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Franchir le pas

Concordia se dote d’un nouveau service pour les victimes d’agressions sexuelles.

En vue des problèmes de harcèlement et d’agressions sexuelles que subissent les étudiants, les membres de l’Union des étudiants de Concordia ont voté il y a deux semaines pour la création d’un centre spécialisé dans le conseil et l’aide aux victimes.

L’Union révèle qu’en moyenne, au moins une jeune femme sur six a été victime d’agression sexuelle durant ses années universitaires.

« Concordia n’a pas encore de politique qui s’adresse de manière spécifique et efficace au problème d’abus sexuel » a déclaré Laura Ellyn, de l’Association des étudiants de Concordia pour une communauté universitaire plus sûre (Concordians for a Safer University Community).

Les règlements de l’université ne soulignent pas présentement la différence fondamentale qui existe entre une agression sexuelle et le harcèlement sexuel.

« Cela représente un problème de fond, étant donné que sans l’existence d’une distinction légale entre les deux crimes, il nous est impossible de mettre en évidence le nombre d’agressions qui ont lieu chaque année à Concordia » ajoute-t-elle.

Le centre est une initiative d’un groupe d’étudiants souhaitant promouvoir l’égalité des sexes : le 2110 Centre for Gender Advocacy. Il devrait être financé dans les mois à venir par l’administration de Concordia.

Il va également permettre à des étudiants comme Sofia B., victime d’agression sexuelle par l’un de ses professeurs de langues il y a trois ans, de témoigner. « Je devais travailler avec l’un de mes professeurs sur un projet » dit-elle. « Il a fermé la porte de son bureau, ce que les professeurs ne font généralement pas, mais ce n’est que lorsqu’il s’est approché de moi et qu’il m’a touché la cuisse et caressé la main que j’ai compris ce qui se passait. Tétanisée, je suis restée sans voix et incapable de bouger. Je n’ai ensuite pas su à qui m’adresser. J’ai voulu porter plainte mais il m’a fait comprendre que je détruirais sa carrière et sa vie de famille. Je suis rassurée de voir que Concordia commence enfin à prendre ce sujet au sérieux, afin que d’autres victimes aient tous les moyens nécessaires pour exprimer leur trauma et dénoncer leur agresseur. »

La plupart des étudiants de Concordia interrogés n’étaient pas au courant de cette initiative. « Je n’arrive pas à croire que Concordia n’ait pas de réelle politique face à ce genre de problème » s’indigne Amina Farhat, étudiante de deuxième année en finances à l’école de gestion John-Molson.

« Le centre sera financé par Concordia, c’est-à-dire par nous, les étudiants », souligne David Van Werthe, en dernière année de génie mécanique, « pour une fois, j’aurai l’impression que l’argent que je donne à Concordia et à ses associations sera utile à quelque chose ! »

De son côté, l’Université McGill a déjà son propre centre depuis 1991 : le SACOMSS (Sexual Assault Centre of the McGill Students’ Society), a été créé à la suite d’une affaire de viol au sein de la fraternité Zeta Psi en 1988.


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