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Triste fin de soirée électorale

Un homme ouvre le feu au Metropolis le soir des élections

Alors que plus de 2 000 partisans du Parti Québécois (PQ) étaient rassemblés au Métropolis – théâtre situé sur la rue Ste-Catherine – pour écouter le discours de victoire de Pauline Marois, les spectateurs et téléspectateurs ont soudainement vu la nouvelle première ministre disparaître de la scène, empoignée par deux gardes du corps. On a appris un peu plus tard, après le retour de Mme Marois sur scène, qu’un homme armé avait tenté de pénétrer dans le théâtre, avait tué un homme et gravement blessé un autre individu avant de mettre le feu à l’arrière de la bâtisse, par où Mme Marois étai censée sortir. La salle a alors était évacuée dans le calme et l’ordre.

Richard Henry Bain, 61 ans, s’est déplacé depuis sa résidence dans les Laurentides jusqu’à Montréal avec, dans sa fourgonnette, cinq des vingt-deux armes qu’il possédait. Il avait l’intention d’attaquer les militants péquistes et membres du nouveau gouvernement, mais il n’a pas pu se rendre plus loin que l’arrière-scène du théâtre. Rapidement maitrisé par la Sûreté du Québec, l’homme a crié à la foule : « les anglais se réveillent, payback day is coming », alors qu’on le menait vers la voiture de police

Depuis plusieurs mois, les tensions au sein de la province de Québec ont monté d’un cran en raison du conflit étudiant et, plus récemment, de l’annonce du premier ministre sortant, Jean Charest, de lancer la campagne électorale. L’attentat qui a mis fin à la soirée électorale laisse chez les Québécois un sentiment de tristesse. Il semble aussi démontrer une augmentation de tensions déjà existantes. Par le passé, la quête d’une identité nationale québécoise avait créé de graves différends entre les francophones et les anglophones, mais l’élection il y a de cela 12 ans du Parti Libéral [parti fédéraliste, ndlr] les avait apaisés, si ce n’est éteints. Il semble que l’arrivée au pouvoir d’un parti souverainiste ait ravivé ce qui avait été oublié.

Y aura-t-il réellement une modification des relations entre anglophones et francophones au Québec, et particulièrement à Montréal ? Rien ne semble l’indiquer jusqu’à présent, mais il est grand temps que nous commencions à discuter de ces enjeux de société. Comme l’a dit Nicolas Lévesque, philosophe, psychologue et psychanalyste, en entrevue avec le Devoir : « le psy qui parle en moi est certain que le délire de cet homme n’aurait pas pris cette forme-là si le Québec était une société où on pouvait vraiment discuter ». Avec l’élection d’un Parti Québécois minoritaire et la volonté de ce parti de renforcer l’application de la loi 101 et d’abolir les écoles passerelles, il semblerait que nous ayons besoin d’une vraie discussion de famille comme nous n’en avons pas eu depuis le dernier référendum, en 1995.

Nous pourrons sûrement voir les premières réelles répercussions de cette élection et de l’attentat dans les prochaines semaines, avec la reprise de la session parlementaire et l’apport de différents projets de loi et amendements à la Chambre Bleue. Ce sera donc un dossier à suivre activement, car il promet d’intéressants développements


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