Aller au contenu

Énergie au Québec : nécessité ou mascarade ?

Brève / Québec

L’organisme Alliance Romaine s’insurge contre un projet jugé anti-écologique et « économiquement perdant ». C’est ce qu’on lit sur leur page Facebook, où ils ont annoncé la manifestation qu’ils ont organisée avec pour nom « Opération éléphant blanc ». L’expression, qui désigne une entreprise d’envergure, mais plus coûteuse que bénéfique, est utilisée pour dénoncer l’ambition d’Hydro-Québec de construire un complexe hydroélectrique sur la Romaine, rivière située sur la Côte-Nord du Québec. Les protestataires se sont rendus tous les jours de la semaine dernière déguisés en éléphants blancs devant les bureaux de la compagnie sur le boulevard René-Lévesque. La pertinence du projet est par ailleurs largement remise en question depuis ses débuts.

La centrale, composée de quatre barrages, permettrait de produire une puissance totale de 1550 mégawatts et coûterait environ huit milliards de dollars. Cependant, Hydro-Québec produirait déjà un surplus d’électricité. Cette énergie supplémentaire ne trouverait sûrement pas d’acheteur, et finirait par être vendue à perte à des alumineries canadiennes ou bien aux États-Unis. Si la société d’État emploie une telle stratégie, selon les partisans du projet, c’est parce qu’elle prévoit une future hausse de la demande et du prix de l’électricité. « L’économie reprendra, […] un marché se créera à moyen et long terme pour l’hydroélectricité produite par des projets comme la Romaine », estime Pierre-Olivier Pineau, professeur spécialisé en politiques énergétiques à HEC Montréal, dans un article de La Presse.

Les opposants au complexe, dont Alliance Romaine, voient plutôt une manipulation des lobbys industriels qui bénéficieraient de tarifs préférentiels. « Ça fait l’affaire des compagnies de la construction, connues partout au Québec pour leur honnêteté », confie avec ironie Christopher Scott, porte-parole d’Alliance Romaine, lors d’une entrevue avec Le Délit. D’après les militants, une telle entreprise n’est pas économiquement viable et sera injustement financée par les abonnés québécois. Ils suspectent la décision d’Hydro-Québec d’augmenter le prix de l’électricité de 5,8% à partir du 1er avril comme un moyen de financer le projet de la Romaine. De plus, cela ne peut que nuire à l’environnement et aux communautés autochtones de la région, dit-il.

Alliance Romaine prévoit par ailleurs, jeudi 6 février à 11h30, d’organiser une manifestation plus large que d’habitude, durant laquelle ils prétendront quêter de l’argent pour financer la construction du complexe hydroélectrique. Ce « genre de guignolée » visera à tourner en dérision l’absurdité du projet et son coût exorbitant.


Articles en lien