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Tout n’est pas nickel au Québec

Trou Story dresse un portrait peu flatteur de l’industrie minière.

Gracieuseté de l’Office national du film

Richard Desjardins et Robert Monderie dressent un portrait peu flatteur de l’industrie minière dans leur dernier documentaire Trou Story. Les réalisateurs de L’Erreur boréale et Le Peuple invisible ne s’attaquent cependant pas qu’aux compagnies minières, ils ciblent aussi le gouvernement québécois.

Gracieuseté de l’Office national du film

La première scène nous plonge directement au cœur du sujet. La caméra s’avance tranquillement dans une mine au rythme de la narration de Richard Desjardins : « Vous ne connaissez rien des mines ? Normal. Les mines ne parlent pas beaucoup. Surtout pas de leur histoire…» Trou Story est un exposé historique teinté d’humour et de jeux de mots qui allègent la teneur pamphlétaire du documentaire. À coups d’archives et d’entretiens, The Hole Story (titre anglais du documentaire) examine l’exploitation minière, des armes de guerres aux électroménagers, jusqu’à la mécanisation de l’industrie.

Trou Story révèle ce que nous savons déjà : seul le profit  importe, au diable la santé des travailleurs et la préservation de l’environnement ! Les normes de contamination n’ont pas été renouvelées depuis trente ans. Les audiences publiques perdent leur pertinence alors que tout un quartier de Malartic est déjà exproprié pour permettre l’exploitation. Des images panoramiques prises en survol étalent l’ampleur des conséquences sur la faune et la flore.

Trou Story plaide contre le laxisme du gouvernement du Québec, qui favorise les revenus des entreprises minières au détriment d’acquis sociaux nécessaires pour ses couches populaires. « Le fiduciaire, le gérant » de l’avenir québécois ne verrait pas plus loin que le bout de son nez, ne s’enquiert pas des dégâts de ces exploitations excessives ; mais « quand on ne cherche pas, on ne trouve pas » ! La bêtise du gouvernement est sa prostitution sans redevances (5% à 10% d’impôt sur le revenu des compagnies minières). Les lois inchangées depuis belle lurette permettent aux compagnies minières de ne payer des impôts que sur des bâtiments, mais pas sur les routes qu’ils empruntent et qu’il faudra reconstruire, les trous creusés qu’il faudra remplir, l’environnement détruit qui est perdu à jamais… Le documentaire soulève le paradoxe d’acheter deux, trois fois la valeur des produits faits ailleurs avec les minerais brut tirés du sous-sol québécois, alors qu’on pourrait produire et développer la richesse ici. Le message de Richard Desjardins et de Robert Monderie : il faut changer le modèle de développement québécois, que ce soit concernant les forêts, le gaz ou les mines.

Le documentaire a froissé et froissera de nombreuses personnes, surtout ceux qui préfèreraient être plus discrets. À l’heure où le Plan Nord semble être le legs du gouvernement québécois, les réalisateurs espèrent sensibiliser la population sur la situation pour qu’elle réclame que la richesse générée par le sous-sol québécois profite davantage à l’ensemble de la collectivité. Trou Story se clôt sur la fameuse phrase de Jean Lesage : « Il est temps d’être maîtres chez nous ». Souhaitons-lui un impact explosif !


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