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Changez l’oppresseur : du politique au pétrole

Opinion

1867. C’EST LA CONFEDERATION. L’union canadienne reçoit enfin une part d’indépendance qu’elle avait demandée. Les Canadiens ne sont cependant pas les seuls à être affectés par la nouvelle unité politique qu’a créée la mère patrie. Les nations autochtones, surtout celles de l’Ouest, en sont les grandes perdantes, et leurs malheurs ne font que commencer. Placés dans des réserves, réduits au statut d’enfant aux yeux de la loi, privés de leurs principales sources de revenus, la situation de ceux qu’on appelle Indiens ou encore Sauvages selon la Loi sur les Indiens de 1876 n’est pas bien plus enviable que celle de leur voisins noirs du sud.

Mais tout ça, c’est du passé bien évidemment. En êtes-vous si sûrs ? Il me semble que les 5exemples démontrant le contraire pullulent. Arrêtons-nous simplement à la situation des Premières Nations d’Alberta. Cette chère Alberta, poumon économique de notre beau pays… Et si cette économie était justement la cause de bien des maux ?

45 Premières Nations, réparties dans 140 réserves vivent sur le territoire de l’Alberta, la grande majorité desquelles se situent dans le Nord de la province, hôte principale de la grande industrie des sables bitumineux. Ces territoires, si on se réfère aux nombreux traités qui ont été signés entre les autorités coloniales et les chefs autochtones au cours des derniers siècles, leur appartiennent. S’ils sont utilisés pour l’exploitation pétrolière, c’est donc nécessairement que les communautés autochtones ont donné leur approbation. Vous y croyez, vous ? Pas moi ! Ça ne m’a pris que quelques appels pour confirmer mon impression.

Au bout du fil, à l’autre bout du pays, Quetzala Carson, graduée d’Études des Premières Nations à l’Université d’Alberta et militante pour les droits autochtones explique comment les consultations se déroulent vraiment. « Ce qu’ils cherchent, c’est une poignée de voix qui portent leur message et une fois qu’ils l’ont, ils partent aussi rapidement que possible […] Il y a une tradition dans la plupart des cultures amérindiennes selon laquelle chaque décision doit être prise en considération des sept prochaines générations. C’est tout sauf pris en considération par le système consultatif ». Plus encore m’explique-t-elle, les communautés ne sont pas seulement exclues du système de consultation, leurs traditions et modes de vie sont aussi décimés par l’exploitation des ressources pétrolières. « Certaines communautés utilisent une plante spécifique pour soigner une maladie spécifique et elles ne peuvent plus la trouver car les compagnies les ont relocalisées sur de nouveaux territoires ».

Bien sûr, beaucoup d’argent de même que des emplois sont offerts aux communautés en dédommagement, mais à cela Quetzala répond : « ils ne demandent pas à nos enfants s’ils veulent se départir de leurs traditions, et de ce sur quoi leur communauté a grandi génération après génération, pour de l’argent à court terme. Ils ne font que demander à ceux qui leur donneront la réponse qu’ils veulent entendre et le reste de la communauté est ignorée, qu’elle se battent ou non ».

Nous parlons ici de l’exemple le plus probant d’infraction aux droits d’une population ; de la situation où les implications sociales de cette immense industrie sont les plus visibles. Mais est-ce réellement le seul ? L’éducation, les relations médiatiques, l’immigration, les services sociaux, tout en Alberta est affecté par cette grande industrie, et pas dans la plus positive des manières. Je m’arrêterai ici, car je pourrais vous en écrire un livre entier, mais posez-vous un instant en prenez le temps d’y réfléchir. Prenez quelques instants pour vous demander si c’est vraiment ce pétrole, sale autant environnementalement que socialement, que vous voulez voir arriver jusqu’ici à travers une pipeline dont la sécurité laisse à désirer.


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