leacock. Heureusement, nous ne sommes pas encore de ces esprits là. Le Délit a toujours une mission sur ce campus et dans cette ville : raconter, décrire, critiquer. Allez donc lire les pages huit et neuf de cette édition, et vous saurez ce par quoi le reporter a été remplacé dans notre joyeux siècle ! Enfin, c’est avec émotion et beaucoup de fierté que le Délit vous présente sa nouvelle section, en page onze. Elle s’appelle « Économie », et elle vous veut du bien. Il s’agira d’expliquer, d’analyser, de comprendre ce qui se trame dans les cerveaux de nos chers confrères de Desautels et des descendants de Stephen Leacock (professeur d’économie, auteur et humoriste bien connu). Suivre leurs parcours, celui de notre province et de la conjecture mondiale, voilà ce qu’il nous sera possible de faire. Écrivez à notre nouvel éditeur, charles.​laly@​mail.​mcgill.​ca, il vous répondra dans l’heure.


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