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Et Après ?

Sommet sur l’enseignement supérieur : récapitulatif

Le Sommet sur l’enseignement supérieur s’est tenu il y a deux semaine, un an après le début du Printemps érable, qui a vu le Parti Québécois (PQ) remplacer le gouvernement libéral de Jean Charest à la tête de l’État québécois.

Les réactions devant un tel événement ont été pour le moins variées. Selon le communiqué de presse publié sur le site Internet du Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie (MERST), l’événement a produit des « résultats concrets », permettant au Québec de « s’engager vers une société de savoir » : y étaient listées tour à tour les décisions prises par le gouvernement lors du Sommet, suivi par les cinq chantiers de travail qui vont être mis en place cette année. Du côté des recteurs des universités, les bilans dressés sont mitigés ; alors que Robert Proulx, recteur de l’UQAM, perçoit les résultats du Sommet comme « assez positifs », se concentrant entre autres sur l’utilité des chantiers annoncés et les bienfaits des discussions qui ont eu lieu entre les différents acteurs, d’autres proviseurs, comme Heather Munroe-Blum, principale de l’Université McGill, buttent sur les coupures annoncées par Québec en décembre dernier. À la sortie du Sommet, celle-ci n’a pas cessé de répéter que le sous-financement des universités jumelé avec les coupes budgétaires québécoises va avoir un impact désastreux sur le milieu de l’enseignement, indiquant dans le cas de McGill que « nous allons devoir prendre des décisions très difficiles ».

Du côté de l’opposition, François Legault, chef de Coalition Avenir Québec (CAQ), arrivée troisième à la dernière élection provinciale, déplore que les discussions du Sommet aient laissé de côté la question de la qualité de l’enseignement au profit de celle des frais de scolarité. Françoise David, porte-parole de Québec solidaire (QS), autre parti de l’opposition, a quant à elle une autre opinion à offrir. En entrevue avec Le Délit, elle admet que, concernant l’indexation des frais de scolarité, « les étudiants n’ont pas gagné, je n’ai pas gagné ». Elle ajoute néanmoins que  « les étudiants ont gagné sur d’autres terrains », citant entre autres la tenue même du Sommet, le fait que les recteurs aient été obligés de rendre des comptes, « ce qu’ils ne faisaient jamais », ou l’embauche de mille professeurs dans les années qui suivent. « Tout ça, c’est grâce aux étudiants ; il n’y aurait pas eu le Printemps érable, il n’y aurait pas eu ce Sommet, aucun engagement [n’aurait été] pris par le gouvernement du Québec. »

En imposant l’indexation des frais de scolarité, le gouvernement a donné l’impression d’avoir tenu tête face aux associations étudiantes. Tout au long de la période avant-Sommet, Québec ne s’est pas privé de mentionner que l’indexation était l’option privilégiée de la majorité des Québécois, selon un sondage de Léger-Marketing-Le Devoir-The Gazette.

Les associations étudiantes, elles, ont perdu leur bataille principale. En effet, l’indexation de trois pourcents décidée à la suite du Sommet, va à l’encontre de leur demande de maintenir le gel des frais de scolarité. Néanmoins, elles ne sont pas reparties « les mains vides », comme l’a affirmé Martine Desjardins à la sortie du Sommet : le gouvernement a accepté d’incorporer la question des frais afférents dans le chantier portant sur le financement des universités.

Jusqu’ici, la présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) avait qualifié ces frais « d’aberrations », ajoutant que les établissements d’enseignement supérieur avaient contourné le gel des frais de scolarité imposé en 1994 en faisant augmenter ces frais-là. Elle a affirmé que dans certains cas, ces derniers ont augmenté de « plus de 600% ces dix dernières années », déclarant même d’un air incrédule : « Dans certaines universités ces frais peuvent atteindre jusqu’à 900 dollars ». McGill fait partie de ces institutions-là : pendant l’année 2009-10, un étudiant inscrit à temps plein au baccalauréat payait 993 dollars en frais institutionnels obligatoires, alors que la moyenne à cette période était de 589,62 dollars. Ces données proviennent d’un rapport de la FEUQ portant sur l’encadrement des frais afférents publié en 2009. Ce que les associations étudiantes veulent, c’est que ces montants ne soient pas subis eux aussi à l’indexation de 3%.

L’inclusion de cette question dans un chantier ne garantit cependant absolument rien, puisque les recteurs auront leur mot à dire eux aussi, de plus qu’elle n’empêche pas l’indexation des frais afférents pour la rentrée d’automne 2013. Comme pour tous les autres chantiers qui vont être mis en place, il est très difficile de prévoir les résultats sur lesquels ces chantiers vont déboucher.

En attendant, la question que tout le monde se pose concerne la réponse des étudiants à la décision de l’indexation. Martine Desjardins a affirmé à la suite du Sommet que les associations étudiantes membres de la FEUQ allaient être consultées afin de décider comment celles-ci comptent se positionner par rapport à un mouvement de grève étudiante éventuel. Il semble cependant clair que la décision d’indexer les frais de 3% ne rassemblera pas autant de monde que la hausse décrétée par Jean Charest en mars 2011. Coup stratégique du Parti Québécois ?


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