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Minés : creuser la mémoire

Minés est une pièce étudiante qui aborde avec candeur la notion complexe de la mémoire.

Crédit photo: Solène Pare

Si la mémoire était représentée physiquement, à quoi ressemblerait-t-elle ? Minés, une pièce écrite par Solène Paré et mise en scène par elle-même et Josianne Dulong-Savignac, tente de répondre à cette question. L’œuvre cherche à créer une mémoire physique, située dans l’espace, qui conceptualise ainsi de manière concrète l’interaction de l’humain avec sa conscience, ses souvenirs, sa mémoire.

Crédit photo : Solène Pare
Minés suit les aventures d’Oscar, un mineur colombien récemment arrivé a Montréal. Oscar est un garçon intelligent et éduqué qui est embauché comme serveur. Les souvenirs d’Oscar se dévoilent peu à peu au cours de la pièce, aux côtés de ses collègues. Pour représenter l’interaction entre l’animalité, le physique humain et la conscience, Madame Paré a choisi d’utiliser de la terre noire. Solène Paré et Josianne Dulong-Savignac expliquent que la terre sert d’équivalent à la mémoire. Ainsi, une terre vierge représenterait une mémoire vierge. L’histoire humaine transforme la conscience comme les tracés physiques transforment la terre. Dans Minés, la terre représente non seulement le début du physique humain, mais aussi les racines de la conscience.

Les metteuses en scène soulignent l’importance du thème de la mémoire et de la terre en soi comme points de départ de l’œuvre. La mine permet d’explorer davantage le parallèle entre la terre et la mémoire en représentant physiquement des processus intangibles, comme creuser et s’enfouir dans sa mémoire. L’interaction avec la terre suit de ce fait l’évolution de la conscience et des souvenirs ressurgissant, à mesure que les comédiens deviennent de plus en plus salis par la terre.

Mesdames Paré et Dulong-Savignac ont choisi d’utiliser une scénographie minimaliste pour isoler les éléments simples et bruts de l’humain et de sa relation avec la mémoire et la conscience. Le groupe Créature, qui présente la production, a choisi comme lieu le Théâtre Mainline, choix qui, en soi, a influencé le processus créatif. La scène, dont trois côtés font face au public, a inspiré la construction des images théâtrales ; transformée en arène de terre, elle devient l’élément central. Outre la terre, seulement quelques accessoires, une chaise et un téléphone, sont visibles. Les metteuses en scène souhaitent de ce fait mettre l’accent sur la scénographie plutôt que le décor. Les costumes et l’éclairage reflètent cette sobriété, insistant sur l’interaction du corps des acteurs sous la lumière et avec la terre.

La pièce a été produite par deux étudiantes de deuxième année à l’École supérieure de théâtre de l’UQAM sous la direction artistique de Solène Paré et Josianne Dulong-Savignac. La distribution est partagée entre quatre étudiants, recrutés à l’université et par entrevues, ainsi qu’un un acteur professionnel (Miguel Doucet, dans le rôle du père d’Oscar).


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