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Un début d’année (encore) sous tension

MUNACA accuse McGill de ne pas respecter la loi 100

Le 20 juin, après six mois de grève, MUNACA et McGill s’accordaient enfin sur la signature d’une convention collective. La trêve des hostilités n’aura pas duré longtemps, alors que l’Université McGill annonçait quelque jours plus tard que 100 postes seraient libérés par un processus d’attrition – autrement dit en ne remplaçant pas un employé de support sur deux quittant leur poste ou partant à la retraite. McGill expliquait ces coupures en disant vouloir respecter le projet de loi 100. 

Le projet de loi, avancé par Raymond Bachand, ministre des Finances sous le gouvernement Charest, et adopté par l’assemblée nationale en Juin 2010, vise « le retour à l’équilibre budgétaire en 2013–2014 et la réduction de la dette ». 

Dans cette optique, le gouvernement demande entre autres aux différents organismes gouvernementaux, des réseaux de santé, de service sociaux et d’éducation, ainsi qu’aux universités de réduire les « effectifs de leur personnel d’encadrement et de leur personnel administratif en privilégiant l’attrition ». Le projet de Loi fournit également une échelle à suivre pour majorer les salaires du personnel de direction et d’encadrement – 0.5% pour la période 1er avril 2010 au 31 mars 2011 – et ne permet aucune « rémunération additionnelle fondée sur le rendement ». 

Dans un communiqué publié sur leur site web le 29 août, MUNACA accuse l’Université McGill de ne pas se conformer réellement au projet de loi 100. David Kalant, vice-président des finances à MUNACA affirme qu’ « il y a des dispositions dans la loi que McGill ne semble pas respecter ». « McGill applique la Loi et coupe dans le personnel des employés de support, mais n’applique pas la loi de la même façon aux postes administratifs ».
Des documents obtenus par MUNACA listant les « salaires, primes, et dépenses voyages (des hauts membres de l’administration) pour 2009, 2010, and 2011 », montrent des augmentations de salaires allant jusqu’à près de 9% ainsi que des primes allant jusqu’a 33%.

De son côté, Lyne Gervais, Vice-Présidente Associée aux Ressources Humaines, assure que McGill respecte le projet de Loi 100. Gervais affirme que l’article 8 du projet de loi permet aux organisations de payer ses membres exécutifs et managériels une « progression dans une échelle de traitement lorsque celle-ci dépend d’une évaluation du rendement, non plus que le versement d’une rémunération additionnelle fondée sur le rendement pour un exercice ayant débuté au plus tard en 2009 ». 

Dû au fait que les membres exécutifs et managériaux reçoivent des augmentations de salaires basées sur un système de mérite et non pas automatiquement et que l’évaluation pour la première période couverte par le projet de loi 100 se soit faite en 2009, Gervais affirme que l’Université est en harmonie avec la loi.
De plus, par rapport aux allégations de versement de primes, interdites sous le projet de loi 100, McGill affirme qu’il s’agit plutôt de « compensations monétaires n’étant incluses dans le salaire de base », incluant des assurances-vie, des allocations de transport ou habitation, etc.

MUNACA a envoyé une lettre à l’ancienne ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS), Michelle Courchesne, « afin de lui faire connaître la situation (…) et lui demander pourquoi la Loi n’est pas appliquée ». Aux dernières nouvelles le ministère n’a pas répondu, et le changement de cabinet ministériel suite aux élections du 4 septembre risque de retarder une fois de plus toute réponse. 

La porte-parole du MELS, Esther Chouinard, explique qu’en ce moment les employés administratifs du MELS sont « entre deux chaises » et par le fait même qu’aucune décision ne peut être prise dans le dossier. Même son de cloche du côté du conseil du trésor, qui serrait en charge de s’assurer que la Loi est appliquée. « Tant que le nouveau cabinet n’est pas assermenté, nous sommes un peu dans le noir » explique Clément Falardeau, relationniste au secrétariat du Conseil du Trésor. « C’est au nouveau gouvernement de prendre connaissance des dossier et de décider par la suite quoi en faire en fonction de leur orientation ».

Si une diminution dans les effectifs de travail pourrait laisser présager une tâche de travail plus lourde pour les employés de support demeurant en poste, McGill assure que l’exercice vise simplement à « éliminer des tâches non nécessaires et de se concentrer sur le travail qui doit être fait pour atteindre les objectifs et priorités de l’Université ». Malgré le fossé salarial qui se creuse, Olivier Marcil pense que le statut d’Université d’excellence repose entre autre sur le fait de pouvoir « amener les administrateurs qui sont de la plus grande qualité possible et c’est sûr que les questions salariales font partie d’un avantage compétitif ». Mais, toujours selon Marcil ceci ne devrait pas être un obstacle pour un rapport positif entre les différentes parties de l’Université. « J’ose espérer que dans le dialogue avec les employés, les étudiants et le professeurs, il n’y a pas de questions salariales qui viennent interférer. Il faut qu’on travaille sur ce qui nous assemble ».


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