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Beaucoup d’Amour

Michael Haneke revient avec un drame poignant.

Après une Palme d’or à Cannes cet été, le nouveau film de Michael Haneke a été prisé par la critique américaine au cours des récents Golden Globes, où il a remporté le titre de meilleur film étranger. Michael Haneke, réalisateur autrichien, est un habitué des récompenses les plus prestigieuses de l’industrie du cinéma. Son nouveau film, le très acclamé Amour, est une production franco-germano-autrichienne mettant en vedette des acteurs français. Il est sorti sur les écrans montréalais la semaine dernière.
Ce huis clos se déroule dans un appartement parisien et se concentre sur la vie quotidienne d’un couple – deux professeurs de musique à la retraite, Anne (Emmanuelle Riva) et Georges (Jean-Louis Trintignant). Leur appartement est à leur image : un piano à queue dans le salon, des étagères couvertes de livres et, de leur fenêtre, une vue en plongée sur une rue bruyante. Ils ont accompli leurs devoirs, à la fois comme parents et professeurs ; ils ont transmis leurs connaissances et fait partager leur passion, en particulier à un ancien élève d’Anne qui, devenu pianiste reconnu, rend souvent visite au couple. Leur fille, Eva (Isabelle Huppert), est mariée, vit à Londres et semble avoir une vie comblée.
Pendant toute la durée du film, on suit la vie du couple. Comme dans bien d’autres des films de Haneke, la temporalité est floue ; les jours, les heures et les moments se succèdent chronologiquement mais sans ordre véritable ; le réalisateur, en développant cet espace spatio-temporel si peu conventionnel, réussit à dérouter le spectateur qui s’immerge ainsi totalement dans l’intimité d’Anne et Georges. Les visites d’Eva et du musicien sont comme des bouffées d’air frais, à la fois pour le couple et pour le spectateur.
Anne et Georges s’aiment et ont passé la majeure partie de leur vie ensemble. Cependant, dès la troisième scène, on se rend compte que leur intimité et leur quotidien sont instables. Entre les tensions accumulées au cours de leur vie et la maladie d’Anne, nous sommes témoins de moments de tendresse et de complicité entre eux ; des instants d’une justesse émotionnelle rare.
Amour échappe aux clichés des septuagénaires toniques et modernes véhiculés par Hollywood. Le film n’est ni une caricature, ni un documentaire, et encore moins un exposé philosophique. Amour raconte avant tout une histoire ; il présente les faits plus qu’il ne les analyse. Malgré certaines scènes qui ont tendance à sortir un peu de l’axe stylistique du film, l’ensemble est une réussite et met en lumière des personnages et des situations que la culture populaire néglige ou déforme trop souvent.
Haneke propose avec Amour une approche stylistique novatrice, à contre-courant des tendances cinématographiques contemporaines.


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